BERLIOZ Hector 

  1803 - 1869

 








 Dies Irae de la 

Symphonie fantastique

 

PROGRAMME DE LA SYMPHONIE FANTASTIQUE 

 

"Un jeune musicien d'une sensibilité maladive et d'une imagination ardente, s'empoisonne avec de l'opium dans un accès de désespoir amoureux. La dose de narcotique, trop faible pour lui donner la mort, le plonge dans un lourd sommeil accompagné des plus étranges visions, pendant lequel ses sensations, ses sentiments, ses souvenirs se traduisent dans son cerveau malade, en pensées et en images musicales. La femme aimée, elle-même, est devenue pour lui une mélodie et comme une idée fixe qu'il retrouve et qu'il entend partout.

1ère PARTIE : REVERIES - PASSIONS
Il se rappelle d'abord ce malaise de l'âme, ce vague des passions, ces mélancolies, ces joies sans sujet qu'il éprouva avant d'avoir vu celle qu'il aime; puis l'amour volcanique qu'elle lui inspira subitement, ses délirantes angoisses, ses jalouses fureurs, ses retours de tendresse, ses consolations religieuses.

2e PARTIE : UN BAL
Il retrouve l'aimée dans un bal au milieu d'une fête brillante.

3e PARTIE : SCÈNE AUX CHAMPS
Un soir d'été à la campagne, il entend deux pâtres qui dialoguent un Ranz des vaches; ce duo pastoral, le lieu de la scène, le léger bruissement des arbres doucement agités par le vent, quelques motifs d'espoir qu'il a conçus depuis peu, tout concourt à rendre à son cœur un calme inaccoutumé, à donner à ses idées une couleur plus riante; mais elle apparaît de nouveau, son cœur se serre, de douloureux pressentiments l'agitent, si elle le trompait… L'un des pâtres reprend sa naïve mélodie, l'autre ne répond plus. Le soleil se couche… bruit éloigné du tonnerre… solitude… silence…

4e PARTIE : MARCHE AU SUPPLICE
Il rêve qu'il a tué celle qu'il aimait, qu'il est condamné à mort, conduit au supplice. Le cortège s'avance, aux sons d'une marche tantôt sombre et farouche, tantôt brillante et solennelle, dans laquelle un bruit sourd de pas graves succède sans transition aux éclats les plus bruyants. A la fin, l'idée fixe reparaît un instant comme une dernière pensée d'amour interrompue par le coup fatal.

5e PARTIE : SONGE D'UNE NUIT DE SABBAT
Il se voit au sabbat, au milieu d'une troupe affreuse d'ombres, de sorciers, de monstres de toute espèce réunis pour ses funérailles. Bruits étranges, gémissements, éclats de rire, cris lointains auxquels d'autres cris semble répondre. La mélodie-aimée reparaît encore; mais elle a perdu son caractère de noblesse et de timidité; ce n'est plus qu'un air de danse ignoble, trivial et grotesque; c'est elle qui vient au sabbat… Rugissements de joie à son arrivée… Elle se mêle à l'orgie diabolique… Glas funèbre, parodie burlesque du Dies irae. Ronde du sabbat. La ronde du sabbat et le Dies irae ensemble."
Hector Berlioz

 

La Fantastique, une oeuvre célébrissime ? Certes. Mais qui cache des projets dramatiques. Allons-y voir d'un peu plus près... même si c'est à Copenhague que Myung-Whun Chung dirige Berlioz à la tête de l'Orchestre Philharmonique.

En 1830, année de la création de la Fantastique, la vie musicale en France, mais aussi dans les autres pays d'Europe, se limite à la musique vocale le plus souvent destinée au théâtre. Grétry, Auber, Hérold, Boieldieu, Catel ou Berton, tous compositeurs d'opéras, mais aussi de romances et de musique sacrée, sont les musiciens du jour. Le concert public n'est pas encore entré dans les mœurs et la Salle des concerts du Conservatoire, l'une des toutes premières au monde, ébauche à peine son existence. Le temps est loin des pièces symphoniques viennoises, qui de Haydn à Mozart, agrémentaient les salons princiers.

