Franz LISZT

Raiding 22 octobre 1811,Bayreuth 31 juillet 1886

 

Portrait de Franz Liszt, par Léon Noël (vers 1841-1846)

Allegro animato du

Concerto pour piano n°2, SI25

 

Ébauché vers 1838, modifié et achevé en 1857, créé le 7 janvier 1857 à Weimar, modifié enfin en 1861,...



Liszt était un géant, un dieu, un diable du clavier, tout ce qu’on voudra. Ses Années de pèlerinage, ses Rhapsodies hongroises, ses Études d’après Paganini ou encore ses Études d’exécution transcendante ont fait sa réputation. Mais Liszt avait à cœur, également, d’être un compositeur sérieux et novateur pour l’orchestre, et on connaît le choc que représenta pour lui la création à Paris, en 1830, de la Symphonie fantastique de
Berlioz. Liszt avait alors dix-neuf ans. Il écrira bien plus tard des symphonies (Faust et Dante) et des poèmes symphoniques dont on peut se demander s’ils représentent réellement ce qu’il pouvait imaginer lorsqu’il rêvait encore de se lancer dans la composition pour orchestre.

Liszt n'a cependant laissé qu'un assez petit nombre de compositions pour piano et orchestre : si l’on excepte quelques pages mineures comme Malédiction, la Fantaisie sur les thèmes des Ruines d’Athènes de Beethoven ou celle sur Lélio de Berlioz, ou encore l’orchestration de la Wanderer-Fantaisie de
Schubert, son corpus se résume à la Fantaisie hongroise, à la fulgurante Totentanz et aux deux concertos. Encore ces deux dernières œuvres ne relèvent-elles pas exactement du genre convenu du concerto ; comme l’écrit Marcel Marnat (c
hroniqueur et biographe français), elles représentent un diptyque comportant un «super-concerto» et un «anti-concerto», les deux partitions ayant d’ailleurs été conçues simultanément à Rome (vers 1838-1840) puis abandonnées et reprises une dizaine d’années plus tard, au moment de l’installation du musicien à Weimar.

Un anti-concerto, un super-concerto

Deux partitions différentes et complémentaires : si le Deuxième Concerto (l’«anti-concerto») peut être conçu comme un poème pour orchestre avec piano principal, le Premier Concerto (le «super-concerto») est d’abord une œuvre de virtuose. Ce Premier Concerto fut créé en 1855 à Weimar par Liszt lui-même, Berlioz dirigeant l’orchestre ; pour la création du second, le 7 janvier 1857, toujours à Weimar, Liszt monta au pupitre et c’est Hans von Bronsart, un de ses élèves, qui fut chargé de la partie de piano.

Cette attitude est caractéristique de Liszt qui, après un concerto magnifiant le soliste, a conçu une œuvre d’un tout autre genre. Certes, le compositeur convoque ici tous les effets de virtuosité qui lui sont coutumiers, et sa maîtrise de l'écriture pour le piano l'emporte sur la nouveauté de sa conception de l'orchestre, qui malgré quelques beaux épisodes intimes confinant à la musique de chambre (solo de violoncelle), n'est jamais très imprévue. Mais la partition tout entière est agencée de telle manière que l’orchestre et le piano semblent avancer de concert et métamorphoser sans fin le thème énoncé au début de l’ouvrage. «Tout découle d’un seul thème, reprend Marcel Marnat, dont les transformations incessantes fournissent la substance de différents mouvements joués sans interruption. Le piano est également traité de manière révolutionnaire, étant moins un instrument à part qu’un élément dominant de l’orchestre. Par là même ses évolutions sont plus libres et l’harmonie qu’il introduit dans l’ensemble sera souvent très hardie.»

Ce concerto, avec sa succession d’états d’âme, de la méditation à la bravoure, et son obsession de l’unité, n’est pas sans rapport avec la Sonate en si mineur du même Liszt, œuvre conçue elle aussi d’un seul tenant, et qui inspirera bien des compositeurs soucieux, à l’instar de Prokofiev, de constamment renouveler les formes musicales.

Christian Wasselin

 

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