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En hommage : visite du Fort de Breendonk

Commémoration du 11 novembre

Hommage aux héros des 2 guerresm ondiales Commémoration de l’armistice le mardi 9 novembre 2010 à 14H30 dans le hall d’entrée de l’Athénée avec nos élèves de rhétorique qui, suite à la visite du fort de Breendonk, ont préparé divers textes sur leurs impressions liées à cette visite.

Présentation du projet     haut

Activité : visite du fort de Breendonk à Malines

Date de l'activité : le mardi 5 et vendredi 8 octobre 2010

Revoir
Oct
2009

Cours concernés : cours philosophiques (religion catholique, islamique et morale), cours de français et cours d'histoire

Classes concernées : tous les élèves de 6ème (soit près de 200 !!)

Coordination du projet : les professeurs de cours philosophiques

Encadrement pédagogique : Mesdames Preud’homme,, Mailleux , Giordan, Rosoux, Lecane, Magy, et Schoefs, Messieurs Renard et Wuytack.

Objectifs pédagogiques poursuivis :

  • Sensibiliser les élèves aux dérives de l'extrême droite,
    à la montée du néonazisme

    Le fort de Breendonk a servi de camp de concentration aux nazis durant la Seconde guerre mondiale. Là, des juifs et des résistants belges ont été les victimes de la terreur nazie. C’est avec pour objectif d’accomplir notre devoir de mémoire et de faire de nos élèves des citoyens respectueux de la démocratie et des droits de l’homme que nous emmenons chaque année les rhétoriciens dans l’un des camps nazis les mieux conservés d’Europe.

  • Préparer la commémoration du 11 novembre sous forme de texte présenté aux anciens prisonniers de guerre.

 

Plus d'infos sur le Fort de Breendonk      haut

S.S. Auffanglager Breendonk : symbole de la terreur nazie en Belgique

L'armée allemande occupe la Belgique en 1940 et est rapidement confrontée à l'insubordination et à la résistance dans différentes couches de la population. Un important appareil répressif va prendre la Belgique en tenaille. La police de sécurité S.S., soutenue par des dénonciateurs ("Vertrauensleute") et protégée par l'armée allemande part en chasse contre les éléments ennemis du Reich ("Reichsfeindliche").

Le 20 septembre 1940, les premiers détenus arrivent à l'ancien fort militaire belge. Le "Auffangslager Breendonk" comptera au moins 3.532 détenus jusqu'en septembre 1944. 1.733 ne survivront pas à la guerre. A Breendonk même, 185 prisonniers au moins seront exécutés.
Au départ, les détenus sont surtout des petits délinquants, des contrevenants aux mesures antijuives et des asociaux ("Asozialen"). Mais au fur et à mesure que la guerre se prolonge, le nombre d'otages et de résistants - les prisonniers politiques - ne fait qu'augmenter.
Dès 1942, le "Bunker", salle de torture destinée à l'interrogatoire des détenus politiques, entre en activité.
Le visiteur du Mémorial national du Fort de Breendonk est confronté au site historique le mieux conservé et le plus impressionnant concernant la terreur nazie en Europe occidentale
.

Après une courte introduction, nos élèves découvrent la cuisine, le bureau SS, les chambrées de détenus et de nombreux autres endroits historiques. Au délà d'une information très complète et émouvante d'une guide, nos élèves ont été informés tout au long du parcours par des vidéos, des photos, des descriptifs et des ambiances sonores impressionnantes.

 

Meilleurs textes d'hommage à tous ceux qui
nous ont défendus pendant les guerres de 14-18 et de 40-45   haut

Hommage de Laura LEJEUNE (6D) en 2010-11    haut

J’étais si fier à l’époque
Et maintenant… regardez-moi…
Torturé à l’effigie d’un prisonnier.
Vous voulez savoir comment j’en suis arrivé là?
Alors suivez mon histoire…

Il y a de ça trois ans,
Au début du printemps,
Les Allemands sont arrivés,
Et m’ont  embarqué.

Il faisait froid,
Et je me sentais à l’étroit,
Dans ces wagons à bestiaux,
Comme si nous étions des animaux.
Tout le monde criait,
Tout le monde pleurait.
Nous cherchions tous un regard familier,
Qui aurait pu nous rassurer.
C’était la première épreuve à surmonter,
Et beaucoup d’entre nous périssaient déjà à l’arrivée.

