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(Expression mentionnée dans le Tableau du système des connaissances figurant à la fin du Prospectus relié en tête du tome 1 de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, 1751, . Bibl.Nat., Paris in F. Moureau, Le roman vrai de l'Encyclopédie, Découvertes Gallimard, 1990, p.61) . Fac-simile ici.
Des poèmes français et des chansons, en grand nombre, s'appuient, avec plus ou moins de rigueur,
sur les règles de la versification.
On a dit qu'elles sont une entrave
à la création, on a aussi prétendu qu'elles poussent le
poète à une recherche plus rigoureuse.
Sans trancher le débat,
- l'art est-il autre chose qu'une technique magnifiée par le talent
? - voici quelques outils pour s'exprimer en vers mais aussi pour apprécier
ceux des autres.
Vous trouverez ailleurs une proposition pour observer un texte poétique de façon moins technique, plus globale : poésie / chanson
Une réflexion de Paul Valéry sur les règles de versification.
"Le vers est un fragment d'énoncé formant une unité rythmique définie par des règles concernant la quantité, l'accentuation ou le nombre de syllabes." (Robert).
Pour calculer ce nombre, il faut prendre en compte toutes les syllabes
sauf
(chan-te-rai-ent compte dont quatre syllabes à l'intérieur d'un vers mais trois en finale.)
Lorsqu'il compte douze syllabes, le vers s'appelle alexandrin , dans les autres cas on dit : vers de trois syllabes, huit syllabes (ou octosyllabes), etc.
Des vers de mesures différentes peuvent coexister dans un
même poème, dans une même strophe. Si la structure
se répète ils sont appelés réguliers.
Parfois ils ne suivent aucune règle d'alternance, on les
appelle vers libres.
Note : en français on ne doit pas parler du nombre de pieds mais des syllabes d'un vers.
Certains procédés largement exploités, par les chanteurs surtout, permettent d'assouplir la règle. Ces procédés qui altèrent le mot par adjonction, suppression ou inversion de sons ou de lettres sont appelés des métaplasmes.
suppression de l'initiale d'un mot : |
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suppression d'une partie intérieure du mot : |
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suppression du e muet final d'un mot : |
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suppression de la partie finale d'un mot : |
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dissociation des éléments d'une diphtongue : |
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déplacement de lettres ou de sons : |
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prononciation groupant en une seule syllabe deux voyelles contiguës d'un même mot :(en grammaire grecque, on dit crase) |
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Ces procédés sont
présentés de façon plus détaillée
dans la partie Figures
de style |
Essentiel, le rythme du vers résulte du "retour à intervalles sensiblement égaux des temps marqués ou accents rythmiques." (H. Grammont). Ces accents tombent sur les finales (non muettes) de groupes de syllabes.
Entre ces groupes, se trouvent des coupes, les césures. Elles sont toujours placées après la fin d'un mot important imposant un arrêt du sens et de la voix. Il y a donc césure à la rime.
Dans l'alexandrin la césure 6/6 divise le vers en deux hémistiches;
C'est en vain qu'au Parnasse // un téméraire auteur Pense de l'art des vers // atteindre la hauteur...
d'autres coupures donnent d'heureux résultats :
Il vit un oeil // tout grand ouvert // dans les ténèbres... (4/4/4) Horloge, // dieu sinistre, // effrayant, // impassible... (3/3/3/3)
L' hiatus est la rencontre de la voyelle finale d'un mot et de la voyelle initiale du mot suivant; c'est l'oreille qui juge s'il est acceptable.
On parle d'enjambement lorsque le sens d'un vers déborde partiellement sur le suivant, voire sur la strophe suivante, sans le remplir; il se justifie dans le cas d'effets spéciaux (suspense, réticence, malaise...)
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme [...] (A. Rimbaud)
La strophe est un sous-ensemble le plus souvent cohérent, l'équivalent d'un paragraphe, groupant plusieurs vers. Habituellement elle est précédée et suivie d'un interligne plus large. La disposition des rimes et la mesure des vers assurent sa cohésion.
On distingue les couplets (variables) et le refrain (répété).
La strophe est appelée isométrique lorsqu'elle comporte des vers de même mesure, hétérométrique dans les autres cas.
On la nomme distique (2 vers), tercet (3 vers), quatrain , quintil , sizain, septain, huitain, neuvain, dizain, onzain, douzain.
Les rimes sont qualifiées par leur qualité, leur genre et leur disposition.
On appelle assonance ou rime pauvre la répétition du dernier élément vocalique accentué. maman / espérance.
Et rime la similitude de l'ensemble voyelle et consonnes draperie / tromperie
(Il faut tenir compte de la longueur des phonèmes, ainsi patte et pâte ne riment pas.).
