Le spectacle théâtral

Un phénomène social universel.

Le lieu théâtral

Les gens du théâtre

Les textes de théâtre

Les conditions de la représentation

La distanciation

Quelques genres de théâtre

Petit lexique théâtral

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D'après LAUFER R. & LECHERBONNIER.

1. Le spectacle est un phénomène social universel.

Ce qui fait le spectacle, c'est le regard

Le spectacle met en oeuvre une série de processus psychiques. Il met en lumière et "réalise" les désirs insatisfaits dont notre imagination est porteuse.

Deux éléments surtout fondent le théâtre : un lieu et des gens.

2. Le lieu théâtral.

Différentes conceptions du lieu théâtral sont apparues progressivement. Elles survivent et chacune offre des avantages spécifiques.

a) Le théâtre en plein air

Grecs et Romains représentent leurs spectacles à ciel ouvert.

Dans l'Occident médiéval, les premières oeuvres de théâtre sont jouées dans les édifices religieux, elles illustrent les Écritures. D'abord intermèdes insérés dans la liturgie, les mystères et miracles ont été progressivement expulsés des édifices religieux.


LAUFER R. & LECHERBONNIER

Ils seront montés sur la place publique:

  • soit à même le sol
  • soit sur une estrade montée sur des tréteaux. Parfois ronde, elle dispose dans certains cas de trappes pour les substitutions de personnages.

Des panneaux décorés distinguent les lieux de l'action et les acteurs passent de l'un à l'autre. Parfois des rideaux enrichissent cet appareil technique.

En cas de mauvais temps, on joue dans les salles de sport (Jeu de Paume ).

b) théâtre "à la française"


(
DEGAINE)

Les premiers édifices consacrés à la pratique du théâtre sont l'Hôtel de Bourgogne (±1560) et le Théâtre du Marais.

A noter les gradins aménagés au fond : on y est loin mais on voit mieux.

c) théâtre élisabéthain (1550 - 1642)


(
DEGAINE)

Conçu en rond, ce lieu propose quatre aires de jeu : avant scène, scène, arrière-scène, balcon.

Deux théâtres connus à Londres : le Globe (Shakespeare) et Le Cygne.

Un site est consacré au Nouveau Théâtre du Globe reconstruit à l'identique.

d) théâtre à l'italienne XVIIIe-XIXe siècles


(
DEGAINE)

Voir et être vu, telle est la fonction de ce dispositif. Les spectateurs pauvres sont relégués aux étages supérieurs avec parfois des escaliers séparés. L'idée de base est que le spectateur doit être transporté dans un monde totalement différent : dépaysement, transfert. Une rampe éclaire la scène pas la salle, elle sépare acteurs et spectateurs. Le décor est en trompe-l'oeil. Le cadre de scène ressemble à un encadrement de tableau. La scène est le siège d'une machinerie complexe (la cage de scène : poulies, panneaux, trappes, glissières,...)

Le site de la Scala de Milan permet une visite virtuelle d'un tel bâtiment.

e) théâtre contemporain


Il est souvent joué sur des scènes polyvalentes. La cage de scène est supprimée. Par contre une régie, parfois placée dans la salle même, permet aux techniciens de contrôler certains éléments (sons, éclairage, effets spéciaux…) Un plafond technique est aménagé sur toute la salle (passerelles). L'isolation acoustique est poussée, et les normes de sécurité imposent certaines contraintes liées à l'évacuation rapide des spectateurs.

La scène et les gradins sont transformables pour jouer à l'italienne, à l'antique, à l'élisabéthaine, en annulaire, en éperon, en rond…

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3. Les gens du théâtre

a) Le rapport spectacle / spectateur

Chaque représentation est une aventure où la troupe doit intéresser le public. Selon les orientations, elle privilégie la réflexion (Brecht), la sensibilité (th. romantique) ou l'esthétique du corps (Pina Bausch), happening…

Le contexte de la représentation intervient évidemment dans la mesure où elle s'inscrit dans les problèmes que connaissent les spectateurs et qui peuvent être différents ou très proches de ceux que connaissait l'auteur de la pièce.

b) L'acteur

Il est selon les conceptions, simple instrument ou responsable de la représentation. Ce métier exige un travail important qui ne peut apparaître à la représentation. La diction et les gestes sont des signes qui commentent un texte et lui donnent un sens particulier. La sensibilité est vraie ou jouée (Diderot). On appelle rôle de composition la façon mémorable, inattendue d'un acteur de jouer un personnage.