Une fois passé la porte du fort en pierre,
On ne revient pas en arrière.
L’espoir est perdu,
Et il faut vivre avec des inconnus.

J’ai appris rapidement,
Le fonctionnement du camp.
La vie était rythmée par les réveils dans la nuit,
Avec la faim qui tourmentait nos corps affaiblis.

Dans cet endroit sombre,
J’ai appris à vivre dans l’ombre.
Les travaux insurmontables,
Les appels interminables,
Les brutalités à chaque instants,
Et les parasites envahissants.
Nous vivions l’enfer,
Sans rien pouvoir faire.
Car si l’on contestait,
On savait ce qui nous attendait.

Un jour, on m’a pris à part,
Les yeux masqués d’un bandeau noir.
Je suis arrivé dans une pièce vide,
Où on m’a fait subir des choses horribles.
Sortant de là par un étroit chemin,
On me disait déjà  « à demain ».

Les heures défilaient devant mes yeux,
Telle une brindille consumée par le feu.

A mon réveil,
On m’a de suite conduit à l’endroit où je me trouvais la veille.
C’était pire,
Et j’aurais voulu mourir.

Ceci fut chose faite,
Quand soudain, on m’assomma d’un violent coup sur la tête.

Hommage de Lucy MATTOT     haut

Bien sûr, c’était il y a longtemps. Bien sur, tout le monde s’insurge contre cette guerre. Bien sur on n’a pas oublié. Bien sur ?
Non. On le sait. On sait que des milliers de gens sont morts pour des pseudos bonnes raisons totalement dérisoires. Et pourtant. Pourtant on tient toujours des propos racistes, on continue de torturer des innocents, on trouve encore des dictatures. Alors quoi ? On a oublié tout ça ? On a oublié Hitler ? On a oublié les camps ? On a oublié l’horreur ?

C’est vrai, c’était il y a longtemps, c’est vrai, certains s’insurgent toujours, mais d’autres oublient. C’était il y a plus ou moins 70 ans, mais il y a toujours cette odeur de mort dans la pierre, cette odeur de moisissure dans les lits, cette odeur de honte, cette odeur de souffrance, cette odeur de peur. Il y a toujours du sang sur les armes. Toujours l’impression de puissance à l’entrée du camp.
Nous, on est arrivés là, un vendredi matin. On s’est peut-être dit << Tiens, c’est petit >>. Oui, ce n’est pas très grand, mais quand je suis arrivée là, j’ai eu l’impression que tout dieu, tout espoir avait déserté l’endroit. On a tous été impressionnés par le sentiment de force et d’autorité que ce lieu dégageait.

Tout, là-bas, n’était que pierre froide et peur. Il y avait toujours quelque chose de dérangeant. On manquait d’air, on manquait de vie. C’était comme avancer dans un couloir fermé, sans lumière, sans fenêtre, sans issue ? D’ailleurs, c’est ce qu’on faisait. C’est ce qu’ils ont fait.

Alors, évidemment, tout mériterait une longue description, mais est-il vraiment besoin de parler des pauvres meubles, de la cour triste, des tortures qu’on infligeait ? Moi, je n’ai pas vraiment appris grand-chose de plus que ce que je savais déjà.
Non, les tortures, je les connaissais, la petitesse des chambres, je la connaissais. J’avais tout appris des conditions de vie (ou de mort) des camps.
J’ai d’abord retenu le sentiment, le mal être que l’on a. On dirait que les pierres ont une mémoire, qu’elles nous montrent du doigt et nous traitent d’ignorants. Elles nous soufflent sur le corps la souffrance des cadavres.

Vous avez déjà remarqué le silence qui règne dans tout cimetière ? Puisse-t-il même se trouver à côté d’une autoroute, il fait calme.
C’est ce silence qui m’a impressionnée.
Nous avons vu la plaine d’exécution. Et, étonnement, c’était beau . C’était calme, toujours calme. Mais c’était beau. Il y avait de l’herbe verte et même quelques fleurs ça et là. On voyait la nature emprisonnée dans des barbelés. Et cette beauté, à quoi rimait-elle ?

A mon sens, elle rimait avec la fin. Pourquoi la nature aurait-elle gardé en mémoire de la peine alors que cet endroit est la fin des souffrances ?

