Bruxellois

 

 

 

d'ici et d'ailleurs

 

Conte d’Europe                                     La Mort pour Marraine

 

Il était une fois, il y a bien longtemps, un pauvre homme qui avait six enfants. Il avait bien du mal à les nourrir. Quand naquit le septième, il fut très inquiet.

 

 « Je dois lui trouver un parrain » se dit-il, « qui pourra aider mon fils s’il m’arrive quelque chose ». Il se met à la recherche d’un parrain. Mais tout le monde refuse : on sait qu’il est très pauvre et qu’il faudra donner beaucoup d’argent pour nourrir et éduquer ce filleul.

 

 Au bout de trois jours, l’homme est désespéré. Le soir venu, alors qu’il se repose dans sa chaumière, il entend frapper à la porte. Il ne répond pas, car il ne peut rien offrir à un passant et qu’il n’attend personne. On insiste. La porte s’ouvre. Une forme noire enveloppée dans un grand manteau, le visage couvert par un capuchon, se tient devant lui.

 

 « Qui es-tu ? » « Je suis la Mort » « Qu’est-ce que tu veux ? » « Je veux être la Marraine de ton enfant » « C’est beaucoup d’honneur, répond l’homme effrayé, mais je ne peux accepter… ». Malgré tout, il a peur de vexer la Mort et de se la mettre à dos. A la fin, il accepte, car personne d’autre ne se propose.

 

 L’enfant grandit. La Mort un jour, lui indique comment devenir riche : « Devient médecin. Pour savoir si ton malade va guérir ou pas, observe-moi. Quand tu me verras au pied du lit, le malade n’a pas à craindre de mourir, son heure n’est pas venue. Donne-lui une tisane et annonce sa guérison. Par contre, si tu me vois à la tête du lit, il n’y a rien à faire. Promets de m’obéir et tu deviendras riche ». Le jeune homme accepte le contrat. 

 

Bientôt, le médecin est connu pour son infaillibilité. Tout le monde fait appel à lui. Il devient riche. Un jour, un riche marchand l’appelle. « Si tu me guéris, je te donne la moitié de ma fortune ».Hélas, la Mort se tient à la tête du lit. L’homme doit donc mourir bientôt. Alors le médecin a une idée : « je vais retourner le lit, ainsi la Mort se trouvera de l’autre côté ». Aussitôt dit, aussi tôt fait. La Mort est furieuse. Tu avais promis de m’obéir, tu m’as trompée ! » « Marraine,  pour une fois, ce n’est pas si grave ! Marraine, c’est pour jouer… » La Mort pour cette fois pardonne.

 Peu après, le Roi fait mander le médecin. Sa fille est malade. Il la donnera en mariage à celui qui pourra la guérir.

 

 Au chevet de la malade, le médecin est subjugué : jamais de sa vie il n’a contemplé une femme aussi belle. Il en tombe éperdument amoureux. Désespéré, il aperçoit la Mort à la tête du lit : la jeune fille est condamnée. Ce n’est pas possible, il ne peut pas la perdre ! Alors, il décide de ruser une seconde fois. Doucement, il prend la jeune fille dans ses bras, doucement, il la dépose à l’envers dans son lit. A nouveau, la Mort est trompée. La jeune fille se réveille, guérie, au premier regard elle partage l’amour du médecin et les noces sont célébrées dans tout le royaume.

 

 La Mort est en colère. Impardonnable trahison !

 

 Et voilà qu’au lendemain de ses noces, le médecin hagard, se réveille dans un lieu inconnu : une grotte immense, éclairée par des millions et des millions de chandelles, et la Mort qui le contemple d’un air courroucé. « Qu’as-tu fait, malheureux !  Moi seule suis-je la gardienne des vies ! Vois ces chandelles, chacune d’elle représente un être humain. Quand la chandelle est consumée, c’est le moment d’aller le chercher pour le mener dans l’au-delà. » « Oh, marraine, montre-moi la mienne ! ». « La voici ». Mais elle est toute petite, elle va bientôt s’éteindre. « Marraine, donne-moi une autre chance ! Peut-être puis-je coller une grande chandelle sur la mienne et prolonger ainsi mon existence ! ». Il saisit une bougie et l’appose sur la sienne. A ce moment, un grand courant d’air

 

 

Liens vers d'autres contes européens