Voici l'analyse d'une planche de bd.

et l'opinion du professeur.

De Jérôme C. (5e transition, juin 99).

Fissurez-vous que...

Références :
Planche de Bédu ( dessinateur ) et de Cauvin ( scénariste ) tirée de l'album BD " Les Psy n°6 " planche n°93. Editions Dupuis
 
 
Architecture de la planche :

10 vignettes bordurées avec arrière plan.

Les phylactères sont, à part dans les vignettes une et deux, reliées aux bordures.

Les vignettes supérieures sont symétriques orthogonalement les unes par rapport aux autres. ( V1 et V10 , V2 et V9 )

Les cases sont toutes de la même grandeur sauf la première et la dernière qui sont deux fois plus grandes que les autres.


"Fissurez-vous" que la première vignette est un plan d'ensemble avec un cadrage horizontal sans profondeur de champ. Des effets d'ombre sont marqués sous le fauteuil et le divan . Ce n'est pas un temps d'action, il ne se produit pas d'événement marquant. Il doit permettre au lecteur de faire connaissance avec les personnages et le décor ce qui explique la dimension de la vignette.

 

Deux personnages sont présentés : un monsieur, psychologue, assis dans un fauteuil . Il tient en main un mobile composé d'une tige sur laquelle est attaché un pivert. Une partie de ses pieds a été coupée parce qu'elle n'a pas d'importance dans ce plan. En effet, le plus important c'est une dame ( sa patiente ) allongée sur un divan qui, à l'avant plan, prend la plus grande place sur la vignette (ceci justifie le cadrage horizontal ). Cette dame a les yeux rivés au plafond.

Elle tient son sac à deux mains. Elle ne quittera pas cette attitude jusqu'à la vignette 9 où elle disparaîtra pour réapparaître à la vignette 10.

Le psy dans la bulle déclare à la dame qu'il est prêt à l 'écouter et elle lui répond : "une fissure", suivi par 3 petits points ce qui laisse présager une suite.

Cette première vignette ne contient donc pas d'événement marquant mais un mot qui va être un déclencheur. ( rapport avec le titre )

Vignette 2

Travelling avant sur le psy ( on a donc un plan rapproché ) pour montrer par des traits de vitesse que le pivert a été actionné et onomatopée " TIK TIK TIK " pour montrer que le mobile fait du bruit. Le psy s'est mis en situation d'écoute , il prouve par le MMM qu'il a entendu le mot prononcé par sa patiente. Le point d'interrogation et les trois points de suspension montrent cependant qu'il attend un enchaînement.


Vignette 3

Son attente se confirme par la question de la vignette 3 : " ENSUITE ? "

Dans ce plan rapproché, le décor n'a plus beaucoup de place. Ce qui est important, c'est la situation d'attente du psy et la réponse de la patiente " Une fissure "


Vignette 4

La répétition du mot fissure n'a pas modifié l'expression de la patiente mais celle du psy montre de la colère. (ondulation au-dessus de la tête). Les doigts de la main droite sont apparus alors qu'elle avait été coupée à la vignette 3. Les doigts qui s'agitent ont une extrême importance car ils traduisent l'énervement du psy.

Pas de phylactère , ce n'est pas nécessaire car l'expression et les gestes du psy suffisent à marquer l'intensité de la situation.


Vignette 5

Le plan rapproché des personnages est maintenu. Le " OUI " et le " BON ", suivis d'un point d'exclamation et la répétition par le psy du mot " une fissure " traduisent de nouveau son énervement.

Il attend toujours un enchaînement (Et après..)

Il s'est rapproché de sa patiente en posant le nez sur le bord du divan et sa main gauche est maintenue tendue. (signes d'exaspération et d'attente)


Vignette 6

De nouveau, la patiente prononce le mot " une fissure " et le répète en l'accentuant par l'adjectif grande .

