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La règle de transfert sémantique entraîne la polysémie et l'ambiguïté avec l'inconvénient d'obliger le locuteur à interpréter en fonction du contexte mais l'avantage de réduire le nombre de signes.
La polysémie est exploitée dans :
-les mots croisés :
"doivent être épluchées quand elles sont gonflées" " doit réfléchir sans penser"
- mais aussi dans les devinettes, combles, ressemblances et différences.
L'antanaclase joue sur ces ambiguïtés :
- Tu es Pierre et sur cette pierre, ... - Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas. - Grammaire de la poésie et poésie de la grammaire - Crise de la linguistique et linguistique de la crise - Conquête du plaisir et plaisir de la conquête.
Le zeugme (ou zeugma) associe à un verbe polysémique plusieurs compléments incompatibles entre eux mais compatibles un à un avec le verbe :
- ouvrir la fenêtre et son coeur - Ah, ah, dit-il en javanais et en colère car il connaissait les deux langues.
La synonymie annule les économies de la polysémie. Les synonymes sont des mots dont l'ensemble des sens se rencontrent sans se recouvrir entièrement. Le nombre de synonymes est fonction de l'intérêt que présente, pour une communauté, une aire conceptuelle (par exemple, le champ de la sexualité, de la femme est très étendu dans toutes les langues).
Parfois des synonymes se détachent :
- par évolution des signifiés : candide / blanc- par appartenance à des registres différents
mots techniques, scientifiques : coquilleniveaux de langue différents : bouffer / se nourrir/ ...
- par appartenance régionale : dîner / déjeuner; chausson / gozette;...
Il y a là aussi source de création littéraire :
... Hachamoth ne pensait pas plus que l'argent fît le bonheur qu'il n'estimait que les hépatoses rendissent sa vie intolérable. Plus que le pognon, les honneurs occupaient une place éminente dans la hiérarchie de ses félicités...(R. QUENEAU)
Toute vérité n'est pas bonne à dire, les mots ne nous sont jamais indifférents. La synonymie permet l'euphémisme. A défaut d'adoucir la réalité inacceptable, l'euphémisme adoucit le mot qui la désigne. Il est très utilisé surtout dans certains domaines à haut risques : mort, sexualité, maladie, politique. Comme la réalité résiste, l'euphémisme s'use et il faut fréquemment le renouveler.
- Mon bulletin n'est pas bon
La litote est un euphémisme particulier :
- Elle a vécu, Myrtho, la jeune Tarentine (A. Chénier)
L'étude des synonymes fait apparaître les valeurs respectives de la dénotation et de la connotation : en plus de leur sens dénoté (codage linguistique), les mots portent un sens connoté (codage culturel). Ainsi les noms d'animaux sont souvent porteurs de connotations :
- renard / chacal - aigle / vautour - chien / clébard / corniaud / ...
Les connotations sont l'ensemble des valeurs symboliques, idéologiques, les associations d'idées, l'ensemble des émotions et des jugements de valeur que suscitent les mots. Ces connotations évoluent, ainsi du mot paysan longtemps dévalué, il correspondait à niais, fruste; actuellement, il semble partiellement revalorisé sous l'influence du mouvement écologiste.
De même qu'il n'y a pas d'équivalences entre synonymes, il n'y en a pas non plus entre antonymes, puisque des mots différents peuvent avoir un même antonyme ( fille est l'antonyme de garçon et de femme ), et puisque un mot peut avoir autant d'antonymes que de sens (les antonymes de fille peuvent être fils, garçon, femme ). Pour former les antonymes, on dispose d'un outil particulier : les préfixes privatifs et négatifs :
inaltérable, antigouvernemental, non-violence, amoral, défaire,...
Mais ici non plus, la symétrie n'est pas absolue ( dénaturer, dépareiller,...)
De plus, le jeu des figures contrecarre cette polarisation :
Les idées noires peuvent vous faire passer des nuits blanches.
Les connotations contribuent à rompre la symétrie :
- patron / (matrone) patronne
Toutes ces assymétries expliquent l'agrammaticalité de certaines tournures :
on dit : "il est peu travailleur, peu courageux."
mais : "il est un peu paresseux, il est un peu trouillard."
Le dictionnaire est la référence (imparfaite), il est élaboré par un lexicographe dont le rôle est de réaliser un instantané de la langue à un moment donné de son histoire en se fondant sur l'usage moyen le plus acceptable, le plus répandu, dont il se fait juge. Or la communauté linguistique n'est pas homogène. Il est impossible d'éviter de faire des choix arbitraires, choix liés à la taille du dictionnaire, au public visé. Problèmes de fréquence et de diffusion des mots mais encore et surtout au jugement social sur la valeur et le statut des mots. Le lexicographe tranche entre ce qui se dit et ce qui ne se dit pas ou ce qui ne doit pas se dire. Or c'est le "bon usage" de la classe dominante, cultivée qui sert encore bien souvent de référence et le dictionnaire se fait le reflet des tabous, des préjugés, des divisions sociales de la classe qui le sécrète. Combien de mots français, d'un usage courant et bien connu de tous ne se trouvent dans aucun dictionnaire! Tout joueur de Scrabble est bien conscient que la référence obligée à un dictionnaire consacre la séparation entre le matériau linguistique du jeu -la langue du dictionnaire- et la langue réelle.
Mise à jour : 30.03.2008