Quand la personnalité de l'acteur s'enrichit d'une autre vie, il peut ressentir un état quasi mystique, avoir l'impression d'une révélation intérieure.

c) Les techniciens

Scénographe : il produit de simples toiles peintes ou un dispositif à grand spectacle. Le décor est réaliste (il cherche à créer l'illusion de la réalité) ou suggestif (il fait allusion à la représentation de la réalité, il annonce explicitement qu'il s'agit d'un "jeu" théâtral). A partir d'un dessin puis d'une maquette, le décor sera souvent réalisé de manière à pouvoir être démonté et transporté.

Éclairagiste : il peut jouer sur l'intensité, la focalisation, la couleur, les changements doux ou brutaux. Dans certaines scénographies, la lumière dessine un décor à elle seule.

Costumier : Contemporains ou anciens, les costumes doivent éviter de paraître trop neufs. De plus ils imposent à l'acteur certaines contraintes (mouvements, démarche, voix). Parfois ils produisent un contraste, parfois ils agissent en redondance. A travers le choix du costume, apparaît aussi l'option réaliste ou allusive du metteur en scène.

Maquilleur : Les cosmétiques permettent de modeler et d'accentuer les traits. Des postiches et des rembourrages peuvent dessiner le corps ou le transfigurer.

d) Le metteur en scène

Au XXe siècle, le théâtre est autant affaire de mise en scène que de texte et le spectacle théâtral, en se détachant du texte écrit préexistant, est en voie de prendre son autonomie. Quelques grands noms (Antoine, Copeau, Jouvet, Pitoëff, Barrault, Vilar, Brecht, Mnouchkine…)

En Belgique : Philippe Sireuil, Valérie Cordy, Frédéric Dussenne…

La mise en scène est le travail qui donne à la représentation sa cohérence. Le choix de la scénographie, des acteurs, fait de chaque mise en scène une oeuvre unique. L'occupation du plateau, le décor, les costumes, le jeu des comédiens, leur diction… sont autant de signes qui, ensemble, suscitent du sens.

4. Les textes de théâtre

Le texte de théâtre est aisément identifiable à la présence des didascalies, indications plus ou moins détaillées pour la mise en scène.

Du XVIIe au XXe siècle, le théâtre s'est surtout servi de textes d'écrivains.

Actuellement à côté de ce type de travail, on rencontre de plus en plus de créations élaborées à partir d'improvisations parfois collectives. Quelquefois même le texte s'efface. Cela pose d'ailleurs question : où commence le théâtre et où s'arrêtent le mime, la danse ?

5. Les conditions de la représentation

a) impératif de temps

Alors qu'un roman dispose d'un temps illimité, le théâtre tient entre 1 et 4 heures. L'action s'y déroule en temps réel (Le Roi se meurt d'Ionesco); ou selon une durée conventionnelle (théâtre classique français : règle des trois unités) ou encore par les ellipses et les flash-back, certaines œuvres présentent une structure enchâssée beaucoup plus complexe.

b) impératif scénique

Visuelle, la pièce de théâtre doit éviter le statisme, l'immobilité. D'où la nécessité de coups de théâtre, de rebondissements plus ou moins inattendus. Il est difficile d'utiliser longuement le système de la relation (quand un personnage raconte les événements), en effet, le sens n'apparaît pas uniquement à partir de ce qui sort de la bouche des personnages. Toute la scénographie, toute la mise en scène est parlante. Il faut aussi montrer l'abstraction : le mépris, la solitude, l'amour, l'espace, le temps…

Lorsque l'action se passe dans un espace multiple, il faut parfois modifier le décor quitte, dans certains cas, à interrompre la représentation.

D'autres techniques sont complémentaires du texte : jeu de l'acteur, gestuelle, costumes, décors, sons, éclairage, images additionnelles cinéma et vidéo, ombres chinoises…

 

6. Quelques genres de théâtre

On peut envisager plusieurs types de classement des œuvres de théâtre selon le genre, le ton, le degré de liberté des personnages, le dénouement, les sentiments suggérés, le contexte historico-littéraire…

a) la tragédie antique

catharsis : effet de "purgation des passions" (Aristote) que produit sur les spectateurs une représentation dramatique. Le spectateur se projette dans les actes et les sentiments des personnages et ainsi "nettoie" son âme de ses propres passions.

Cérémonie à caractère religieux en l'honneur de Dionysos, "la tragédie chante le combat que la raison, pour imposer son ordre, livre aux forces qui pèsent sur l'homme de tout le poids du Ciel ou qui fermentent dans son propre sang " (R. Pignarre, cité par Littérature et langages)

Eschyle, Sophocle et Euripide sont les grands noms du théâtre grec. Ils ont laissé des œuvres consacrées aux grands mythes antiques : Œdipe, Antigone, Phèdre, Iphigénie, Oreste… Ces mythes ont souvent été revisités plus tard.

b) Le théâtre médiéval

L'origine religieuse apparaît dans trois formes théâtrales : les miracles, les mystères et les passions.

