Monet(1840-1926) dans les pas de Turner |
A la fin de l’année 1870, fuyant la guerre franco-prussienne, Claude Monet, qui a trente ans, s’installe à Londres où il va demeurer plusieurs mois ; c’est là qu’il découvre les œuvres de William Turner (1775-1851), notamment celles, exposées à la National Gallery, appartenant au legs fait par le peintre à la nation britannique. A la même époque, il visite probablement l’atelier de James Whistler (1834-1903), où il peut voir les premiers Nocturnes de l’artiste d’origine américaine - lequel, très jeune, lors de ses premiers séjours à Londres, s’était lui aussi intéressé à l’œuvre de Turner. Il se peut que Monet ait eu également connaissance des vues de la Tamise gravées par Whistler entre 1859 et 1861, et reprises dans un recueil publié au printemps 1871. Quoi qu’il en soit, l’artiste français peint au cours de cette période trois vues de la Tamise dans le brouillard. Les œuvres de Turner et de Whistler ont eu ainsi une influence certaine, quoique difficile à définir précisément, sur le peintre qui allait devenir le père de l’impressionnisme, et notamment sur le célèbre tableau Impression, soleil levant (Paris, musée Marmottan-Monet), une vue de la Seine au Havre peinte en 1872-1873, dont le titre fut à l’origine du nom donné, par raillerie, à ce nouveau mouvement pictural. Plus tard, une véritable et durable amitié s’établit entre Whistler et Monet, les deux artistes s’entraidant pour exposer leurs œuvres à Paris et à Londres. Ainsi, grâce à Monet, les Parisiens purent découvrir un ensemble de peintures, d’aquarelles et de pastels de Whistler à l’Exposition internationale qui se tint à la galerie Georges Petit en mai-juin 1887 ; ainsi, grâce à Whistler, des tableaux de Monet firent l’admiration des Londoniens à la Royal Society of British Artists en novembre-décembre de la même année. S’inscrivant à la suite de Turner et de Whistler, Monet va s’attacher à représenter ce qu’il appelle lui-même des « effets de brouillard » sur la Tamise et sur la Seine. Au delà de l’aspect proprement esthétique correspondant à ses recherches, ces œuvres traduisent la pollution du ciel (souvent observée par les contemporains du peintre) noyé par les fumées sortant de hautes cheminées d’usine. Monet reprendra ce motif, d’une manière extraordinaire, quelque vingt-cinq ans plus tard, lors de ses séjours à Londres, dans de véritables « campagnes de peintures » qui constituent l’un des sommets de son œuvre. |
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Chronologie
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Voir aussi:
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