Le texte descriptif

Décrire c'est reconstruire le réel dans un discours en sélectionnant des "objets", des thèmes et en les caractérisant. Il s'agit de répondre à la double question :

Et, s'il s'agit d'un texte littéraire,

La structure descriptive

On peut décrire un décor, une action (description du déroulement d'une réunion) ou un être (chose, animal, humain) au repos ou en mouvement. L'ensemble de ces "objets" de la description (la nomenclature) est parfois représenté par un arbre :

L'OBJET global de la description, le thème, est

situé dans l'espace et le temps;

caractérisé : dimensions, nombre, effets produits sur les cinq sens, formes,...

relié à d'autres objets qui l'accompagnent ou le constituent.

Cet objet global de la description peut donc conduire à envisager un ou des objets secondaires. Le schéma, l'arbre, devient alors :

Une autre structure, plus simple, consiste à partir d'un détail, d'un point de vue pour découvrir un ensemble et conduire à un trait final.

Décrire c'est choisir

Un texte scientifique, un inventaire de notaire, un procès-verbal de policier s'attacheront à décrire le plus complètement possible un fait, un événement ou un lieu. Ce n'est pas l'objectif de la plupart des descriptions littéraires où l'auteur choisit les informations qui créeront une impression d'ensemble. Comme un peintre, à partir des éléments qu'il observe dans le monde naturel, invente, selon son gré, un monde artificiel; l'écrivain choisit dans les cent cinquante maisons d'un village, d'ailleurs peut-être fictif, de n'en montrer qu'une qui convient au personnage et à l'intrigue qu'il élabore et encore, de cette maison, ne conservera-t-il que les éléments signifiants, susceptibles de révéler sa vision du monde. C'est pourquoi on oppose dans les manuels les descriptions objective et subjective.

Choix des objets de la description donc, mais aussi de leur agencement : la description contraint à rendre compte par des mots d'images qui s'imposent de façon globale à la perception. Le discours verbal organise les éléments, les dispose les uns par rapport aux autres, mais, ce faisant, les sépare aussi : noter que telle couleur s'harmonise à telle autre, c'est les relier dans le discours, mais les séparer de la perception qui était, à l'origine, globale. Bref, la description analyse, sépare (de manière "digitale ") ce que la perception synthétise, perçoit globalement (de manière "analogique"). Certains auteurs, contemporains surtout, essayent d'ailleurs que leur description verbale se rapproche de la perception analogique en dissimulant les signes distinctifs des séquences descriptives (emploi de l'imparfait, haute fréquence des verbes exprimant un état, basse fréquence des verbes d'action, formules de caractérisation : adjectifs qualificatifs, relatives, etc. )

Dans la pratique des textes, une description est toujours le produit d'un acte de sélection rigoureux qui engage totalement une subjectivité énonciative et cela pour plusieurs raisons :

  1. On ne perçoit pas la totalité de ce qui est perceptible.
  2. On ne verbalise pas la totalité de ce que l'on perçoit.
  3. On décrit en fonction de ses connaissances (de la langue et du monde) et de celles estimées partagées par le lecteur.
  4. La description dépend du type de discursivité du texte dans lequel elle se déploie [type de texte : publicité, guide touristique... et intention : informer, convaincre, divertir, raconter...].
  5. La description doit se soumettre aux contraintes du scriptural. [La description est toujours linéaire alors que la perception est globale.]
  6. La description varie selon les genres et possède sa propre historicité. [Les auteurs citent les descriptions ornementale, expressive et représentative]
  7. La description est fonction du rôle qu'elle joue dans l'économie interne d'un texte.

Ces fonctions sont les suivantes :

à cela s'ajoute une fonction que l'on pourrait appeler expressive puisque dans la description se manifestent aussi les évaluations et le savoir de l'auteur.

 

 

Le portrait

Ce qu'on appelle portrait désigne une description de personne ou de personnage.

Le portrait peut à lui seul constituer un texte (La Bruyère, par exemple, en est spécialiste) mais le plus souvent il s'intègre dans un texte plus vaste : récit court, roman, article de journal, interview, ...

Il peut prendre quelques lignes (dans une interview, dans un article non centré sur un individu) ou un paragraphe entier voire plusieurs pages (récit, roman, article centré sur un ou plusieurs personnages).

Dans les personnes que nous rencontrons, une multitude de détails se présentent à nous grâce à quoi nous pouvons les reconnaître entre mille autres.

Un personnage littéraire, par contre, doit être réduit à ses traits significatifs. Qu'il s'agisse d'une biographie ou d'un court paragraphe descriptif, il est inutile de noter le groupe sanguin ou la pointure d'un personnage, sauf si cela sert l'intrigue (roman policier, par exemple).

Cependant, il sera très fécond de rechercher une idée maîtresse qui servira de fil conducteur : trait de caractère représenté par une particularité physique : couperose, claudication, tic, bégaiement, par exemple.

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