La production profane est riche aussi : soties, farces et moralités. A retenir : la Farce de maître Pathelin.

c) le théâtre baroque

Le théâtre baroque se fonde sur l'idée que le monde est en équilibre instable (>< classique), il privilégie le mouvement, l'illusion, l'irrationnel, le décor. Il s'adresse plus à la sensibilité qu'à la raison. Il use de la folie, du déguisement, des intrigues complexes. Auteurs célèbres : Calderon, Shakespeare. En France : Corneille.

Plus tard, E. Rostand avec son Cyrano de Bergerac continue la même veine.

d) la Commedia dell'Arte XVIe-XVIIIe siècles

Née en Italie, elle se fonde sur des canevas traditionnels et des personnages aux caractères fixés : Arlequin, Pedrolino (Pierrot), Scaramouche, Colombine… A partir de ces matériaux, les acteurs improvisent.

Des sites consacrés à la Commedia.

e) le théâtre classique français

Basé sur le respect de certaines "unités" de temps, de lieu, d'intrigue, le théâtre classique présente des types "éternels", il vise à montrer des caractères humains en évitant le spectacle de la brutalité ou même des actions spectaculaires.

En comédie : Molière (L'Avare, La Malade Imaginaire, Tartuffe, Les Femmes Savantes, Don Juan...),

En tragédie : Racine reprend ses thèmes à l'histoire antique (Phèdre, Andromaque, Britannicus, Bérénice...).

Sans être proprement classiques : Marivaux (préciosité, déguisements, quiproquos) et Beaumarchais (légèreté, ironie, critique de l'Ancien Régime : Le Barbier de Séville, Le mariage de Figaro))

f) le théâtre romantique

En comédie : Musset

En drame : V.Hugo (Hernani, Ruy Blas), rompt avec le théâtre classique et emprunte au baroque autant qu'au Romantisme.

g) le théâtre symboliste

Maeterlinck (L'Oiseau Bleu, Pelléas et Mélisande).

h) la farce

Dès le Moyen-Age, la Farce de Maître Pathelin illustre la veine populaire. Le courant s'est maintenu bien que l'on ne conserve que peu de traces de cette littérature populaire. Au XXe, on la retrouve chez A. Jarry (Ubu Roi), Ionesco (La Cantatrice chauve), ou dans une pièce comme Le Père Noël est une ordure. La farce se distingue de la satire en ce qu'elle utilise des moyens plus "gros" pour susciter le rire.

i) la satire

Pour critiquer les travers sociaux ou individuels, le théâtre satirique les représente à travers des personnages: J. Romains (Knock, Topaze); J. Giraudoux (La Guerre de Troie n'aura pas lieu).

B. Brecht a créé le "théâtre épique" dans lequel il met en scène l'actualité (l'arrivée au pouvoir d'Hitler, l'oppression bourgeoise… afin de susciter la réaction de spectateurs (Mère Courage).

La théorie de la distanciation

Dans le théâtre ordinaire, on essaie de donner aux spectateurs l'illusion de la réalité. Ils doivent en arriver à croire que ce qu'ils voient est un morceau de vie réelle, avec des personnages de chair et de sang, animés par des émotions authentiques. L'un des triomphes de cette formule était obtenu quand le public du mélodrame romantique, non seulement huait le traître, mais l'attendait à la sortie des artistes pour lui faire un mauvais parti. On ne voyait plus en lui le comédien qui, dans la vie privée, pouvait être le meilleur des hommes, mais seulement l'affreux individu qui, pendant toute une soirée, avait odieusement persécuté une malheureuse orpheline, sous les regards d'un public horrifié.

Voilà qui est malsain, dit Brecht. Pris par l'émotion, le spectateur oublie de réfléchir à ce qu'a voulu dire l'auteur. Au lieu d'essayer de le faire entrer dans l'action, éloignons-le, "distancions-le" au contraire. Rappelons-lui qu'il est au théâtre, et non pas devant un fait réel. Que les comédiens ne cessent jamais d'être des comédiens. Que les décors ne cessent pas d'être des décors.

Pour arriver à ce résultat, Brecht employait toutes sortes de moyens: interruption de l'action par des chansons, par des projections, par des défilés de pancartes; décors et accessoires symboliques et non pas réalistes; emploi de masques ou de maquillages très élaborés; faculté pour le comédien de cesser tout à coup de jouer son rôle, pour s'adresser à l'assistance en tant que porte-parole de l'auteur; changement de décor "à vue", derrière ou devant un petit rideau coulissant horizontalement sur un fil tendu à mi-hauteur; présence des machinistes en salopettes sur le plateau...

j) le théâtre existentialiste (1945-1960)

Sur l'idée que l'homme n'existe que par ses actions et ses rapports avec les autres, J.-P. Sartre a produit (Huis Clos) et A. Camus (Caligula).

