LULLY Jean-Baptiste

"Monsieur de Lully, escuyer, conseiller, Secrétaire du Roy, Maison, Couronne de France & de ses Finances, & Sur-Intendant de la Musique de sa Majesté"

1632 - 1687

 

 

Cléonte en Grand Turc.

Le Bourgeois Gentilhomme 

Marche Pour La Cérémonie Des Turcs

Comédie-ballet montée à Chambord, pour le divertissement du Roi le 14 octobre 1670, et représentée en Public, à Paris, pour la première fois, au théâtre du Palais-Royal, le 23 novembre 1670 par la Troupe du Roi.  La pièce résulte d'une commande du roi lui-même qui voulait un «ballet turc ridicule». Louis XIV avait été affecté par le mépris manifesté par l'ambassadeur du Grand Turc (le sultan ottoman d'Istamboul), Soliman Aga, lors de la réception donnée en son honneur à Versailles en décembre de l'année précédente.
Insensible à l'attrait du «kawah» (le café) que l'ambassadeur avait fait découvrir à la Cour, le roi attendait de Molière qu'il le vengeât de ses mauvaises manières.

 

Peut-on imaginer une telle association : Molière et Lully travaillant en commun à un spectacle révolutionnaire, la comédie-ballet ? Pour la première, le texte, celui en l'occurrence du Bourgeois gentilhomme se fond dans la musique ainsi que dans la danse. 

Neuf ballets verront le jour avant la rupture brutale entre les deux génies et la disgrâce de Molière.

 

"Le Roi ayant voulu faire un voyage à Chambord pour y prendre le divertissement de la chasse voulut donner à sa cour celui d'un ballet, et comme l'idée des Turcs, qu'on venait de voir à Paris, était encore toute récente, il crut qu'il serait bon de les faire paraître sur la scène" écrit le chevalier d'Arvieux dans ses mémoires.

Il est vrai que la visite à la Cour de l'envoyé de la Porte en novembre 1669 avait laissé un souvenir cocasse. Croyant avoir affaire à l'ambassadeur du Grand Turc en personne, Louis XIV s'était présenté dans le plus grand faste possible pour impressionner son hôte: son brocart d'or était tellement couvert de diamants "qu'il semblait environné de lumière"; son chapeau était orné d'un "bouquet de plumes magnifiques". Les gentilshommmes étaient à l'image du maître, groupés dans la salle d'audience, où un trône d'argent avait été dressé sur une estrade.
C'est alors que le chevalier d'Arvieux, qui devait tenir la fonction d'interprète auprès du Roi, découvrit, en relisant la lettre du Grand Seigneur, que le mot "Elchi", qui veut dire "ambassadeur", ne s'y trouvait pas et que Soliman Aga n'était pas ambassadeur. Tout le luxe déployé se trouva alors totalement injustifié! Afin d'échapper au ridicule qui le guettait, Louis XIV eut l'idée de commander à Lully "un ballet turc ridicule" transférant ainsi les moqueries sur les turcs.

Le chevalier d'Arvieux raconte :

"Sa majesté m'ordonna de me joindre à Messieurs Molière et de Lully pour composer une pièce de Théâtre où l'on pût faire entrer quelque chose des habillements et des manières des Turcs. Je me rendis pour cet effet au Village d'Auteuil, où M. de Molière avoit une maison fort jolie. Ce fut là que nous travaillâmes à cette pièce de Théâtre... Je fus chargé de tout ce qui regardoit les habillements, les manières des Turcs... Je demeurai huit jours chez Baraillon le maître tailleur, pour faire les habits et turbans à la Turque (...)."

La comédie-ballet fut jouée pour la première fois le 14 octobre 1670 à Chambord, Molière dans le rôle de M. Jourdain et Lully, habitué aux rôles comiques, dans celui du Grand Muphti.

Cérémonie pour les Turcs.

