Gioachino ROSSINI
Pesaro, 29 février 1792 / Paris, 13 novembre 1868

 

 

Il Barbiere di Siviglia

Opéra bouffe en 2 actes (créé à Rome en 1816)

No.2 Cavatina: "Largo al factotum"

Figaro, ancien domestique
du comte Almaviva,
barbier-chirurgien de Bartolo,
fait une joyeuse entrée.

 

Pièce de Beaumarchais
(Texte complet)

Voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Barbier_de_S%C3%A9ville_(op%C3%A9ra)

Extrait audio 1
(Ouverture)

Extrait audio 2  
(Ouverture)

Le comte Almaviva est éperdument amoureux de Rosine, future femme d'un vieux docteur, Bartholo. Le comte suit les futurs époux jusqu'à Séville où il retrouve son ancien valet Figaro. Celui-ci est désormais barbier dans la maison du docteur. Les deux compères vont tenter d'unir le comte à la belle Rosine malgrès toutes les précautions prises par Bartholo... Le docteur tente par tout les moyens d'empêcher d'autres hommes d'approcher sa future épouse. Mais toutes ces précautions seront bien inutiles puisque le comte s'unira tout de même à Rosine.

 

CONTEXTE

Décembre 1815, le Duc Francesco Sforza-Cesarini, propriétaire et directeur du Teatro di Torre Argentina , à Rome, commande à Rossini un nouvel opéra pour son théâtre. Selon les termes du contrat, Rossini accepte de composer un opéra en cinq semaines. Il est également stipulé qu'il utilisera le livret remis par le Duc, adaptera la musique à la tessiture de chaque chanteur, sera présent à toutes les répétitions et dirigera une partie de l'œuvre. Le Duc Sforza-Cesarini ayant dépensé beaucoup d'argent pour ses précédentes productions, n'accorde qu'un petit budget à celle-ci. C'est la raison pour laquelle, Rossini n'a touché qu'un tout petit salaire en échange de ses services et que Manuel Garcia, tête d'affiche de la nouvelle production, en reçut un trois fois supérieur.

Le Duc Sforza-Cesarini se tourne vers Cesare Sterbini, attaché au Vatican et poète, pour écrire le livret du nouvel opéra. Le sujet est tiré de la comédie de Pierre-Auguste Caron de Beaumarchais, Le Barbier de Séville, dont il a déjà été fait une adaptation très populaire. Giovanni Paisiello a composé cette première version, jouée pour la première fois à Saint Petersbourg le 26 septembre 1782. Elle est ensuite reprise et donnée dans plusieurs théâtres italiens où elle reçoit un excellent accueil. Pensant qu'il pourrait causer offense au vieux compositeur, Rossini écrit à Paisiello et lui explique pourquoi et comment il compte adapter la pièce de Beaumarchais. Paisiello lui répond en disant qu'il n'est nullement offensé par le projet d'une nouvelle version et souhaite beaucoup de succès au futur opéra.

Sterbini promet d'écrire un livret en douze jours et de le soumettre à Rossini qui achève le premier acte le 6 février 1816. Le même jour, Rossini remet la partition au premier violon. Les répétitions commencent le lendemain. Pendant la nuit, un drame se produit. Le Duc Sforza-Cesarini meurt d'une crise cardiaque alors qu'il n'est âgé que de 45 ans. Son successeur Nicolas Ratti et Rossini n'ont pas le temps de prendre le deuil. Le nouvel opéra doit être prêt dans quelques jours puisqu'une partie des recettes sera remise à la veuve de Sforza-Cesarini et à ses enfants. Rossini compose le reste de l'opéra en s'inspirant de cinq de ses œuvres précédentes et du travail d'autres compositeurs. Du début à la fin, l'opéra a été composé en trois semaines.

Le Barbier de Séville de Paisiello est immensément populaire et Serbini, Rossini et le nouveau directeur Ratti appréhendent avec beaucoup d'inquiétude la réaction du public face à cette nouvelle version. Pour distinguer son opéra, Rossini lui donne pour titre, Almaviva ou la Précaution inutile. Un avertissement inscrit en tête du livret précise: «La comédie du Seigneur Beaumarchais intitulée Le Barbier de Séville ou la précaution inutile est présentée à Rome, adaptée comme drame comique sous le titre Almaviva ou la précaution inutile, ceci pour convaincre pleinement le public du respect et de la vénération qui anime le créateur de la musique du présent ouvrage envers l'éminent et célèbre Paisiello, qui usa du sujet sous son titre original »

Appelé à faire face à une situation difficile, Rossini ne veut pas encourir le risque d'être accusé de faire preuve d'une rivalité téméraire face à l'immortel compositeur qui l'a précédé dans ce projet. Il demande expressément que Le Barbier de Séville soit reversifié, que des situations nouvelles soient ajoutées pour créer des airs nouveaux. Il précise plus loin, toujours dans ce même avertissement, que sa musique est plus adaptée au nouveau goût théâtral qui a tant changé depuis que le célèbre compositeur a écrit la musique du premier Barbier de Séville.

