L'ancienne salle des fêtes raconte son histoire

Je fus d'abord salle de cinéma de quartier : "le Luxor"
Devenue propriété de l'Institut peu avant la guerre 40-45, j'accueillis, dès mai 1940, des réfugiés venus de la région de Louvain, via Tervuren. Le tram 45 s'arrêtait alors devant le cinéma. Les commerçant des environs apportaient des vivres aux réfugiés, notamment la pâtisserie "Le Duc de Gênes" située dans le haut de la rue. Sœur Marthe se chargeait du potage et du café.

La salle des fêtes en 1950

La salle des fêtes en 1950

Pendant la guerre, je devins le lieu de ralliement, "l'abris" où toutes les élèves de l'école se réfugiaient lorsque retentissait la mélopée sinistre des sirènes d'alerte. Les élèves y chantaient, entraînées par des guides aînées qui, sur la scène, exorcisaient les peurs et les angoisses. On sut après coup, que j’étais l’endroit le plus dangereux que l’on pût imaginer : il n’y avait aucune construction sur mon dos ! En août 1944, j’accueillis une douzaine d’enfants juifs en transit avant qu’ils ne rejoignent la résidence des Jésuites, rue Royale.

J’avais en ce temps-là, des caractéristiques très particulières, une disposition insolite : un plan incliné dans le sens opposé à celui des salles de spectacle et deux balcons, une décoration murale surréaliste et peu artistique mais combien efficace pour l’acoustique.

Après la guerre, je fus rénovée de fond en comble : je perdis mon grand balcon, mon plan incliné fut redressé, les peintures murales disparurent … et l’acoustique du même coup.

Je fus destinée alors à des multiples activités culturelles : leçons de d’ouverture de l’année académique de l’Institut Supérieur de Commerce – le futur ICHEC – avec des ténors comme VDB ou Luc Beyer, lieu de réunion d’élèves par la Directrice, lieu de proclamation des résultats en fin de trimestre, avec les médailles d’honneur que distribuait Monsieur le curé et que Sœur Joséphine récupérait aussitôt pour que ces médailles puissent servir aux lauréates suivantes. D’où cette boutade d’une élève : « ici, quand on a bien travaillé, on monte sur le théâtre et on reçoit une médaille en "vlec" qu’on doit rendre en sortant par la coulisse ! »

Je fus aussi le lieu de Messes rassemblant toutes les classes et le célébrant y officiait sur la scène. Lieu aussi de retraites où, pour assurer le silence et le recueillement, on laissait un siège libre entre chaque élève.

Je fus encore le théâtre d’innombrables et brillantes représentations : La Patrie, composée par Sœur Charlotte, Le Bourgeois Gentilhomme, Ces Dames aux chapeaux verts, L’Annonce faite à Marie, Le Petit Prince … et tant d’autres.

Qui ne se souvient des belles exécutions chorales préparées puis exécutées avec talent et enthousiasme sous la direction de Monsieur Van Eeckhout ? Celui-ci y mettait tant de cœur, en avait si chaud qu’un jour il se débarrassa successivement de sa cravate, veston, gilet … D’où l’exclamation d’une élève, dans le tram, au retour de l’école : « Nous avons un prof. De musique formidable ! Pour nous faire bien chanter, il s’est déshabillé sur la scène !... »

Aujourd’hui, je suis polyvalente : salle de gymnastique – ô combien attendue ! - salle de réunion, salle de spectacle, toujours prête à vous accueilir.

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