 

A cette occasion, Louis XIV, qui n'était pas sans humour joua un tour à ses courtisans. Après la représentation, le Roi ne dit pas un mot à Molière pendant le souper. Les courtisans commencèrent alors à critiquer la pièce de façon acerbe. Le pauvre Molière dut attendre cinq jours avant de rejouer la pièce. Après la seconde représentation, le Roi, qui n'avait pas encore porté son jugement eut la bonté de dire à Molière: "Je ne vous ai point parlé de votre pièce à la première représentation, parce que j'ai appréhendé d'être séduit par la manière dont elle avait été représentée, mais, en vérité, Molière, vous n'avez encore rien fait qui m'ait tant diverti, et votre pièce est excellente." Molière fut rassuré par ces paroles et aussitôt couvert de louanges par les courtisans...
La Comédie-ballet fut reprise les 16 et 20 octobre suivants à Chambord puis les 11 et 13 novembre à St-Germain-en-Laye. Outre l'irrésistible Cérémonie des Turcs, le début de la pièce est très musical grâce au dialogue entre le maître de musique et le maître à danser.

Consultez la partition
M. Jourdain est un bourgeois enrichi qui tente de s'infiltrer dans le grand monde. Pour ce faire, il prend plusieurs initiatives : il refuse le mariage de sa fille Lucile avec Cléonte, qui a le tort de ne pas être un gentilhomme; prend des cours de musique, de danse, d'épée et de philosophie, commande des habits onéreux à son tailleur; côtoie un Dorante, un comte qui lui extorque des fonds en échange de certains contacts avec la cour; courtise enfin une marquise : Dorimène, amante cachée de Dorante, et lui organise un petit ballet en son honneur. Le Bourgeois assiste donc aux répétitions du spectacle. C'est au cours du dialogue entre le maître de musique et le maître à danser que l'on mesure l'importance de ces deux arts à l'époque. Le Maître de musique montre à son client ses compositions:

- Air de l'Elève du Maître de Musique
- Air pour la Sérénade "Je languis nuit et jour"

M. Jourdain trouvant l'air un peu triste, se pique de montrer l'exemple en entonnant une chanson ringarde à l'époque :"Je coyais Jeanneton".
- Dialogue en musique.
Ensuite, viennent les répétitions de danse.
- 1er Intermède montrant les caractères de la danse.
- Monsieur Jourdain prend un cours de danse sur le Menuet des Amants Magnifiques.
Après son cours de maniement de l'épée très sportif et son cours de philophie, M. Jourdain rencontre son tailleur.
- Air des Garçons Tailleurs.
- 2ème Intermède : 2ème Air des Garçons Tailleurs.

Vient alors l'heure du repas.
- 3ème Intermède : Les Cuisiniers
Lorsque les invités Dorimène et Dorante se mettent à table, les musiciens chantent deux airs à boire.
- Chansons à boire
Cléonte de son côté, fâché de ne pouvoir épouser Lucile, prépare un plan machiavélique. Il se fera passer pour le fils du Grand Turc. Ebloui par la position sociale de ce nouveau prétendant, M. Jourdain ne pourra pas lui refuser la main de sa fille. C'est alors que vient la pièce maîtresse de cette comédie-ballet. Pour impressionner M. Jourdain, une troupe menée par Covielle, élève le Bourgeois au rang de Mamamouchi au cours d'une grandiloquente cérémonie turque. Le Grand Muphti préside le rituel de façon très solennelle.
- 4ème et dernier Intermède : la Cérémonie Turque
- Marche pour la Cérémonie Turque
- 1ère Invocation
- 1er Récit du Muphti
- Dialogue du Muphti et des Turcs
- 2ème Récit du Muphti
- 3ème Récit du Muphti et Choeur des Turcs
- 2ème Air
- 2ème Invocation
- 4ème Récit du Muphti et Choeur des Turcs
- 3ème Air pour donner le turban
- 5ème Récit du Muphti et Choeur des Turcs
- 4ème Air pour les coups de sabre
- 6ème Récit du Muphti et Choeur des Turcs
- 5ème Air pour les coups de bâton
- 7ème Récit du Muphti et Choeur des Turcs
- 3ème Invocation
- Marche

M. Jourdain, fortement impressionné, consent à l'union de sa fille avec le fils du Grand Turc (en réalité Cléonte). Le notaire dressera les papiers nécesaires à l'union pendant que le spectacle prévu se déroulera. Tout le monde assiste alors au Ballet des Nations, où se succèdent les récits suisses, gascons, espagnols, italiens et français.

http://sitelully.free.fr/bg.htm