Retour aux aspects didactiques

Justifier une réponse


De quoi s'agit-il ?

Les trois formes de la justification

Lectures complémentaires pour l'enseignant

Enseigner la justification

Une modélisation de la justification scolaire

Difficultés particulières pour justifier par écrit

Critères de réussite d'une justification écrite

Propositions de séquences d'apprentissage
Activités pour  installer / fortifier la compétence

De quoi s'agit-il ?

Cet outil complète le Programme en présentant pour chaque genre :
- une description précise ;
- une proposition de grille d’évaluation ;
- d’éventuels exemples particuliers du genre.

Justification écrite : http://admin.segec.be/Documents/7407.pdf#15
Justification orale : http://admin.segec.be/Documents/7407.pdf#18

Les trois formes de la justification

Justifier s’inscrit ici dans un contexte scolaire : celui de la réponse à une question ou une consigne. La pratique de la justification répond à différentes visées qui ne seront pas proposées, ni évaluées de la même façon. M.-H Forget distingue trois formes de justifications:

      1. à visée démonstrative
      2. à visée argumentative et/ou persuasive
      3. à visée euristique

Type 1 : L'élève justifie sa réponse pour montrer qu'il a raison, il est amené à convoquer des savoirs établis. La visée est démonstrative, il n'y a qu'une seule réponse possible. (accord grammatical,connaissances littéraires,... par exemple). L’élève est alors en situation « basse » ou d’évaluation. Il a le fardeau de la preuve. On peut nommer cette forme "justification logique ou démonstrative".

Type 2 :Dans d’autres cas, l’élève justifie ses dires pour faire valoir l’acceptabilité de son propos. On pourrait parler d'une justification rhétorique. Il ne vise pas de prime abord à convaincre son interlocuteur, mais bien de rendre son propos légitime au yeux de son interlocuteur en répondant, de manière fondée, à la question : Pourquoi affirmes-tu cela ? (Ex : l’appréciation littéraire, le conseil, etc.) Le critique donne son avis et le justifie.

    Type 2+ : Une controverse peut naitre d’un désaccord, ce qui provoque une bascule dans l’argumentation proprement dite. Le débat semble possible si plusieurs réponses ou solutions semblent possibles du point de vue des élèves. À ce moment, l’élève justifie ses dires pour convaincre son interlocuteur d'adopter son avis. Lorsque dans une discussion entre pairs, un élève est persuadé de l'exactitude de sa réponse, il cherche à en convaincre les autres. L'approche dès lors s'attarde à l'effet persuasif d'abord et avant tout : on cherche à convaincre, on s'oriente vers l'action immédiate. « Voici pourquoi vous devriez penser comme moi. »

Type 3 : Dans d’autres cas (justification euristique), l’élève est invité à verbaliser les raisons de ses choix ou positions, pour construire un savoir. C'est, par exemple, le cas dans la situation où des élèves cherchent entre eux une solution à un problème de langue ou de littérature dont ils ne connaissent pas encore la réponse. Les justifications émises par les pairs et discutées conduisent progressivement à une meilleure connaissance grammaticale ou littéraire."C’est là que la justification orale peut devenir, plus qu’un moyen de vérification des connaissances, un véritable outil pour apprendre et se construire." (Forget). La justification orale : un outil pour apprendre la grammaire.

Une modélisation

S. Chartrand propose une modélisation de la justification scolaire:

Enseigner la justification

Propositions de séquences d'apprentissage:

Essai de formulation des critères de réussite d'une justification écrite

Lectures complémentaires pour l'enseignant,

M.-H. Forget a étudié de près les concepts de justification vs explication, argumentation; démonstration, etc. Lire les pages 37 à 45 de sa thèse de doctorat. Elle y aborde aussi la question des "genres justificatifs":
"Les genres justificatifs proposés par Chartrand, Émery-Bruneau, Sénéchal et Riverin (2013) sont la justification d'un problème de grammaire, la table ronde, la discussion, la critique de film et l'exposé critique. Ceux du programme de FLEns du 1er cycle (MÉLS, 2004) sont, entre autres, le commentaire critique, la recommandation de lectures et d'activités culturelles, la lettre de sollicitation ou la mise en candidature aux élections scolaires (p. 112)."

Ailleurs elle évoque les réticences des élèves à justifier:
"En classe, d'ordinaire, c'est l'enseignant qui explique et les élèves qui justifient leurs réponses. Aussi, on demande aux élèves de justifier leurs propos dès l'école primaire, mais cette demande est souvent faite en situation d'évaluation. Au début du secondaire, la justification est présente dans plusieurs disciplines, mais elle n'est encore utilisée qu'à des fins évaluatives sans pour autant qu'un enseignement explicite de la notion ne soit offert aux élèves. Enfin, l'usage social de la justification dont ils ont l'expérience très tôt dans leur vie les place potentiellement en position défensive.
Ces facteurs pourraient, selon les conclusions tirées par Garcia-Debanc (Ibid.), amener les élèves à percevoir la justification comme risquée. La chercheuse émet donc l'hypothèse que la représentation que se font les élèves au regard de la justification les rendrait réticents à justifier leurs propos étant placés devant la probabilité relativement élevée à leurs yeux de commettre des erreurs. Ainsi, les élèves se seraient construit une représentation de la justification, à partir des pratiques effectives issues de leurs expériences scolaires et sociales, plutôt négative, ce qui constitue selon Garcia-Debanc un obstacle au développement de leurs capacités justificatives. Il devient alors important, selon elle, d'introduire l'E-A
[Enseignement-Apprentissage] systématique de la justification plus tôt dans le parcours scolaire, et d'amener les élèves à construire une représentation plus positive de la conduite de justification ce qui renforce l'idée selon laquelle l'E-A de cette conduite a sa place au 1er cycle du secondaire." (pp. 57-58)

Dans le même ouvrage, M.-H. Forget propose des pistes didactiques aux pages 282-292.

Une mise en garde :
"Les justifications se composent de deux éléments : un objet controversé qui doit être légitimé (une décision hasardeuse, une requête…) ; et une source de légitimité (un principe respecté, un objectif rempli…). Dès lors qu'une telle connexion nous est présentée, nous avons tendance à percevoir l'information comme plus valide qu'elle ne l'est vraiment. Notre paresse cognitive nous pousse à la confiance, nous postulons ainsi qu'une explication est vraie d'autant plus aisément que nous n'avons pas pas envie de la vérifier par nous-même."
Cylien Gibert, De la post-vérité à la post-justification : le cas du « rapport russe » sur Donald Trump.2017

Autres suggestions de références à propos de la justification : ICI

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