BOÎTE à outils

La collégiale Saints-Michel-et-Gudule

vue du sud-ouest, XVIIIe siècle, toile, 64 x 80 cm, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique.

Marie-Thérèse Adams et Frans Verven.

 

Le catalogue de 1821 mentionne la peinture sous le titre 'Représentation exacte de l'église SS. Michel et Gudule, à Bruxelles, avant les changements qui y ont été faits'. Fort probablement, il est fait référence ici au fait que la balustrade dégradée ceinturant le cimetière a été démolie en 1804, alors qu'elle est représentée en bon état tant dans la peinture que dans la gravure. Cette clôture, ainsi que l'escalier monumental, avaient été aménagés entre 1705 et 1707...(d'après Liesbeth De Belie, in 'Le peintre et l'arpenteur')

Reconnaissable de loin à ses tours en gothique brabançon, la cathédrale Saints-Michel et Gudule fut érigée sur une des collines de Bruxelles. Elle deviendra le sanctuaire principal de la Ville lorsque les reliques de sainte Gudule furent déplacées de l'église castrale Saint-Géry. Elle subit de nombreuses transformations au cours des siècles, dont il subsiste des témoins dans les sous-sols de l'édifice (accès à la crypte archéologique à gauche de la nef centrale). L'archiduchesse Isabelle fit tracer au XVIIe siècle une petite ruelle qui permettait un accès direct du palais ducal à la cathédrale. Elle disparut au début du siècle lors de la construction du Palais des Beaux-Arts par Victor Horta.

 

Première paroisse de Bruxelles, Saint Michel remonte probablement au VIIIe siècle. Saint-Jacques sur Coudenberg, Saint-Nicolas et Saint-Géry en seront dépendantes par la bulle d'Alexandre III, éditée en 1174. La même année, on entamera la construction de l'église de la Chapelle, pleinement consacrée en 1210. C'est en 1047 que le comte de Louvain, Lambert II Baldéric, transféra les reliques de Sainte Gudule (morte en 712 dans son château de Ham), de la chapelle Saint-Géry à l'église Saint-Michel (cet apport consacrera Saint-Michel en tant que collégiale).

 

La légende veut que lorsqu'on ouvrit son cercueil pour s'assurer de son contenu lors de son arrivée dans la chapelle, une obscurité profonde se fit, causant la terreur de l'assistance dont celle de Charles de France. Pour conjurer le sort, trois jours de jeûne et de prière furent décrétés. Ses reliques furent dispersées en 1579 par les iconoclastes.

Aujourd'hui, seuls demeurent quelques vestiges de l'église romane initiale dont une grande partie disparut lors d'un incendie en 1072. Il s'en suivi le remplacement progressif du style roman par le gothique, à commencer par le chœur du XIIIème siècle, la nef, les bas-côtés et les chapelles du siècle suivant. Les escaliers monumentaux ne furent construit qu'au XVIIIe siècle. Leur reconstruction bénéficia de l'aide de plusieurs ducs de Brabant en échange d'indulgences. Elle fut érigée en Collégiale jusqu'en 1961, date à laquelle elle acquit le rang de cathédrale. On y a célébré le mariage du prince Philippe et de Mathilde d'Udeckem d'Acoz en 1999.
 

Les Bruxellois vénéraient en sainte Gudule la victoire de la lumière sur les ténèbres et en Saint-Michel le fait d'avoir terrassé le démon. L'ésotérisme est fort présent dans ce lieu. Un exemple ? Les signes du zodiaque derrière le maître-autel.

 

La présence du saint Sacrement dans la chapelle nord de la cathédrale s'explique par les visions d'une hostie lumineuse, vision à laquelle aurait assisté, en 1436, un tisserand nommé Jean. Déclaré miraculeux par le chapitre qui comprenait un trésorier, un bâtonnier, un inspecteur des écoles et un maître de chant, l'hostie fut vénéré par Charles le Téméraire.

 

En 1540, Saint-Michel et Gudule sera orné de vitraux de Bernard Van Orley. Elle contenait notamment une cave à vin qui causera des jalousies à un point tel que les chanoines devront intervenir auprès de Charles-Quint. Le bâtiment échappera aux bombardements du maréchal de Villeroi en 1695. Restaurée dans le style rococo par l'architecte Dewez en 1770, la cathédrale accueillera, en 1803, le premier consul Bonaparte et son épouse Joséphine après que les iconoclastes français aient saccagé une partie du patrimoine ecclésiastique.

 

Roger Van der Weyden, dont l'atelier se situait Montagne de la Cour, repose dans la cathédrale. On ne sait cependant qu'une chose : il repose dans un collatéral, quant à savoir lequel…. Baudelaire vanta les vitraux tandis que Nerval la compara à une femme agenouillée au bord de la mer. Rodin n'hésitera pas à la comparer à la perfection de la Joconde.

 

Pour l'anecdote, il faut savoir que les chaises d'église étaient inexistantes au Moyen-Age. Le sol était jonché de paille, de verdure ou de fleurs, selon les circonstances. Le Christ en croix n'est représenté que depuis le VIème siècle.

Voir aussi:

Sainte Gudule

The master of the view of Sainte Gudule