Turner

(1775-1851)

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À la mort de Turner, son legs à la nation britannique fit entrer dans les musées londoniens vingt mille œuvres de sa main (peintures et aquarelles) qui allaient être désormais regardées par les peintres.

Après les toiles classiques de ses débuts, l’art de Turner avait évolué vers une technique plus libre. Ses derniers paysages - des vues de rivières traduisant son intérêt pour les effets de lumière diffuse -, particulièrement admirés de Monet plus tard, rencontrèrent l’incompréhension pour leur caractère flou, où certains croyaient voir un « manque de fini » : cette même critique que connaîtraient Whistler comme les impressionnistes, accusés de laisser leurs œuvres à l’état « inachevé ». Turner serait aimé des impressionnistes autant que des symbolistes, sensibles à son mystère.

Chronologie

1775

23 avril (?) : naissance de Joseph Mallord William Turner près de Covent Garden à Londres.

1790

Expose pour la première fois à la Royal Academy de Londres (une aquarelle).

1796

Première exposition de peintures à l’huile à la Royal Academy.

1802

Se rend pour la première fois sur le continent; visite le Louvre.

1804

Commence à exposer certaines de ses toiles dans sa propre galerie de Queen Anne Street.

1807

Publication de la première partie de son Liber Studiorum.

1819

Premier voyage en Italie, séjourne brièvement à Venise.

1833

Deuxième séjour à Venise.

1833-1835

Publication du Turner’s Annual Tour en plusieurs volumes, avec des gravures de ses vues de la Loire et de la Seine.

1837

Nouvelle publication de l’ensemble de ses gravures des rivières françaises sous le titre The Rivers of France, accompagnées de textes en français et en anglais.

1840

Juin : Turner fait la connaissance du jeune John Ruskin; un peu plus tard cette année-là, il se rend pour la dernière fois à Venise.

1841-1844

Séjours annuels en Suisse.

1843

Publication du premier volume des Modern Painters de Ruskin, surtout consacré à la défense de Turner.

1844

Exposition de Pluie, vapeur et vitesse à la Royal Academy.

1845

Turner effectue ses derniers séjours en France au début de l’automne.

1846

Octobre : Turner emménage au 6, Davis Place, Cremorne New Road, dans le quartier de Chelsea à Londres, où il vit sous le nom d’Admiral Booth.

1847

Robert Vernon fait don à la National Gallery d’œuvres de peintres contemporains, parmi lesquelles figure la première peinture à l’huile de Turner à entrer dans la collection nationale britannique.

1850

Exposition à la Royal Academy de ses dernières œuvres, une série de quatre peintures dans la manière Claude Lorrain.

1851

19 décembre : Turner meurt chez lui, à Chelsea; il est enterré dans la cathédrale Saint-Paul à côté d’autres membres illustres de la Royal Academy.

1852

Décembre : conformément aux dernières volontés de Turner, deux de ses tableaux, Didon construisant Carthage et Lever de soleil dans la brume, sont exposés à la National Gallery, à côté de tableaux de Claude Lorrrain.

1857

L’exposition Art Treasures présente 24 peintures à l’huile et 83 aquarelles de Turner (toutes achevées).

1857-1858

Ruskin est autorisé à sélectionner des aquarelles et des dessins du legs Turner pour une présentation publique à Marlborough House :400 sont encadrés, d’autres exposés tels quels et le reste conservé dans des caisses.

1859

Décembre : ouverture de la British School Gallery au South Kensington Museum; les toiles des legs Vernon et Turner (y compris les aquarelles sélectionnées par Ruskin), jusque là conservées à Marlborough House, y sont transférées.

1861

Octobre : la première galerie entièrement consacrée à Turner ouvre dans l’aile ouest de la National Gallery; y sont exposés 94 tableaux et 6 aquarelles.
Au musée de South Kensington, deux salles restent consacrées aux études de Turner (dont 194 sont encadrées).

1869

Janvier : d’autres aquarelles de Turner sont mises à la disposition des étudiants (qui doivent solliciter une autorisation pour les étudier) au sous-sol de la National Gallery.

1872

Tous les tableaux du legs Turner qui étaient au South Kensington Museum réintègrent la National Gallery.

1874

Mars-avril : des tableaux de Turner sont vendus aux enchères à Paris; ce seraient les premières œuvres de Turner présentées au public dans la capitale française.

 

Avril : une eau-forte de Félix Bracquemond d’après Pluie, vapeur et vitesse est présentée à la première exposition impressionniste.

1876

Fin des travaux entrepris depuis 1872 à la National Gallery ; les aquarelles de Turner qui étaient restées au musée de South Kensington, sont présentées dans 60 vitrines au sous-sol.

1878

300 aquarelles de Turner sont retirées des vitrines et accrochées aux murs du sous-sol de la National Gallery.

 

Mars : des aquarelles du peintre provenant de la collection de Ruskin sont exposées à la Fine Art Society de Londres.

1887

Les peintures à l’huile de Turner sont exposées dans deux salles du rez-de-chaussée de la National Gallery.

 

Février-mars : des tableaux de Turner sont présentés à Paris dans le cadre d’une exposition dont le produit est destiné aux victimes des inondations du Midi.

