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Paris 1867-Le Canadel 1950 |
Compositeur et pédagogue
"Il faudra pour l'entendre un public qui ne soit pas préssé" disait de lui Gabriel Fauré. Charles Koechlin naquit à Paris en 1867. Issu de la grande bourgeoisie alsacienne son grand-père, Jean Dollfus, avait fondé une filature à Mulhouse et son père était dessinateur pour l'industrie textile, sa cousine était la femme de Gabriel Bouffet. Ses origines familiales, pas plus que ses aspirations personnelles, ne le destinaient à être compositeur : peut-être fallut-il, jeune et brillant polytechnicien, qu'il tombât gravement malade, une tuberculose contractée pendant la seconde année l'obligera à interrompre ses études, pour qu'il se souvienne qu'il avait, tout au long de son enfance, passionnément aimé et joué la musique de Bach. Ce fut donc naturellement qu'il entra au Conservatoire, dans les classes de Massenet, Gédalge et Fauré ; il avait vingt-deux ans. Il chantera dans les chœurs et c'est par des œuvres vocales qu'il commencera sa carrière de compositeur : poèmes de Théodore de Banville, de Leconte de Lisle. Il écrira En mer, la nuit d'après Heinrich Heine que les Concerts Colonne donneront en 1904, l'Automne, suite symphonique, des mélodies sur des poèmes de Verlaine et de Samain. A ces maîtres remarquables il garderait la reconnaissance d'un homme et d'un musicien épris de liberté, dans le plus souverain dédain des modes et des jugements de ses contemporains. Souvent considérée comme touffue en raison de sa complexité polyphonique, son oeuvre imposante - plus de deux cents numéros d'opus - aborde tous les genres à l'exception de l'opéra : musique de chambre, mélodies, choeurs, ballets et bien sûr symphonies... sa partition la moins méconnue sont le poème symphonique les Bandar-Log, (Opus 176) d'après le Livre de la jungle de Kipling et l'hommage au cinéma de sa Seven Star's Symphony, où sont convoqués sur l'écran noir de la musique Douglas Fairbanks, Greta Garbo, Marlene Dietrich, Charlie Chaplin ?
Charles Kœchlin a
laissé plusieurs pièces d'après le Livre de la jungle de
Rudyard Kipling, composant à différentes périodes de sa vie, chants et
poèmes symphoniques illustrant certains passages du texte. Au fur et à
mesure, le compositeur édifie un ensemble disparate qui ne respecte
pas la narration de Kipling : l'ordre de composition donne les
Trois poèmes, op. 18 : (Berceuse phoque, Chanson de la nuit dans la
jungle, Chant de Kala), La Course du Printemps, op. 95, La méditation
de Purun Bhagat, op. 95, La Loi de la jungle, op. 175 enfin, la
page la plus célèbre : Les Bandar-log, op. 175.
Fresque gigantesque
la composition s'étalera de 1899-1901 pour la première partie ("3
poèmes") à 1925-1927 pour le deuxième volet ("la course de
printemps").
Climats réservés, flottants
et même énigmatiques. La progression expressive des Heures
Persanes, suit une gradation savamment mesurée. Tout d’abord
composé pour le piano (1919), le cycle fut repris et orchestré en
1921. A la mort de Koechlin, en 1950, Claude Rostand soulignait qu'aucun compositeur de sa génération n'avait manifesté une telle négligence vis-à-vis de sa publicité personnelle. Cette humilité qui le desservit ne l'empêcha pas de se tenir à la pointe de la création musicale, et de l'affirmer haut et fort dès 1909 en participant aux côtés de Ravel à la création de la très remuante Société Musicale Indépendante (SMI). Mais le portrait serait incomplet si l'on oubliait qu'il fut aussi, et peut-être surtout, un pédagogue très écouté. "Partout où se donnait du beau, du rare et du nouveau ", écrivait Claude Rostand, "on apercevait cette silhouette légendaire : visage de prophète à la barbe fluviale, chapeau à larges bords, ample pèlerine de berger, mains noueuses, et ce regard vert dont quatre-vingt-quatre années d'un travail de tous les instants n'avaient éteint ni l'éclat, ni la vivacité". Charles Koechlin enseigna en France et aux États-Unis, fréquenta et conseilla les musiciens du Groupe des Six, eut Francis Poulenc et Henri Sauguet parmi ses élèves. Et ses Études sur les notes de passage, son Traité d'orchestration et son Traité d'harmonies font encore autorité auprès des musicologues. Par ailleurs, KOECHLIN orchestra Pelléas et Mélisande de Fauré et Khamma de Debussy. Avec ses 225 numéros d'opus, KOECHLIN édifie une des oeuvres les plus imposantes de sa génération. « L'esprit de mon œuvre et celui de toute ma vie est surtout un esprit de liberté. » Épitaphe gravée sur la stèle funéraire de Charles Koechlin. |
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Le Bruissement des feuilles - Les chants de Nectaire,2° série, op.199 |
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Voir aussi: |