LULLY Jean-Baptiste

"Monsieur de Lully, escuyer, conseiller, Secrétaire du Roy, Maison, Couronne de France & de ses Finances, & Sur-Intendant de la Musique de sa Majesté"

1632 - 1687

 

Roland.  Ouverture, prologue

 

Onzième des douze tragédies lyriques de Jean-Baptiste Lully, avant-dernière de ses collaborations avec Philippe Quinault, Roland (1685*) était l'une des œuvres préférées du compositeur. Le sujet en aurait été suggéré par le roi Louis XIV lui-même, sans doute en vue de célébrer la conquête du Luxembourg. C'est bien évidemment le commanditaire royal qui est représenté sous les traits de Roland : depuis Amadis (1684), Louis XIV s'auto-célébrait davantage sous les traits de chevaliers français que sous ceux des héros de l'Antiquité, peut-être afin d'entériner la rupture avec l'art transalpin. Considéré comme l'un des fleurons de la scène française, le livret fut arrangé au XVIIIe par Marmontel, à l'intention de Piccinni, qui remporta avec son Roland de 1778 un succès décisif dans la querelle qui l'opposait à Gluck pour la conquête des scènes parisiennes. Lointainement inspiré de l'Orlando innamorato de Boiardo et de l'Orlando furioso de l'Arioste, le texte de Philippe Quinault avoue aussi sa dette envers Racine et Thomas Corneille. Les débats éthiques qui agitent Angélique ne sont ainsi pas sans rapport avec ceux qui inquiétaient Titus et Bérénice quinze ans plus tôt.

 

*1685, année de paix. Louis le Grand est à l'apogée de sa puissance. Le doge de Gênes lui-même vient présenter ses excuses à Versailles pour la construction de galères aux ennemis de la France. Les places royales fleurissent partout dans le royaume, la Cour - installée définitivement à Versailles depuis plus de deux ans - ne sombre pas encore dans une austérité dévote encouragée par l'épouse morganatique du Roi.