Un jour, j’ai vu une pièce de théâtre magnifique. C’était un long dialogue entre une juive rescapée d’Auschwitz et une de ses amies. Et elle disait que certains détenus s’élançaient contre les barbelés , faisait mine de vouloir s’échapper, mais leur réelle intention était de se faire fusiller. Et elle disait que les gens à admirer étaient ceux-là. Pas ceux qui ont résisté jusqu’au bout. Car les << gens aux barbelés >>, comme elle les appelait, avaient le courage de dire << non ! >>. Ils acceptaient la mort car ce qu’on leur faisait n’était pas humain, pas vivable, car vouloir vivre dans ces conditions était comme accepter que cela soit normal.
Mais ça n’est pas normal.

Elle disait qu’elle était morte de l’intérieur. Que son âme était restée dans le camp. Elle disait qu’elle aurait du aller aux barbelés.
Ca doit être ça. Ca, la raison pour laquelle la plaine d’exécution était si belle. C’était ça aussi la révolution, la résistance : mourir pour se jouer de nos bourreaux, échapper à leur emprise. Mais se battre pour la vie, n’était-ce pas aussi un pied de nez théâtral ? << Vous ne m’aurez pas, pas parce que vous êtes plus forts >>

Maintenant, qui nous dit que tout cela est bien fini ?
Ca n’est pas fini.

Tant qu’il y aura de la haine, tant qu’il y aura des insultes, ça ne finira pas. Tant que des humains voudront diriger d’autres humains, ça ne finira pas. Tant que l’on parlera de différences, ça ne finira pas.

On vit dans un monde de peur, de haine. On croit en l’argent, au pouvoir. On ne vit pas des horreurs semblables à celles des camps, non, mais on les prône.

<< Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité >> … Tu parles.

Hommage de de Quentin FORTEMPS    haut

Cette année, lors du cours de morale, nous avons été visiter le camp de concentration de Breendonck.

Je me suis mis à la place des gens qui, il y a plus de 60 ans, rentraient par cette grille pour ne plus jamais en ressortir.

Lors de notre visite, le soleil brillait et le ciel était bleu mais plus j’avançais dans ce camp de la mort, plus j’imaginais cette souffrance et ce malheur qui ont habité là-bas.

Des vieux, des jeunes, des beaux, des laids, … Ca aurait pu être moi, ma mère, ma grand-mère, … On a l’impression que le malheur est abstrait tant qu’il est loin de nous et qu’il touche les inconnus.

Ici, j’ai vraiment eu la désagréable sensation de toucher ce malheur, de plonger en lui, et cela a été vraiment horrible.

Mais si je pousse la réflexion encore plus loin, même maintenant que je suis sensé être adulte, je ne comprends pas comment des hommes ( c’est le terme que l’on doit utiliser ) ont pu infliger cela à d’autres hommes …

Je n’ai pas aimé visiter ce camp car il m’a pris un peu de cette candeur enfantine que ma mère aime chez moi ! « Ne grandis pas trop vite », m’a-t-elle toujours dit ; en visitant ce camp, je me suis senti vieux et triste.

Hommage de Sophie Rousseau      haut

Ce que j’ai éprouvé au fort de Breendonck …

Lorsque nous avons aperçu de loin le fort de Breendonck pour la première fois, j’ai déjà eu envie de rentrer à l’école. Et quand nous sommes arrivés devant, je ne me suis pas sentie bien. L’ambiance au camp est sinistre et donne une impression de froid.

Le guide nous a bien expliqué la vie sur le camp, les conditions de détention atroces et le niveau médiocre d’hygiène. J’ai été très étonnée qu’il sache autant de choses sur ce qui s’était passé là-bas. Il nous a par exemple expliqué que les prisonniers avaient beaucoup de maladies, qu’ils restaient parfois quatre ans avec les mêmes habits ! Et je ne parle même pas des privations, des tortures, des exécutions sommaires. Des jeunes de notre âge se sont retrouvés devant le peloton d’exécution, sans raison, sans jugement, sans personne pour leur dire adieu. Quel endroit terrible.

