La désillusion post-révolutionnaire, surtout après les révolutions contre le communisme, […], s'enracine dans la psychologie. De nouvelles circonstances imposent de nouveaux défis pour la plupart. Par le passé, l'État décidait de tout et la plupart des gens, surtout les classes d'âge moyennes et plus âgées, ont commencé à considérer la liberté comme un poids parce qu'elle impliquait des prises de décision sans fin. J'ai parfois comparé cet ennui psychologique à ma propre situation quand je suis sorti de prison: pendant des années, je m'étais langui d'être libre, mais, quand j'ai enfin été libéré, je me suis retrouvé à prendre des décisions à chaque instant. Confronté soudainement à de nombreuses options chaque jour, on commence à attraper un mal de tête, et parfois, inconsciemment, on veut retourner en prison.

Vaclav HAVEL, Au-delà de la désillusion, La Libre Belgique, 25 mars 2006.

Mise à jour 31.12.2006