La rime est dite suffisante, lorsque deux éléments phonétiques seulement sont identiques. dehors / efforts
La rime est riche lorsque la similitude repose sur trois phonèmes consécutifs échine / machine.
Des vers holorimes se prononcent de la même façon tout en offrant des sens différents
Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime,
Galamment de l'arène à la Tour Magne à Nîmes.
M. Monnier (1829-1885) ce distique est souvent attribué à V. Hugo. |
Deux sites pour en savoir davantage sur les holorimes :ac. poitiers
La rime féminine présente un e muet après l'élément vocalique (navire, j'invite), la rime masculine n'en comporte pas (nous invitons, amitié).
La règle d'alternance rimes masculines et rimes féminines a longtemps prévalu.
On trouve plusieurs façons de disposer les rimes :
rimes |
AAAA |
Roland frappe sur une pierre bise Il en abat plus que je ne sais vous dire L'épée grince, elle n'éclate ni ne brise Vers le ciel en haut, elle rebondit. (Chanson de Roland) |
rimes plates |
AABB |
Faire un travail exquis, plein de crainte et de charme, Faire une perle d’une larme: Du poète ici-bas voilà la passion, Voilà son bien, sa vie et son ambition. (A.de Musset) |
rimes croisées |
ABAB |
C’est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D’argent; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons. (A. Rimbaud) |
rimes embrassées |
ABBA |
Je suis venu calme orphelin, Riche de mes seuls yeux tranquilles, Vers les hommes des grandes villes: Ils ne m’ont pas trouvé malin. (P. Verlaine) |
rimes redoublées |
AAABBB |
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux (L.Aragon) |
rimes mêlées |
ordre indéterminé |
Un rat des plus petits voyait un éléphant |
rimes enchaînées |
la rime est répétée au début
du vers suivant |
Je suis le roi des fourmis Misanthrope et petit Tyrannique et gentil Pas d'impôts sur la vie Vision d'un paradis Dix mille sont mes petits (M. Polnareff) |
rime batelée ou serpentine |
la rime revient à l'hémistiche du vers
suivant |
Le songe se dévide avec une paresse |
Ballade : Elle présente deux variantes :
L' Envoi (dernière strophe) doit commencer par un vocatif et ses rimes sont semblables à celles de la seconde moitié des strophes précédentes.
Lai : poème composé sur deux rimes; deux vers de cinq syllabes sont suivis d'un vers de deux syllabes (AAB AAB ...)
Rondeau : pièce de treize vers de huit ou dix syllabes AABBA AAB AABBA. Les premiers mots du rondeau sont repris aux vers 8 et 13 .
Rondel : Deux quatrains et un quintil sont construits sur deux rimes. Les vers 1 et 2 sont un refrain qu'on retrouve en 7 et 8; le vers 1 est repris au dernier vers.
Sonnet : Deux quatrains suivis de deux tercets (ABBA ABBA CCD EDE). Dans sa forme classique, il se compose d'alexandrins à rimes riches et ne tolère aucune répétition de mots (sauf les mots-outils). Le sens doit être complet ou du moins suspendu à la fin de chaque strophe. Le dernier vers ( chute ), bien préparé, doit apparaître comme le sommet du poème.
Un exemple ?
Poème d’origine japonaise le haïku a été popularisé assez récemment dans la culture
occidentale. Bien que très bref, le haïku respecte des règles
strictes de composition .
Un haïku classique est composé de 17 syllabes. […]. Les syllabes
se divisent alors comme suit : 5 syllabes dans le premier vers, 7 syllabes dans
le deuxième vers et 5 syllabes dans le troisième vers.
De plus, le haïku doit suggérer une saison, directement ou par une
image. Le poète, en créant son haïku, tente de saisir un
moment du quotidien. Le poète ne parle pas de ses sentiments, mais cherche
à éveiller une sensibilité devant une image presque banale.
La syntaxe doit être simple. Rares sont les haïkus qui contiennent
des déterminants définis ou indéfinis ou encore des pronoms
personnels.(La
bibliothèque virtuelle d'Allô prof, 30/12/2011)
Le site HAÏKU sans frontières est consacré à ce genre poétique ainsi qu'à d'autres poèmes japonisants.
L'acrostiche est une pièce dont chaque vers commence par une des lettres du mot qui en fait le sujet. Ce mot peut donc être lu verticalement.
Le site acrostiche.org se consacre exclusivement à cette forme poétique.
On trouve de nombreuses autres formes poétiques comme, par exemple : le triolet, la villanelle, le pantoum, la fable, la satire, les odes, le madrigal, les stances.
Si rigoureuses que soient les lois de la versification française, les poètes authentiques se sont depuis toujours autorisés à les transgresser en vertu de ce qu'on a joliment appelé licence poétique.
Mise à jour : 07.04.2024