Georges BIZET

 

Paris, 25 octobre 1838 / Bougival, 3 juin 1875

 

 

 La Toupie 

 

En attendant que Djamileh soit montée, Bizet achève une suite de pièces intitulée Jeux d’enfants, que l’éditeur Durand Schœnewerk lui achète pour 600 francs en deux versions, une pour le clavier à quatre mains (dix pièces, plus tard complétées par deux autres) et l’autre pour orchestre (cinq pièces). L’imitation des Scènes d’enfants de Schumann s’arrête au titre. Bizet, ici, fait plus penser à la tradition gracile de Couperin ou la précision d’écriture de Rameau qu’à l’école allemande. Malheureusement peu joués aujourd’hui en concert, les Jeux d’enfants regroupent les meilleures pages de l’auteur. « Ils révèlent, écrit son biographe français Paul Landormy, une transformation profonde chez ce musicien qui a eu tant de peine à se libérer de l’influence déprimante de son milieu; ils annoncent les prochains chefs-d’œuvre. » Le presto intitulé le Bal fait en effet penser irrésistiblement aux oppositions brusques de tons éloignés de l’ouverture de Carmen, et la Toupie est saisie d’un mouvement endiablé révélant, tout comme les élans répétés du Saute-mouton, une précision rythmique et harmonique encore insoupçonnée chez Bizet, qui en fera un usage virtuose dans l’Arlésienne. Ainsi, au moyen de pièces en tout point charmantes et à la limite de l’anecdote, Bizet repense à sa manière d’écrire, la précise, la dirige vers un style de plus en plus personnel et original, débarrassé des tours de main à la mode. Il trouve enfin sa propre voie.

http://www.resmusica.com/aff_articles.php3?num_art=500

 

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