CHARPENTIER Marc Antoine 

1643 - 1704

 

Almanach royal de 1682

Dans le coin, en bas, à gauche, portrait présumé de Charpentier tenant dans ses mains une partition. Ce personnage ne peut qu’être l’auteur du menuet de Strasbourg signé « Mr Charpentier » aux côtés de sa protectrice : Mme de Guise

 

Intermède de Circée H.496

 

Tragédie en musique, ornée de machines, de changements de théâtre et de musique, sur un texte de Thomas Corneille (1625 - 1709), et des divertissements de Donneau de Visé (1638 - 1710), créée le 17 mars 1675 dans le théâtre de la rue Guénégaud. Circé connut soixante-seize représentations.  Au départ, les intermèdes s'exécutaient avec, en plus des six violons d'orchestre, six autres violons et un clavecin sur la scène. Lully fit interdire les six violons supplémentaires et tout chanteur ou danseur étranger à la troupe.

L'opéra est inspiré de la légende de la magicienne Circé, qui avait transformé en porcs les compagnons d'Ulysse. Un important appareil scénique fut utilisé lors de la première représentation de l'œuvre

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La musique vocale profane

 

Les intermèdes

Dans les comédies-ballets écrites en collaboration avec Molière, Charpentier montre de grandes dispositions pour la musique de théâtre, notamment dans les scènes comiques de caractère grotesque ("La la la bonjour !" du Mariage forcé H.494) ou mêlant le parlé et le chanté (premier et troisième intermèdes du Malade imaginaire H.495).

 

Dans les pièces à machines comme Circé H.496 ou Andromède H.504, la présence de la musique (danses, chansons et chœurs) qui s'insère entre et dans les actes récités est très importante même si elle n'était estimée alors que comme un "ornement", alors que la première place revenait aux décors et aux machineries extraordinaires qui faisaient le succès de ces œuvres. Ainsi Pierre Corneille considérait que sa "pièce n'est faite que pour les yeux", alors que les machines "en font le nœud et le dénouement, et y sont si nécessaires que vous n'en sauriez retrancher aucune que vous ne fassiez tomber tout l'édifice

 

Les divertissements

Les divertissements ou petits opéras, par leur variété de ton et d'inspiration, forment encore une part très personnelle du répertoire profane du compositeur où sont mis en scène des bergers, des allégories ou des personnages de la mythologie. Des œuvres comme Actéon H.481 ou La Descente d'Orphée aux enfers H.488 s'avèrent être même très proches de l'univers de l'opéra, non seulement en raison du thème choisi, mais aussi par leur indéniable dimension dramatique et psychologique telle qu'on peut l'entendre dans la plainte d'Actéon et le chœur de lamentations qui lui succède, ou encore dans la mort d'Eurydice et le récit d'Orphée à l'entrée des enfers. À la lisière du profane et du sacré, les Pastorales sur la naissance de Notre Seigneur Jésus Christ H.482, H.483 conjuguent l'émotion religieuse et l'ambiance naïve et galante du monde des bergers.

 

La tragédie en musique

"Piqué contre Lully, qui réunissait tous les suffrages, il changea son goût de musique naturelle, afin de ne point ressembler au simple de Lully, et ne voulut plus faire que de la Musique très difficile, mais en même temps d'une harmonie, et d'une science jusqu'alors inconnue aux François : ce qui lui attira le titre de compositeur barbare" (C. et F. Parfaict, Histoire de l'Académie Royale de Musique).

 

S'il est vrai que Médée H.491 se conforme au modèle lullyste (prologue à la gloire du roi, large place faite au récitatif, divertissements obligés comme la scène des enfers de l'acte III...), Charpentier ne put s'empêcher de recourir à son écriture personnelle dans laquelle se déploient une veine mélodique remarquable, un orchestre coloré et une harmonie recherchée qui portent la tragédie à des sommets d'une rare émotion (grand air de Médée de l'acte III, mort de Créuse).

 

Aussi l'œuvre tomba-t-elle sous le coup des "cabales des envieux et des ignorants". Le Cerf de La Viéville qualifia Médée de "méchant opéra", mais Brossard défendit l'ouvrage, affirmant que "c'est celui de tous les opéras sans exception dans lequel on peut apprendre plus de choses essentielles à la bonne composition

 

Les AIRS et les cantates

Charpentier a écrit quelque trente-cinq "airs sérieux et à boire" allant du registre galant et pastoral (Auprès du feu l'on fait l'amour H.446, Tout renaît, tout fleurit H.468) à la chanson bouffonne (Beaux petits yeux d'écarlate H.448, Veux-tu compère Grégoire H.470), en passant par des pièces plus dramatiques (Tristes déserts H.469, Rendez-moi mes plaisirs H.463).

 

Contrairement à l'ensemble de son œuvre, la plupart de ces pièces a été publiée du vivant du compositeur, en particulier dans le Mercure galant, ou dans les premières décennies du XVIIIe siècle, dans les Recueils d'airs sérieux et à boire et les Mélanges de musique de l'éditeur Ballard. Presque tous les auteurs de ces airs sont restés anonymes, à part Pierre Corneille (Stances du Cid H.457-459) et de Jean de La Fontaine (Brillantes fleurs naissez H.449).

 

Charpentier fut précurseur dans le domaine de la cantate en France avec plusieurs pièces en italien et en français, notamment Orphée descendant aux enfers H.471 où il combine avec bonheur les impératifs de la déclamation française et la richesse harmonique italienne.

http://www.charpentier.culture.fr/fr/html/oeu/mvp003/oeu_mvp003.htm