Breendonck … Ta visite m’a marquée. D’un coté, je trouve que c’est bien de t’avoir gardé car il faut lutter contre l’oubli. Je pense aussi aux rescapés à qui tu dois rappeler des souvenirs vraiment horribles. Je me demande comment un être humain a pu un jour t’imaginer. Comment tant d’horreurs ont pu se produire sans que personne n’y mette un terme avant ces quatre trop longues années.

Mais puisqu’il a fallu que tu existes, au moins que tu puisses nous servir longtemps de mise en garde contre ce que l’homme peut de plus terrible.

Hommage d'Adeline ADAM (6A) en 2008-09       haut

« Tu seras un nombre mon fils, il te sera tatoué, tu n’auras plus d’identité, tu deviendras même une loque humaine. Mon fils, tu seras un héro. »
Si mon père m’avait un jour dit ça, je ne l’aurais pas cru. D’ailleurs il ne me l’a jamais dit mais je suis quand même bien obligé de le croire. Je vis, ou plutôt je survis. Le problème est que je ne sais même plus pourquoi. L’espoir peut-être. Mon père me répétait souvent, « Au pays de l’espoir, il n’y a pas d’hiver », peut-être est-ce grâce à cela que je suis toujours ici maintenant ?
Je suis dans la cuisine avec mon compagnon Josepe. Un homme fumant un cigare nous jette presque la soupe pour le souper. Son cigare… il se consume à la même allure que nos vies se consument, ironie du sort comme on dit. Il est tard, j’ai beaucoup travaillé. Mes mains sont meurtries. Tout comme mon corps. Je ne suis plus là, je suis tellement maigre que je pourrais m’envoler au moindre coup de vent. M’envoler loin d’ici, oh oui mon Dieu, très loin ! Je pense à Sophie et à Jules, mes enfants. Sont-ils toujours en vie, pensent-ils à moi comme je pense à eux ? Marie, ma douce Marie, le jour viendra où nous coulerons à nouveau des jours heureux…
Nous prenons la marmite de soupe de nos dernières forces et allons la porter dans notre dortoir. Le froid me transperce. La soupe n’a pas de goût.
Demain Josepe ne sera plus là, il mangera de l’herbe et ce sera fini, m’a-t-il dit.
La nuit, j’aurai des coliques, le voisin du lit en-dessous de moi se plaindra et le matin, le travail recommencera. Des hommes se feront tuer par Lump, le chien du colonel - qui porte d’ailleurs bien son nom… - d’autres seront pendus, d’autres encore voudront toucher de plus près la liberté, leur liberté. »

Ceci est l’histoire animée qui, au fur et à mesure, à chaque fois qu’une nouvelle pièce du fort s’offrait à nous, à chaque nouvelle émotion, se dessinait devant mes yeux.
Ce fort m’a totalement désemparée. Jamais je n’avais vu tel décor, si ce n’est dans les films. Ce décor était celui de la guerre, du goût pour le sang, pour la mort, mais aussi pour l’espoir et la liberté. Tant de choses s’étaient passées ici ainsi que dans tant d’autres endroits tout aussi effrayants et tristes les uns que les autres…
Comment décrire l’ émotion première qui m’a prise à la simple vue du fort ?
Comment exprimer l’indignation ou même ma peur, lorsque j’ai aperçu les dortoirs, si tristes, si sombres enfermant une étrange atmosphère, une de celles qui vous oppresse à ne savoir où se mettre? Ou même les cachots où je n’ai pu m’empêcher de fermer les yeux à la vue du sac bleu…
En plus de tout cela, j’étais gênée, gênée d’être là, de marcher là où d’autres étaient tombés. Je me disais « Tu es là, tu entres dans le fort, tu en sors, tu fais ce que tu veux, tu es libre, toi. »
Quand j’ai été dans la salle des tortures, je n’étais plus gênée pour moi mais pour les allemands et autres tortionnaires; comment ont-ils pu sacrifier tant de vies de manières parfois si cruelles et tellement inhumaines ? Et tout cela pourquoi? Jusqu’où sommes-nous allés ? Jusqu’où irons nous pour des yeux trop foncés, pour une peau trop noire, pour des idées trop arrêtées ?
J’imaginais tous ces hommes, enfermés, entassés, condamnés. J’imaginais mon aïeul, la gorge nouée mais de fierté.
Je ne pouvais qu’imaginer.
Toute cette violence, quoiqu’on en dise, fait partie de notre passé, nous nous devons de ne pas oublier, nous en avons besoin pour vivre au présent et pour ne pas refaire les mêmes erreurs dans le futur. C’est à nous de faire que ce monde ne soit plus à la dérive. Tant de guerres subsistent encore…