1890

Quelques-unes des dernières œuvres de Turner sont visibles dans la collection Camille Groult à Paris.

1899

Avril-juillet : grande exposition de peintures à l’huile et d’aquarelles de Turner prêtées à la Guildhall Art Gallery de Londres.

1906

Les œuvres inachevées du legs Turner sont cataloguées et exposées à la Tate Gallery.

 

Voir aussi:

Monet

Whistler

Quelques citations

« J'ai vu beaucoup de Turner (Whistler que nous aimions tant l'imite énormément) »

Berthe Morisot
lettre à sa sœur Edma, Londres, 1875

 

« Turner naquit académicien et mourut impressionniste. […] Si le mot impressionniste eût été inventé, on le lui eût crié comme une injure […]. Aujourd'hui que l'épithète est devenue glorieuse, on peut l'accoler au nom de Joseph Mallord William Turner. L'impressionnisme de Turner n'est pas niable. À partir du jour où il rompit délibérément avec les anciennes formules, il fit des phénomènes de la lumière l'étude constante et acharnée de sa vie. Il décomposa le prisme solaire, chercha à en exprimer sur la toile les effets magiques au moyen de la combinaison des tons simples qui le composent. […] Le récent procédé des impressionnistes français, de Claude Monet et de son école, la juxtaposition des tons simples qui produit, à distance, des vibrations d'une intensité prodigieuse, on le trouve en germe dans l' œuvre de Turner. […] Ce qui fait l'originalité de Turner, c'est que l'imagination et l'observation livrèrent constamment bataille dans son âme d'artiste […]. C'est le résultat des deux courants qui emportaient son art dans des directions différentes et entre lesquels il demeura ballotté. En se laissant audacieusement voguer sur l'un d'eux, Turner eût peut-être, un demi-siècle avant Manet, Claude Monet et Renoir, créé l'école impressionniste qu'il avait vaguement pressentie. »

Émile Verhaeren
« L'impressionniste Turner »,
L'Art moderne de Bruxelles,
20 sept. 1885

 

« […] saviez-vous que je suis allé à Londres voir Whistler et que j'ai passé là une douzaine de jours, émerveillé de Londres et aussi de Whistler qui est un grand artiste? »

Claude Monet
lettre à Théodore Duret, 13 août 1887

 

« S'il est vrai que Turner aima juxtaposer certains Turner à certains Claude Lorrain, on concevrait qu'on plaçât certains Monet à côté de certains Turner. Ce serait comparer deux aboutissements, rapprocher deux dates de l'Impressionnisme, ou plutôt ? car les appellations d'école sont décevantes [?]-, ce serait rapprocher deux dates d'une histoire de la sensibilité visuelle. »

Gustave Kahn
« L'Exposition Claude Monet »,
Gazette des Beaux-Arts, 1er juill. 1904

 

« Dans le temps j'ai beaucoup aimé Turner, aujourd'hui je l'aime beaucoup moins. […] Il n'a pas assez dessiné la couleur et il en a trop mis ; je l'ai bien étudié. »

Claude Monet
cité par René Gimpel,
Journal d'un collectionneur, marchand de tableaux,
Paris, Calmann Lévy, 1963, à la date du 28 nov. 1918

 

« Son effort [celui de Monet] se rattache à celui de Turner, mais combien il est différent, dégagé de toute attache classique, et d'ailleurs, d'une personnalité si tranchée, si complète, que jamais, dans la suite des temps, quand même toute signature aurait disparu, on ne pourrait prendre un de ces « Monet » pour un « Turner ». Les toiles de Monet sont d'une lumière plus unifiée, d'une coloration plus soutenue dans la clarté […]. S'il me fallait établir une analogie, je la verrais plutôt avec Whistler : bien que celui-ci ait peint, surtout des nocturnes, des nuits de velours bleu pointillées d'or, mais ce n'est pas de cette ressemblance-là qu'il s'agit. Claude Monet, comme Whistler, a peint des harmonies, et comme lui, aurait pu donner pour titres à ses tableaux des dominantes de couleurs et de nuances. En réalité, Claude Monet est surtout lui-même, un des plus subtils et des plus puissants peintres qui aient existé, mais il est aussi un grand poète … »

Gustave Geffroy
Claude Monet, sa vie, son temps, son oeuvre,
Paris, Crès, 1922; rééd. 1924

 

« Les Vues de la Tamise de Monet  se rapprochent des Nocturnes de Whistler, elles contiennent une musicalité de la nuance qui se transposerait aisément de l'œil à l'ouïe, et enfin elles se relient aux derniers vœux de ce glorieux Turner que Monet, le Turner français, est venu honorer, et non braver, jusque dans sa vieille Cité. Toute cette série, symphonie, ou suite d'orchestre, sur la Tamise, est profondément pénétrée du caractère londonien. »

Camille Mauclair
Claude Monet,
Paris, Rieder, 1924 ; rééd. 1927

 

« Il me semblait que Turner devait être le passage entre la tradition et l'impressionnisme. J'ai trouvé, en effet, une grande parenté de construction par la couleur dans les aquarelles de Turner et les tableaux de Claude Monet. »

Henri Matisse
cité par Raymond Escholier, Matisse, ce vivant, Paris, Fayard, 1956