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Pour le locuteur, l'unité du langage, c'est le mot. Mais on peut reconnaître trois types de mots :
o mots pleins : ils constituent des énoncés complets :
Viens!, Malheur!, Absolument!, Fameux!
o mots-outils : ils n'apparaissent jamais seuls, ce sont les articles, conjonctions, prépositions et particules diverses.
o pronoms à cheval : qui sont tantôt outils ("Je" ), tantôt énoncés ("Moi" )
On peut croire qu'il s'agit là d'inventions de linguistes et pourtant la connaissance des morphèmes est indispensable pour :
- conjuguer les verbes
- décliner les noms
- interpréter les mots nouveaux
- créer des néologismes.
C'est donc que les utilisateurs de la langue ont une connaissance métalinguistique au moins inconsciente. Cette connaissance, cependant, n'est pas égale pour tous les locuteurs et beaucoup de morphèmes n'apparaissent pas comme tels à beaucoup de locuteurs à cause notamment de :
a/ l'évolution antérieure de la langue
* accidents de l'évolution : episcopum -> évêque et épiscopal mais le mot épiscope a un sens très différent.
* certains mots sont venus du latin sans leurs morphèmes constituants :
ample / amplitude **** / turpitudeb/ phénomènes de fausse étymologie
* emprunts aux langues étrangères dont les morphèmes sont peu familiers : folklore est composé en anglais de deux morphèmes : folk - lore. En français, le mot est perçu comme morphème-base et l'on peut trouver dans une chanson de Renaud le pléonasme : folklore populaire.
* de même, le mot spoutnik (=compagnon ) est perçu comme composé à l'aide d'un suffixe -nik et a donné lieu à la création de beatnik.
* ainsi encore les mots autobus, bibliobus, abribus formés sur base de la terminaison du datif latin : omnibus.
c/ Le renouvellement actuel de la langue.
L'évolution de la langue provoque la création de mots. Lorsque le couple solution / résoudre n'est plus clairement perçu, on crée solutionner . Ainsi réceptionner, positionner,...
Cela peut donner lieu à des créations plaisantes : dégoûtation
Cette possibilité de composer à partir du stock de morphèmes disponibles, en suivant les règles de combinaison pour "boucher les trous", rétablir les symétries, est largement utilisée en effet, beaucoup de séries sont incomplètes :
- négatifs sans positif
- verbes sans noms
- noms sans verbe
- masculins sans féminin
- etc.
Raymond Queneau s'est illustré dans ces créations, on lui doit, entre autres : cotennisman, se lunetter, et le verbe fourire. On trouve surtout les néologismes dans l'argot, la langue familière, la publicité, les sciences et les techniques.
Le mot-valise en est un type particulier largement exploité par Marc Favreau dont le personnage "Sol" observe naïvement le monde qui l'entoure :
écrivaniteux qui goncourent à n'importe quel prix, l'odieux-visuel, les Etats-Munis, le Fier-Monde, un péquenaucrate appuyé sur son dossier, ça psycause, des incohérences de presse, etc. Le crépuscule des vieux. Ouille, oui, l'hiver ils sont bien, ils sont drôlement bien isolés... Ils ont personne qui les dérange, personne pour les empêcher de bercer leur ennuitouflé... Tranquillettement ils effeuillettent et revisionnent leur jeunesse rétroactive qu'ils oubliettent à mesure sur leur vieille malcommode... [...] et quand ils ont des maux, les vieux, des maux qu'ils peuvent pas comprendre des maux myxtères alors à la petite cuiller ils les endorlotent et les amadouillettent... Ils ont personne qui les garde malades, ils ont personne pour les assister soucieux... [...] Ils ont personne qui les empêche d'avoir l'oreillette en dedans pour écouter leur cur qui greline et qui frilotte pour écouter leur cur se débattre tout seul...SOL (MARC FAVREAU)
Parfois le mot-valise survit : smog (= smoke + fog), motel, Chunnel,...
La nominalisation du sigle est un autre procédé de création : un céheresse, une achélème, le sida, un journaliste ertébéen.
Mise à jour : 30.03.2008