La
musique vocale sacrée
LES
MESSES
Pendant
tout le XVIIe et une grande partie du XVIIIe siècle, la messe chantée
en France est
restée
à l'écart des courants stylistiques affectant les autres formes de musique
profane et sacrée. La plupart des messes que l'on pouvait entendre à Paris
et en province sous le règne de Louis XIV étaient soit en plain-chant,
soit en style polyphonique ancien,
écrites parfois depuis plusieurs décennies et adaptées au goût du jour par
des accompagnements instrumentaux.
Aussi les onze messes vocales en style concertant
laissées par Charpentier prennent-elles un relief particulier et revêtent même
un éclat tout à fait exceptionnel. La variété apportée par les effectifs,
la destination liturgique et l'écriture ne l'est pas moins : double chœur (Messe
à 8 voix et 8 violons et flûtes H.3) et même quadruple chœur (Messe
à quatre chœurs H.4), messes pour les défunts (Messe pour les trépassés
H.2, Messe des morts à 4 voix H.7, Messe des morts à 4 voix et
symphonie H.10), monodie
et faux-bourdon
(Messe pour le Port Royal H.5), parodie
(Messe de minuit H.9) Les
motets
En
France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, le terme de "motet" est
vague, désignant toute composition en latin (excepté la messe), de
toutes dimensions, de tous effectifs, destinée aussi bien aux offices
liturgiques qu'aux cérémonies para-liturgiques comme les saluts au
saint sacrement. Aujourd'hui, on distingue plusieurs types de motets.
La création du grand motet dit "versaillais" est due à Lully
(son Miserere de 1664 devient une sorte de modèle), ainsi
qu'aux deux sous-maîtres de la Chapelle royale en fonction de 1663 à
1683, Henry Du Mont et Pierre Robert. Les grands motets sont le plus
souvent composés sur les textes des Psaumes de David qui
connaissent alors une exceptionnelle faveur.
Sur le plan musical, le grand motet se présente d'un seul tenant pour évoluer
peu à peu vers une structure en numéros séparés, calquée sur la
division en versets du psaume. Il est composé de symphonies
orchestrales, de sections pour voix seule ou groupe de solistes qui
alternent avec les interventions du chœur.
Le petit motet est né en Italie au début du XVIIe siècle. Il
s'implante d'une manière caractéristique en France en 1652, avec les Cantica
sacra d'Henry Du Mont. Par la suite, la plupart des compositeurs
français écrivent à leur tour des petits motets, en plus ou moins
grande quantité. Le plus prolifique et le plus représentatif est
Charpentier dont le corpus compte près de 300 numéros.
Il existe un troisième type de motet destiné aux chapelles ou aux églises
n'ayant pas les ressources de la Chapelle royale, qui n'emploie qu'un
petit nombre de chanteurs réunis en formation de chœur et la basse
continue.
L'œuvre de Charpentier est particulièrement riche de ces pièces, témoignages
de sa carrière musicale à Paris et non à la cour.
L'apport de Charpentier dans le cadre du motet, dans tous ces aspects,
est considérable. Du couvent à l'église, le compositeur a largement
contribué aux nombreux cérémonials religieux de son temps, des plus
intimes aux plus festifs. On compte quatre-vingt-trois psaumes,
quarante-huit motets pour l'élévation, trente et une leçons de ténèbres,
quarante-deux antiennes, etc. Charpentier a traité dix fois le Magnificat,
sept fois le De profundis, six fois le Dixit Dominus et
le Laudate Dominum omnes gentes, cinq fois le Beatus vir qui
timet Dominus, etc.
http://www.charpentier.culture.fr
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