Rossini n'a pas tant essayé de se protéger de Paisiello que de ses fans. Paisiello était suivi par un groupe d'admirateurs qui se faisaient les farouches défenseurs de sa musique et qui voyaient dans l'adaptation du célèbre opéra une insulte ouverte à leur idole. Le soir de la Première, le 20 février 1816, ces mêmes admirateurs appelés les Paisiellisti se rendent au Teatro di Torre Argentina pour passer leur colère sur le compositeur et les chanteurs. Ce soir-là, Rossini arrive au théâtre, vêtu d'un costume de couleur noisette, dans le style espagnol, avec des boutons dorés. Le public exprime son mécontentement à travers des sifflets, des miaulements et des rires. Cette attitude donne le ton de ce que sera le reste de la soirée.

Quand le chanteur Zenobio Vitarelli (Basilio) entre en scène avec son maquillage très chargé et quelque peu exubérant, il est distrait par les sifflements et les cris du public et trébuche sur une des trappes de la scène. Il se blesse le visage et se casse presque le nez. Saignant abondamment, il sort son mouchoir et chante en dépit de ce qui vient de se passer. Pour se faire, Vitarelli doit adopter une étrange position qui plonge le public dans un nouveau mécontentement accompagné de bruits et de rires.

Peu après, un chat apparaît sur scène et se met à miauler. Luigi Zamboni (Figaro) le chasse du plateau. Le chat réapparaît de l'autre côté. Il saute dans les bras de Bartolomeo Botticelli (Docteur Bartolo) puis s'échappe et se met à suivre Geltrude Righetti (Rosine) et Elisabetta Loyselet qui toutes les deux ont peur de se faire griffer. C'est seulement quand le personnage du policier approche du chat avec son épée que celui-ci s'en va, mais pas avant que le public tout entier ne le rappelle et n'imite ses miaulements.

Le public est sur le point de provoquer une émeute. Les chanteurs peuvent à peine se concentrer tant il y a de bruit. Quand Figaro et Rosine se mettent à chanter leur magnifique duo, ils sont complètement couverts par les bruits de la salle. A la fin du premier acte, Rossini applaudit les chanteurs pour leur remarquable comportement et leur grand professionnalisme, puis s'en va.

Rossini invente une excuse quelconque, prétexte qu'il est malade, rentre chez lui et promet de ne plus jamais quitter son lit. La nuit suivante, pour la deuxième représentation d'Almaviva, le public décide qu'il s'est comporté injustement et choisit d'essayer d'écouter le nouvel ouvrage. Tout le monde reste silencieux tout au long du spectacle. Le public comprend alors qu'il vient d'assister à un nouveau chef-d'œuvre. Des tonnerres d'applaudissements éclatent à la tombée du rideau, au grand bonheur des chanteurs. Le créateur de l'œuvre reste invisible prétendant récupérer de sa maladie et feignant de dormir. Plusieurs amis de Rossini se rendent chez lui pour lui annoncer que maintenant son œuvre est un succès. Les représentations suivantes ne font qu'accroître l'engouement du public pour cette œuvre.

En juin 1816, Paisiello meurt. Rossini sait qu'il peut désormais changer le nom de son opéra Almaviva en Le Barbier de Séville sans rencontrer la désapprobation du public. En septembre, Le Barbier de Séville est joué à Bologne sous son nouveau titre. Plus tard, la même année, il est donné à Florence. Les deux années qui suivent des représentations sont données dans toute l'Italie et à l'étranger. Au moment où il est redonné à Rome, cinq ans plus tard, des milliers de représentations ont déjà transporté le public de centaines de salles à travers le monde. Aujourd'hui, Le Barbier de Séville, demeure un des plus opéras les populaires et les plus joués à travers le monde.

 http://www.operainfo.org/broadcast/operaBackground.cgi?id=37&language=3