Prise en charge individuelle ou collective ?

J'appartiens à une génération (pré-informatique ?) marquée par le groupe. Nos parents n'avaient guère le loisir de s'occuper de leurs enfants comme actuellement. Nos éducateurs géraient les groupes: rangs "je ne veux pas voir une tête dépasser!", marche "au pas" dans les leçons de gymnastique, préférence pour les sports collectifs, dortoirs, vastes salles d'étude quasi silencieuses, uniforme quelquefois... Ceci ne signifiant d'ailleurs pas que les personnes fussent moins respectées! Mais enfin, dans ce contexte, donner un cours posait moins de difficulté, le professeur s'adressait à une unité. En cas de problème, c'était à l'individu "inadapté" à quitter le groupe. Actuellement, sauf à prendre des mesures coercitives extrêmement pénibles à imposer et coûteuses à maintenir, l'enseignant se trouve devant autant d'individus qu'il y a de prénoms. Alors je me pose des questions: Quelle est la part gaspillée du cours donné à un groupe ? Garder l'attention de tous sur une matière durant 5O minutes ? Impensable. Ne serait-il pas préférable d'inventer un nouvel équilibre entre la recherche personnelle, l'accompagnement individuel et les activités en classe? Cesser d'imposer à chaque élève des blocs de 50 minutes dont une partie au moins est perdue ? Quand on voit comme un quart d'heure d'explication ajustée à la demande de l'élève peut le faire avancer après des heures de cours improductives, on se dit qu'on peut faire mieux.

Alors, supprimer la classe ? Non, bien sûr! Distribuer autrement le temps d'éducation à l'école. Tous les établissements sont de mieux en mieux outillés pour utiliser l'internet (même s'il reste des progrès à faire dans le domaine de l'équipement NTIC). Théorie, cours modulaires, tests d'évaluation tout cela dans différents niveaux de complexité est disponible à foison sur la Toile .

Certains élèves, seuls ou appuyés par une aide ponctuelle, sont capables de trouver eux-mêmes leur nourriture intellectuelle. Pourquoi pas ? du moment que leur projet individuel cohérent a reçu l'aval d'un adulte responsable ? Ils pourraient quitter le collectif et permettre à l'enseignant de travailler en groupes restreints avec les élèves (encore) moins autonomes. Chaque élève pourrait évoluer à son rythme et franchir les étapes d'un parcours codécidé avec son "parrain", son "garant".

Pour autant le travail en classe conserve tout son intérêt. La présence des pairs est sans doute la meilleure justification de l'école. (La punition suprême n'est-elle pas d'en être exclu ?) Présenter son exposé, participer à un cours interactif, prendre une part active à un débat, écouter l'opinion des autres, commenter ensemble un événement d'actualité, négocier avec le professeur,travailler en équipes restent des activités à haut rendement... Chercher ensemble des réponses aux problèmes qu'ils rencontrent reste un objectif prioritaire et où le réaliser mieux qu'en classe ? Apprendre c'est se socialiser comme le dit Roland Goigoux.

Laisser à l'élève la liberté d'apprendre ou de ne pas apprendre ? Ce serait imprudent. L'adolescent n'a-t-il pas aussi besoin d'être stimulé par un risque, une pression sociale qui lui demande des comptes,une échéance, l'aiguillon d'un "entraîneur" qui l'aide à définir des objectifs adaptés à ses aspirations personnelles ? Le temps scolaire serait mieux utilisé si l'élève pouvait bénéficier d'un accompagnement individualisé au moment où il en a besoin et d'un guide veillant à baliser son parcours.

Mise à jour 31.12.2006