Frontispice d'une édition ancienne du  «Roland Furieux»

Ludovico Ariosto

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Biographie

Ludovico Ariosto, que l'on appelle l'Arioste en France, est né en 1474 à Reggio-Emilia, ville italienne située entre Parme et Bologne.

Dans sa jeunesse, il fait des études diverses, jusqu'à ce que le décès de son père l'oblige de subvenir aux besoins de sa famille. Mais surtout, il compose des comédies, ce qui le fait remarquer par Hippolyte Ier, cardinal d'Este, membre d'une riche et célèbre famille, qui l'accueille en 1504 à sa cour, où il est chargé de diverses tâches politiques et administratives.
En 1517, il passe au service du frère d'Hippolyte Ier, Alphonse Ier, duc de Ferrare : il s'installe alors dans la ville du duc, où, tout en continuant à écrire, il est chargé des même responsabilités que précédemment.
Il s'éteint à Ferrare en 1533, après une vieillesse paisible.
Outre des comédies comme le Nécromancien (1528) ou les Quiproquos (1529), il compose également des poèmes inspirés d'auteurs latins, les Carmina (1494-1503) et des Satires (1517-1525). Mais il est passé à la postérité grâce à un ouvrage tout à fait différent, l'Orlando furioso (le Roland furieux), commencé en 1503, publié en 1516, puis remanié en 1521 et en 1532.

L'Orlando furioso, riche de 40 000 vers, apparaît comme la suite d'un poème épique composé par un autre poète italien, Matteo Maria Boiardo, Orlando innamorato (le Roland amoureux), que celui-ci a laissé inachevé. Dans la tradition des chansons de geste du Moyen Âge, l'Orlando innamorato reprenait les légendes relatives à Charlemagne, à ses barons et à la lutte opposant chrétiens et Sarrasins.

Composé de huitains (strophes de huit vers) de vers de onze syllabes, l'Orlando furioso est en réalité un hommage rendu par l'Arioste à la famille de ses protecteurs : l'un des héros de l'épopée est Ruggiero d'Este, fondateur légendaire de la célèbre famille italienne.
Au-delà de cet hommage, pourtant, l'Orlando furioso reprend de façon ironique, avec beaucoup de brio et un style très travaillé,  le thème de l'épopée chevaleresque : il met en scène le comte Roland, saisi d'une véritable furie amoureuse pour une jeune femme nommée Angélique ; mais une grand nombre de personnages et de récits divers viennent se mêler d'une façon fort heureuse à la trame de départ.

L'œuvre connaît dès sa première parution un succès foudroyant dans toute l'Europe, commençant aussitôt à exercer une forte influence sur la littérature de la Renaissance.

Extrait(s)

Au service de Charlemagne et de la Chrétienté, le chevalier Roland est poursuivi par Mandricard, le Sarrasin, soucieux de venger la mort de son père, roi de Tartarie.

Le chevalier, c'était ce Mandricard
Qui sur les pas d'Orland s'était jeté
Pour venger Alzirdo et Manilard,
Qu'avait frappés bellement le Français,
Bien que l'ait retardé dans sa poursuite
De conquérir la belle Doralice
Que, contre cent guerriers de fer vêtus,
Il avait prise avec un hast rompu.

Le Sarrasin, cependant, ne savait
Que la proie qu'il suivait, c'était Roland;
Des signes manifestes lui disaient
Que c'était, à coup sûr, un grand guerrier.
C'est lui qu'il regarda, plus que Zerbin,
Il le toisa des pieds jusqu'à la tête,
Et, retrouvant ce qu'il savait de lui,
Il dit: «Tu es celui que je poursuis.

J'ai fait serment de ne ceindre d'épée
Tant que je n'aurai pris au comte Orland
Sa Durandal: je le cherche partout,
Pour qu'avec moi il solde tous ses comptes.
Je l'ai juré (s'il te plaît de savoir),
Lorsque j'ai mis sur ma tête ce heaume:
Comme l'armure, il fut celui d'Hector,
Qui, voilà bien mille ans, à Troie est mort.

Seule l'épée manque à ces bonnes armes;
Comme elle fut volée, je ne sais dire.
Le paladin, je crois, l'use à présent,
Et c'est de là qu'il tient sa grand' hardiesse.
Je compte bien, si je puis l'encontrer,
Qu'il restitue ce bien, si mal acquis;
Et je le cherche encore, désirant
Venger mon pèr', le fameux Agrican

Ce texte est extrait de Roland furieux de l'Arioste, traduit de l'italien par Michel Orcel. Éditions du Seuil.

976 pages.

Voir aussi

"L'Orlando furioso" et l'opéra

Les illustrations du livre Venise : V. Vulgroni, 1556
http://gallica.bnf.fr/scripts/Notice.php?O=02200028