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Vous souhaitez trouver un bref historique de la langue ?

Notes de linguistique française réalisées à partir de l'ouvrage de Marina YAGUELLO, Alice au pays du langage

7. L'effarant phénomène du phonème !

les fonctions du langage

le problème de la traduction

les spécificités du langage

l'arbitraire du signe

la redondance

le sens

le découpage des unités de langage

La langue est une combinatoire non-finie.

la double articulation

la grammaire

les morphèmes

les figures

les phonèmes

économie et gaspillage

la question de l'orthographe

la question du dictionnaire

les mots et les choses

la syntaxe

Un son et un seul suffit quelquefois à donner un sens différent à une séquence phonique par ailleurs identique, ainsi penser / danser .

Le lapsus est une confusion entre deux mots proches :

Lapsus et malentendus proviennent de la paronymie, la quasi-identité de deux mots. La poésie, le folklore enfantin, la publicité en font grande consommation :

Crocky je croque, Crocky je craque.
Chez les Papous il y a des papas à poux...
Rapeti peta,...

Cela met en évidence la fonction distinctive des phonèmes. Dénués de sens, ils servent à établir le sens des unités de rang supérieur : morphème, mot, suite de mots.

Tous les hommes naissent avec les mêmes capacités articulatoires, chez le bébé, les sons ont une valeur expressive, ludique et phatique. Puis l'enfant perd son aptitude naturelle à les produire au profit d'une aptitude culturelle. Cette régression accroît sa compétence passive (reconnaître les sons distinctifs) et diminue sa compétence active (capacité à les reproduire). D'où ce recours mi-ludique, mi-pédagogique aux phrases à pièges :

Un chasseur sachant chasser sans son chien,...
Qui hache un chou, cache un chat

Plus tard, il lui sera difficile d'entendre et d'articuler les sons qui n'ont pas de valeur distinctive dans sa langue, cela produira les phénomènes d'accent provenant de la tendance à rapprocher un phonème de la langue étrangère du phonème le plus proche de sa langue maternelle :

[d] (français) / [t] (allemand)

[r] (français) / [l] (chinois)

[v] (français) / [b] (espagnol)

Le phonème est un "ensemble flou", cela veut dire que la qualité physique du son peut fluctuer, ce qui compte c'est la distance qui sépare les phonèmes les uns des autres.

Le tableau est acheté / Le devoir est à jeter

L'attraction [Û] /[º] est toujours ressentie dans les autres énoncés.

Ces oppositions exigent un effort, on ne le fait que s'il est payant pour éviter l'ambiguïté, aussi

- des phonèmes sont menacés :

et / est
ferai / ferais

- des phonèmes disparaissent :

brun = brin [Ÿ´)
pâte = patte
joli = jolie
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La question de l'orthographe.

Le phonème appartient à la langue orale, l'écriture est une tentative, souvent inadéquate et trompeuse, de représentation graphique de la langue parlée : pour transcrire les 13 voyelles orales, l'alphabet français ne dispose que de 5 voyelles écrites :

[li, ly, le, lø, l , lœ, la, l , lo, l , l~, lã, l~ ]

lit, lu, lé, bleu, lait, leur, la, lotte, l'eau, loup, l'un ou lin, lent, long.

Comme l'apprentissage de l'écrit est long et difficile, les gens l'analysent mieux. La discordance entre l'oral et l'écrit crée une image déformée de la langue auprès des locuteurs scolarisés. Historiquement, c'est Vaugelas qui a commencé à édicter des normes sévères pour la transcription. Depuis lors, le décalage oral / écrit s'accentue toujours davantage parce que le code hérité du latin n'est plus adéquat. Ce décalage est renforcé par des réfections pseudo-étymologiques :

hérisson < ericius
temps < tens < tempus
chevaux < chevaus
dompter < domitare

Cependant, même si sa valeur pratique de transcription de la langue parlée est faible, le savoir orthographique n'est pas totalement dépourvu d'intérêt parce que :

  1. L'orthographe structure notre appréhension du langage puisqu'elle nous oblige à opérer un découpage (les transcriptions phonétiques déconcertent, ont un effet destructurant).
  2. La notation phonétique jouerait un rôle unificateur qui ne serait pas sans danger. L'anglais, par exemple, se prononce d'environ 100 façons différentes, pour une seule graphie. Une notation phonétique unique profiterait forcément au groupe dominant. Le rapport flou entre l'oral et l'écrit laisse donc aux locuteurs un précieux espace de liberté.
  3. Beaucoup d'homophonies sont résolues par des transcriptions graphiques, même aberrantes. Et lorsque nous éprouvons des difficultés à nous faire comprendre, nous avons le réflexe d'épeler.
  4. Les discordances entre les codes oral et écrit sont d'ailleurs exploités dans des jeux verbaux graphiques : écritures abécédaires, lipogrammes, anacycliques, palindromes, anagrammes, jeu de Scrabble,...

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Mise à jour : 22.09.2009