Carrefour-pédagogie

 Apprendre à lire en fin de secondaire ?

Contribution à l'enseignement tardif de la lecture de textes informatifs.

Description de l'exercice

Liste des tests

Historique

Réflexions pédagogiques

Les 10 points noirs-lecture

Un questionnaire

Barême de cotation

La correction

Au départ, un choc: une élève de quatrième n'arrive pas à lire La nuit du renard de Mary Higgins Clark. Cette fois c'est grave. "Monsieur, je vous assure, quand je termine une page, j'ai tout oublié, je dois recommencer..." Je la crois.

Du reste, au même moment je tombe sur un article du Soir où Pierre Bouillon rapporte les piètres résultats des lecteurs belges aux tests de l'IEA (association internationale pour l'évaluation du rendement scolaire) (BOUILLON P., Les enfants de nos écoles lisent mal, Le Soir, 13-10-92).

Plus question de me fermer les yeux. Je ne peux plus me satisfaire d'imposer des romans, même passionnants. Il me faut mettre en place une stratégie d'apprentissage tardif de la lecture. Les avancées en grammaire de texte et en pédagogie du français vont me conduire au type d'exercice que je décris ici.

Descriptif

Le test de lecture, tel que je le pratique de la 4e à la 6e, se déroule en quatre phases.

Phase 1: lecture individuelle silencieuse.

Les élèves reçoivent la photocopie d'un texte informatif d'une ou deux pages, souvent extrait de la presse périodique ou quotidienne. Les thèmes sont interdisciplinaires : linguistique, économie, sciences, musique, démocratie... Le temps de lecture individuelle est limité à environ 15 minutes et les élèves ne disposent d'aucun dictionnaire.

Phase 2: le forum coopératif

Les élèves soumettent à la classe toutes les difficultés qu'ils rencontrent. Je ne réponds pas moi-même à ces questions mais je facilite l'échange et si nécessaire je reformule. Les élèves peuvent se donner des éléments de réponse s'il ne disposent pas de la solution entière (= "faire avancer le schmillblick"). Cette phase de coopération dure environ 20 minutes.

Phase 3: le questionnaire

Je distribue un double questionnaire (c'est plus confortable dans une classe nombreuse) sur lequel les élèves cochent les bonnes réponses avec le texte sous les yeux. Cela dure entre 15 et 20 minutes. Ensuite je reprends les copies et les cote. Une exemple de questionnaire ?

Phase 4: recherche collective de la solution

Après cotation, mais avant restitution des copies aux élèves, je projette sur transparent successivement les deux séries de questions. Nous cherchons ensemble les solutions et comparons les chemins suivis par ceux qui les ont découverts. Ensuite seulement je remets les copies.

Depuis 2004, je construis un diaporama Powerpoint qui me permet de montrer aux élèves en même temps la question et l'endroit du texte scanné où se trouve la réponse. L'attention est ainsi davantage focalisée. Il faut pour cela disposer d'un projecteur multimédia.

Voici un diaporama de correction à télécharger
(PC :clic droit : "enregistrer la cible sous" / Mac : ctrl+clic : "télécharger le fichier lié sous ")

Liste des tests

Une liste des textes étudiés est accessible sur cette page.

Historique

Il a d'abord fallu que je réapprenne en quoi la lecture est si difficile. J'ai cru jusqu'à présent que lire était facile. Apprenons-nous à respirer ? On m'a montré comment déchiffrer les lettres, les syllabes, les mots, les phrases. Mais on ne m'a pas enseigné à lire le texte, c'est venu tout seul. En ce temps-là, ceux qui ne savaient pas lire étaient plus ou moins rapidement écartés du cursus.

Trois sources vont m'aider à y voir plus clair.

Mieux informé, je me fixerai comme objectif de travailler sur dix noeuds, 10 points-noirs-lecture sur lesquels j'entraînerai mes élèves dès la quatrième (voir le cours).

Je choisis les textes non littéraires, ceux que les élèves doivent lire pour être "honnêtes hommes" : articles de la presse périodique que je retrouve souvent dans les questionnaires d'examens préparés par mes collègues d'autres disciplines.

Les questions portent sur des informations fournies par le texte à l'exclusion de toute sollicitation de la culture générale.

Restait à trouver une méthode. Il fallait une formule qui écarte les difficultés d'expression inévitables dans les réponses à rédiger. D'où les questionnaires à choix multiples.

Et pour que les résultats des exercices soient contrastés, nets, je tiens compte du niveau de certitude ("La véritable science enseigne par dessus tout à douter" M. de Unamuno . Je m'inspire ici des exercices si précis, si pertinents de J.L. Dumortier .

Après quelques tâtonnements, j'adopte un barème de cotation assez strict sachant que cet exercice s'intègre à un dispositif d'évaluation où d'autres compétences sont prises en compte et valorisées.