Ce qui déclenche une réaction violente du psy qui s'agrippe au divan, (présence des deux mains) et le mord à pleines dents. La colère contenue est également traduite par un nuage qui se trouve au-dessus de sa tête. (on dirait une tête d'éléphant : Quand l'éléphant est en colère, il est prêt à foncer sur ce qui l'a énervé) = similitude et trois gouttes dessinées.


Vignette 7

2 gouttes au-dessus de la tête de sa patiente suggèrent la peur qui s'empare d'elle et qui va se transformer en panique. Elle reste figée, les yeux toujours rivés au plafond. Cette peur qui monte est traduite aussi par la gradation dans le vocabulaire, répétition du mot " fissure " mais emploi des adjectifs "grand" et "énorme" renforcé par la présence de quatre O.

Traits de vitesse au niveau de la main gauche du psy qui tape sur le divan et onomatopée "TAK- TAK". Tentative de ramener la patiente à la raison en attirant son attention. Cela est renforcé par " BON! ECOUTEZ! JE.... " (marque une prise de position du psy)


Vignette 8

Un énorme point d'interrogation est iconisé au-dessus de la tête du psy dont les yeux sont rivés dans la même direction et dans la même expression que ceux de sa patiente. La couleur du point est la même que celle du pantalon de la patiente (v.1) Verrait-il enfin ce qu'elle voit depuis le début? Les mains du psy semblent figées aussi.

Au-dessus d'elle, il n'y a plus deux gouttes mais trois ce qui montre encore une graduation. Des morceaux du plafond se détachent.

La vignette 8 centre l'intérêt du lecteur sur ce qui va se passer.

C'est un temps lent qui prépare le temps d'action de la vignette 9 où le plafond s'écroule.

Vignette 9

Temps d'action caractérisé par les traits de vitesse, la fumée et surtout l'onomatopée "BROOF". Les lettres sont à des hauteurs et de grandeur différente. Similitude avec les morceaux de plafond.

Le psy est à moitié coupé sur la vignette car ce n'est pas lui qui a le plus d'importance. Ses yeux sont tournés vers le bas, endroit de chute du plafond. Son expression n'a pas changé.

Un énorme point d'exclamation est iconisé au-dessus de sa tête. Il est déformé et correspond à un cri. (cf. plafond) Couleur verte ("vert de peur"!!!)


Vignette 10

Retour au plan d'ensemble, encore élargi par rapport à la première vignette. Le cadre horizontal permet de mesurer les dégâts. La patiente n'a toujours pas quitté son expression ni son attitude.

Quelques nuages symbolisent la poussière qui tombe encore.

Son discours par contre a changé : si la structure est restée la même qu'à la vignette 7, elle a remplacé le mot fissure par le mot "trou"

Le plan d'ensemble a été élargi pour montrer le psy au téléphone. Des gouttes en auréole au-dessus de sa tête marquent son dépit. Son seul souci est son plafond avec lequel il a des ennuis. Mouvement de la main (traits de vitesse) pour enlever les poussières de son pull, petits nuages...

 


Je concluerai en vous disant que si vous avez des fissures dans votre "plafond", n'hésitez pas à faire appel à votre psychologue.

 

L'opinion du prof.

Description précise de la planche. Certaines affirmations devraient toutefois être nuancées ("une partie de ses pieds a été coupée parce qu'elle n'a pas d'importance dans ce plan" : fait ou opinion?)

La terminologie de la bande dessinée est utilisée à bon escient. L'attention s'est portée tant sur la construction de la page et des vignettes que sur l'image et le texte.

Une analyse du récit (schéma narratif...) aurait complété l'étude. Il manque les références complètes de l'album (année d'édition).

La rédaction est peu attrayante mais il faut considérer que cette analyse n'est pas textualisée pour être lue, il s'agit de simples notes destinées à soutenir un exposé oral limité à 10 minutes.

La conclusion (ad personam) est peu pertinente avec l'analyse de la planche. Elle ne manque pas de sel dans le contexte d'un examen oral dont le destinataire est le professeur (impertinence ?)