Dans les années précédant la Fantastique, Berlioz n'envisage pas de se soustraire à la règle. En 1825, âgé de vingt et un ans, il définit ainsi à son oncle Victor, les raisons de sa vocation : «Ce sur quoi je compte principalement, c'est une certaine puissance motrice que je sens en moi, un feu, une ardeur que je ne saurais définir, qui se dirige principalement vers un seul point : la grande musique, dramatique ou religieuse.» Gluck, Spontini ou Lesueur guident alors ses pas. Et de fait, à côté de diverses cantates et romances, ses premières compositions d'envergure seront deux opéras (Estelle et Némorin et les Francs-Juges - aujourd'hui perdu pour le premier, incomplètement restitué pour le second) et une Messe (récemment redécouverte).

Beethoven, l'effrayant géant

Nul doute que les premières exécutions françaises de symphonies de Beethoven au Conservatoire (en 1828, 1829 et 1830), seront un facteur déterminant : "A présent que j'ai entendu cet effrayant géant de Beethoven, je sais à quel point en est l'art musical, il s'agit de le prendre à ce point-là et de le pousser plus loin" (lettre du 11 janvier 1929 à Edouard Rocher). C'est, d'une certaine manière, l'objectif fixé par la Fantastique.

Les influences littéraire n'en président pas moins à la genèse de la symphonie. Le premier projet se réclamait de Faust. «J'ai dans la tête depuis longtemps une Symphonie descriptive de Faust qui fermente ; quand je lui donnerai la liberté, je veux qu'elle épouvante le monde musical» écrit Berlioz au début de l'année 1829. «Toujours sous l'influence du poème de Goethe, j'écrivis ma Symphonie fantastique», ajoutera-t-il plus tard dans ses Mémoires. Deux mouvements évoquent particulièrement la pièce de Goethe : "Rêveries, Passions" et "Songe d'une nuit de sabbat", certainement inspirés par la scène du "Cabinet d'étude" et la "Nuit de sabbat".
Mais Goethe ne semble pas être le seul inspirateur.

Hugo (Ronde du Sabbat, le Dernier Jour d'un condamné), Thomas de Quincey (Confessions d'un mangeur d'opium), Hoffmann (les Contes fantastiques, la Vie d'artiste) ou Chateaubriand (René), apparaissent aussi en filigrane. Ajoutons aussi les circonstances biographiques, elles mieux connues, les passions pour Harriet Smithson et Camille Moke, toutes traces dont le programme de cet Episode de la vie d'un artiste (titre primitif de l'œuvre, qui devait plus tard devenir celui de la Symphonie fantastique et de sa suite Lélio) porte la marque.

Corrections & perfectionnements

Cela étant, on aurait tort de considérer l'année 1830, toute chargée de symboles qu'elle soit, comme celle de l'œuvre définitive. A l'instar de la plupart de ses compositions, Berlioz n'aura de cesse de corriger, réviser, peaufiner, à l'épreuve notamment des concerts qu'il aura donnés.

On peut ainsi, selon les sources conservées, distinguer plusieurs états d'une partition écrite et retouchée de 1828 à 1845. Pour simplifier : celle exécutée le 5 décembre 1830, celle remaniée de façon importante et décisive jusqu'en 1834 (dont s'inspirera Liszt pour sa transcription), et celle définitive de 1845 que Berlioz fera éditer, qui comporte surtout des retouches de détail. (Voir à ce propos l'article de Jean-Philippe Navarre, "La Symphonie fantastique en devenir", dans le Cahier Berlioz, éd. L'Herne.)

Pierre-René Serna

 

http://www.radiofrance.fr/chaines/orchestres/journal/oeuvre/fiche.php?oeuv=10000008

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Symphonie_fantastique_(Hector_Berlioz)

http://www.hberlioz.com/Scores/pfantastique.htm

http://www.hberlioz.com/Libretti/

 

Retour à la biographie

Retour au sommaire