 

Barême de cotation

Réponse correcte certaine = + 4

incertaine = + 2

Erreur certaine = - 2 [*]

incertaine = + 1

Pas de réponse = 0

[*] Il n'est jamais question, -faut-il le préciser ?- d'une cote globale inférieure à zéro.
 

Les difficultés testées.

 
 

 Les 10 points-noirs-lecture

  1. reconnaître l'énonciateur, distinguer fait et opinion
  2. interpréter les formes du verbe (temps, modalité, aspect, voix, affirmation/négation, énonciation)
  3. reconnaître les référents (reprise anaphorique)
  4. reconnaître les substituts lexicaux (synonymes, hyperonymes, périphrases)
  5. extraire l'information cachée (condensation, sous-entendus, présupposés, relations entre informations)
  6. dégager l'essentiel, interpréter figures, chiffres, acronymes, sigles, schémas ...
  7. identifier une relation sémantique explicite
  8. identifier une relation sémantique implicite
  9. exploiter le paratexte (mise en page, titrage, notes...)
  10. se servir du cotexte pour inférer le sens d'un mot difficile.

Leçons

Les élèves attendent et redoutent en même temps le moment du test de lecture. Ce qu'ils craignent : une évaluation assez tranchée qui peut faire mal, le manque de temps, la perte de points par excès de confiance ou de timidité. Ce qu'ils aiment : la présentation standard, lire des textes (ce n'est pas du travail), une évaluation nette et (presque) indiscutable, un résultat visible presque immédiatement, le défi de déjouer les pièges que le prof a tendus.

Curieusement, ce ne sont pas nécessairement les "bons élèves" qui réussissent à ces tests. C'est d'ailleurs très valorisant pour ceux qui "rament".

Pour ma part, je passe beaucoup de temps à la préparation des questions qui réclament la plus grande précision de formulation. Du reste, pour éviter les tentations de triche, je conçois deux questionnaires différents (parfois davantage !) pour chaque exercice. Par contre, la correction est aisée et la cotation, équitable. Et je constate avec bonheur que les élèves après une ou deux tentatives en solitaires, exploitent davantage la phase coopérative.

Ce qui reste très difficile pour moi, c'est de ne pas répondre moi-même aux questions des élèves (phase 2). Je tiens vraiment pourtant à les pousser à aller chercher dans leurs ressources personnelles les éléments de solution (Ils en savent beaucoup plus qu'ils ne le pensent eux-mêmes !)

Prolongements

L'exercice peut être réalisé sur des textes de réflexion plus denses ou, moyennant quelques adaptations, à partir d'émissions radiophoniques ou télévisées. On peut aussi proposer aux élèves de rédiger les questions eux-mêmes mais il faut disposer de pas mal de temps, et de groupes restreints.

Un exemple

Le texte de base est un bref historique de la langue française paru dans une revue destinée aux élèves de l'enseignement secondaire.

Quand un dialecte devient langue internationale. d'après Actualquarto 1995

Les informations suivantes figurent-elles dans le texte ?

1) Le dictionnaire Le Robert affirme qu'il faut préserver la variété de sa langue.

OUI / NON

C / I

2) L'ordonnance de Villers-Cotterêts fut promulguée par le premier roi de France en 1539.

OUI / NON

C / I

3) L'intégrité de notre langue est menacée par l'intrusion massive de mots à consonance anglo-saxonne

OUI / NON

C / I

4) Le latin se substitue peu à peu à la langue gauloise pendant la conquête de la Gaule par Jules César en 51 avant Jésus-Christ.

OUI / NON

C / I

5) Le français présente des points communs avec les langues germaniques et slaves ou encore le persan et l'hindi.

OUI / NON

C / I

6) La perte des parlers locaux est le résultat du développement des mass médias.

OUI / NON

C / I

7) Les mass médias joueront bientôt un rôle capital dans l'uniformisation de la langue.

OUI / NON

C / I

Réponds aussi à ces trois questions :

8) L'espagnol a donné de nombreux termes, entre autres pour les produits provenant d'Amérique [...] (l. 219)

Le mot souligné peut être remplacé sans modifier la relation sémantique par :

(Choisis celui qui modifie le moins la relation sémantique)

  • du moins
  • notamment
  • hormis

C / I

9) [?] À l'occasion des invasions germaniques, un nouveau mélange linguistique s'effectue.(l. 62)

Quel mot-outil peut-on insérer devant cette phrase sans modifier sa relation sémantique implicite avec celle qui précède?

  • puisque
  • ensuite
  • comme

C / I

10) suprématie (l. 134) est ici plus proche de :

  • situation dominante
  • généralisation
  • gloire

C / I

Vous pouvez télécharger ici le corrigé de ce test
en diaporama PowerPoint.

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Mise à jour : 07.10.2020