Sans être véritablement existentialistes, d'autres auteurs appartiennent à la même période: J. Anouilh (Antigone, Beckett ou l'honneur de Dieu, La Sauvage) :modernisations de thèmes mythiques ou historique); E. Ionesco (Le Roi se meurt); P. Claudel (L'Annonce faite à Marie).

k) le théâtre de l'absurde

Ce théâtre se fonde sur le non sens absolu de l'existence humaine. En attendant Godot de S. Becket en est le meilleur exemple. On peut aussi ranger sous cette "étiquette" le "Rhinocéros" de Ionesco.

l) autres tendances

théâtre fantastique (M. De Ghelderode, P. Willems…)

théâtre de boulevard (Labiche, Feydeau…) et la comédie légère (Achard, Guitry…

théâtre de marionnettes

théâtre dialectal

théâtre social (comme instrument de lutte ou de réinsertion).

théâtre scolaire

théâtre thérapeutique

7. Petit lexique théâtral

Aparté : (n.m.) propos d'un acteur qui est censé être entendu par les spectateurs tout en échappant aux autres personnages.

Confident : personnage secondaire qui reçoit les confidences d'un personnage principal, ce qui permet au spectateur d'être mis au courant des faits nécessaires à la compréhension de l'action.

Cour, jardin : le côté cour désigne la droite de la scène par rapport au spectateur, le côté jardin, le gauche. Ces termes sont hérités de la salle des machines du théâtre des Tuileries.

Dialogue : ensemble des paroles échangées entre les personnages d'une pièce.

Didascalie : (n.f.) indication de mise en scène fournie en dehors du texte de la pièce.

Dramaturgie : (n.f.) ensemble des techniques théâtrales utilisées par un auteur.

Jouer à bureaux (guichets) fermés: faire salle comble après avoir loué la totalité des places disponibles.

Metteur en scène : personne qui élabore et supervise le spectacle et assure ainsi son unité.

Monologue : (n.m.) propos qu'un personnage, seul sur la scène, se tient à lui-même révélant ainsi au spectateur ses sentiments. Scène constituée par ce type de tirade.

Protagoniste : acteur principal.

Quatrième mur : cette expression désigne la frontière invisible qui sépare les acteurs du public.

Pour en savoir davantage, lisez : Le quatrième mur par Axel RENEVEY (avec le travail de Tom Calcoen)

Quiproquo : (n.m.) effet de théâtre exploitant une méprise.

Récit : long développement par lequel un personnage généralement secondaire, vient exposer des faits qui se sont déroulés hors de la scène.

Réplique : (n.f.) partie du dialogue prononcée d'un seul tenant par un personnage.

Rôle de composition : rôle qui amène un acteur à travestir son aspect physique et sa voix.

Scénographie : (n.f.) ensemble des techniques qui envisagent l'organisation de la scène et ses rapports avec la salle.

Stichomythie : (n.f.) succession de répliques de longueur égale ou à peu près égale.

Théâtralité ou écriture théâtrale : ensemble des éléments qui donnent à un texte sa force théâtrale.

Tirade : (n.f.) longue réplique.

Trois unités (règle des) :La règle des trois unités est un ensemble de lois élaborées en France tout au long du XVIIe siècle, formulée explicitement pour la première fois par l'Abbé d'Aubignac. Régentant une bonne part du langage théâtral de l'époque, ces règles devinrent une des caractéristiques de ce qu'on appela plus tard le théâtre classique. [...] Ces règles sont basées sur la notion de vraisemblance.L’action ne doit pas dépasser une « révolution de soleil » (Aristote) (de 12 à 30 heures selon les théoriciens): unité de temps.   Toute l'action doit se dérouler dans un même lieu (un décor de palais pour une tragédie ou un intérieur bourgeois pour une comédie): unité de lieu.   Tous les événements doivent être liés et nécessaires. Une intrigue principale doit avoir lieu du début à la fin de la pièce. Les actions accessoires doivent contribuer à l’action principale. L'œuvre ne doit donc contenir qu'une seule intrigue majeure: unité d'action. (Wikipedia)

Qu'en un jour, qu'en un lieu, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli.
(Boileau)

D'après LAUFER & LECHERBONNIER.

Un lexique plus complet sur cette page.
et un Petit abécédaire du théâtre publié par les éditions Magnard : Ici

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 Mise à jour 05.01.2013