Évaluation et contrôle.

Ainsi, une nouvelle manière du «faire politique», celle que Jean-Claude Milner a appelée la politique des choses pour l'opposer à celle des mots et de la parole, est poussée à chercher dans les faits, dans les choses, dans le mesurable, l'appui que l'autorité de la parole ne donne plus. Il s'en suit des évaluations de toutes sortes, des contentions, des prescriptions administratives, des questionnaires, des expertises, toutes méthodes qui prétendent pouvoir se baser sur la positivité des faits pour décider des mesures à prendre. Mais de telles mesures ne se chargent alors plus de permettre et de veiller à ce que les sujets les intériorisent. Ce travail-là est laissé à la seule compétence du citoyen! Il suffit en effet que ces derniers respectent les règlements, mais ils n'ont plus à se soucier d'introjecter la loi qui anime leurs fonctionnements.

(Jean-Pierre LEBRUN La violence a cent visages, La Libre Belgique, 22/05/2006)

La complexité des systèmes en rend la gestion de plus en plus difficile. C'est un fait. L'enseignement n'échappe pas à cette évolution. Est-ce une raison pour centraliser complètement le contrôle sur l'enseignement ? Le désir de "piloter", "contrôler" le système d'éducation se heurte à la profonde singularité des classes réelles. Diversité des groupes, des locaux, des dynamiques, des options.... Devant chaque public, le prof se trouve confronté à une situation nouvelle, inédite. C'est là sans doute un des charmes de ce métier et une des sources de fatigue et d'angoisse. Pourtant les programmes, les horaires, les structures sont fixes.

Les enseignants ne peuvent-ils être dotés d'un statut d'artisans? Si les évaluations externes fournissent de précieuses informations, est-il sage de ne vérifier le travail de l'enseignant que par une évaluation centralisée, unique, externe, "objective", centrée la plupart du temps sur la connaissance de la langue écrite hors contexte ?

Mise à jour 07.01.2007