RAVEL Maurice

Ciboure, 7 mars 1875 / Paris, 28 décembre 1937.

 

 

Boléro - final

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Matisse  La Danse 1909

 

Vue synoptique de l'ensemble de l'oeuvre

Le Boléro développe, sur un ostinato, deux thèmes lancinants répétés chacun neuf fois jusqu'à une modulation annonçant la coda.

Premier thème     

A

Deuxième thème  

A

Dernier thème   

Premier thème    

B

Deuxième thème  

B

Dernier thème    

B

Modulation

Coda

 

Dans l'ostinato, il y a deux parcours rythmiques possibles, comparez ces deux extraits :

 

Mot rythmique supérieur

Mot rythmique inférieur

 

Les thèmes

 

Thème A    joué à la flûte

Thème A    joué au basson

 

 

 

Le Boléro est une ballade romantique, en Espagne vers la fin du XVIIIe siècle, dérivé du fandango, joué par les troubadours à la guitare sur un tantôt binaire tantôt ternaire, qui accompagnent un couple de danseurs qui joue des castagnettes.

Le boléro cubain apparaît avec Tristeza composée en 1883 par José Sanchez, et est adopté ensuite par les mexicains, puis par toute l'Amérique latine.

 

L'œuvre a pour origine une commande de la danseuse et mécène russe Ida Rubinstein, qui demanda à Ravel de créer un ballet à caractère espagnol. Ravel envisagea d'arranger des extraits d'Iberia, un ensemble de morceaux pour piano d'Isaac Albéniz, mais il ne put en obtenir les droits car Albéniz les avait déjà cédés à son élève Ferdinand Enrique Arbos. Son travail était déjà entamé quand il apprit l'exclusivité d'Arbos, et quoique celui-ci fut prêt à lui céder gracieusement ses droits, Ravel qui avait prit ombrage de la situation décida d'écrire une œuvre entièrement originale.

Boléro est une des dernières œuvres écrites par Ravel avant que la maladie ne le force à la retraite. Les seuls morceaux qu'il a composés par la suite sont le Concerto pour la main gauche en ré majeur, le Concerto pour piano et orchestre en sol majeur et la chanson Don Quichotte à Dulcinée.

Le Boléro est écrit pour un grand orchestre se composant de deux flûtes, piccolo, deux hautbois, hautbois d'amour, cor anglais, clarinette mi bémol, deux clarinettes si bémol, clarinette basse, deux bassons, contrebasson, quatre cors ,  piccolo en ré, trois trompettes, trois trombones, tuba, trois saxophones (un sopranino, un soprano et une ténor), trois timbales, deux caisses claires, des cymbales, tam-tam, célesta, harpe, violons, altos, violoncelles et contrebasses. Une exécution moyenne dure une quinzaine de minutes.

Le morceau a une structure très simple - il consiste presque entièrement en deux mélodies simples de boléro, longues de dix-huit mesures chacune, répétées sans cesse, orchestrées différemment chaque fois, et jouées de manière crescendo. Il commence tranquillement, par la mélodie jouée par la flûte en do majeur au-dessus d'un rythme d'ostinato joué par une caisse claire qui continue pendant tout le morceau (pour les dernières minutes, il est joué par deux tambours à l'unisson):

La mélodie est passée entre les différents instruments, clarinette, basson, clarinette mi bémol, hautbois d'amour, trompette, saxophone, cor et ainsi de suite. L'accompagnement devient graduellement plus fort jusqu'à ce qu'a être interprété, à la fin, par l'orchestre tout entier. Juste avant la fin (répétition numéro 18), il y a un changement soudain de tonalité en mi majeur, bien que le do majeur soit rétabli après juste huit mesures. Six mesures avant la fin, le tambour basse, les cymbales et le tam-tam font leur première entrée et les trombones jouent glissandi tandis que l'orchestre entier bat le rythme qui a été joué sur la caisse claire depuis la toute première mesure. Le morceau finit par un accord en do majeur.

Dans un entretien avec le London's Daily Telegraph, Maurice Ravel a indiqué : « Je voudrais surtout qu'il n'y ait pas de malentendu sur ce travail. Il s'agit d'une expérience d'un type très particulier. Avant sa première représentation, j'avais prévenu que ce morceau de 17 minutes n'était constitué que d'un unique et long crescendo ininterrompu. Il n'y a pas de contrastes, et pratiquement pas d'innovation à l'exception de la structure et du mode d'exécution. Les thèmes sont impersonels - des mélodies classiques hispano-arabes. Et (quoi qu'il ait été dit le contraire) l'écriture orchestrale est simple et directe du début à la fin, sans la moindre recherche de virtuosité ».

Le morceau eut un grand succès lors de la première à l'opéra de Paris le 22 novembre 1928. Il est depuis resté populaire mais il est habituellement joué comme morceau purement orchestral et est rarement mis en scène. Ravel a prétendu être légèrement embarrassé qu'un morceau qui, dans ses mots, était « sans musique », devint si connu. On rapporte à ce sujet l'anecdote suivante: Lors de la première du Boléro, une dame cramponnée à son fauteuil s’écriait : « Au fou! Au fou! » A Maurice Delage qui était auprès de lui, Ravel dira, clignant de l’œil : « En voilà une qui a compris ! »