Merci Breendonk de m’avoir fait découvrir cette autre partie du décor…

Hommage de Marine CRUL (6B) en 2008-09       haut

Iiiiiih... La porte s'ouvre... il fait sombre malgré les lumières au plafond, l'obscurité écrase toute lueur. Le sol est sale, la poussière, la noirceur étouffe la joie, l'espoir qu'on pourrait encore ressentir... Nombreux sont ceux ou celles qui ont marché sur ce béton. La peur est tel un vent froid, presque glacial. En entrant dans ces lieux, on se demande où on va aller, ce qu'on va devenir... Les couloirs sont vides, les portes grincent...

Que s'est-il passé ici? Y avait-il une chance de pouvoir encore sortir de cet endroit lugubre? Je sais que moi je vais pouvoir revoir le ciel sans être à l'intérieur de ces murs. Mais qu'y a-t-il au bout de ce couloir? Où les emmenaient-ils?

L'odeur de l'humidité combinée à celle de la poussière me fait penser à l'odeur de la mort.

Qui est passé par là. Que lui est-il arrivé?

Je marche... chacun de mes pas résonne. Quand je passe une nouvelle porte, je me sens de plus en plus enfermée. Je regarde autour de moi... je me sens prisonnière et ... seule.

J'arrive dans la chambre, je n'ose toucher l'armature du lit et lorsque je m'approche de ce qui devait servir de matelas, je m'immobilise... Une impression fantomatique s'empare de moi. Je me sens honteuse en ce moment même. Moi qui avant de venir a pu manger une ration plus que convenable, moi qui ai pu dormir dans un lit que je trouve quelques fois inconfortable mais qui n'est rien comparé à ce que je vois...

"Garde à vous!" Je marche toujours dans ces couloirs sordides. Je découvre les lieux et ce qu'on infligeait aux personnes détenues ici... "Garde à vous!" Je marche toujours, j'ai mal aux pieds... Comment arrivaient-ils à tenir autant d'heures debout? Je n'aurais jamais pu survivre dans cet endroit.

J'ai mal à l'intérieur de moi, mais en sortant de ces lieux, je me suis sentie vraiment libérée. Je me sens mieux, je n'oublie pas, mais je me sens moins oppressée...

J'ai appris sur les fautes de la génération passée... Comme on dit, l'erreur est humaine tout aussi stupide soit elle! Mais elle ne venait pas des dirigeants qui sont parvenus au pouvoir, mais de ceux qui ont voté et fait en sorte qu'ils y parviennent sans que jamais personnes ne les arrête dans cette horrible folie meurtrière... Des erreurs, on en a tous fait, ce qu'il faut, c'est pouvoir en tirer une leçon.

Hommage de Anaïs MULLER (6D) en 2008-09       haut

Breendonk... Ce mot me fait peur. J'ai froid rien que d'y penser. Les frissons et l'horreur me parcourent. J'y pense sans arrêt. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être à cause de ce nom écrit sur ce mur blanc: MULLER A., mon nom. Ce n'était pas moi, non, mais tout au long de la visite, je me suis vue prisonnière de ce fort. Je me suis vue subir toutes ces tortures. J'ai vu la douleur sur les visages de tous les autres prisonniers. J'ai vu mes bras, mes jambes, mon dos, tout mon corps meurtri des tortures allemandes. J'ai vu leurs yeux nazis supérieurs et impitoyables se poser sur moi avec dégoût. J'ai senti ces larmes de rage couler sur mes joues. "On va venir nous sauver, on va nous délivrer, la guerre va très vite se terminer". On s'accrochait tous à ces quelques espoirs même si on savait pertinemment que la fin était proche pour nous. Toutes nos nuits étaient bercées par les cris que poussaient ceux qui se faisaient torturer. Moi, la nuit où l'on m'a torturée, je me suis promise de ne pas crier. Mais c'était impossible, j'ai hurlé et hurlé jusqu'à ne plus avoir de souffle. Je perdais connaissance quelques fois car je perdais beaucoup de sang. C'était les meilleures secondes de mon séjour là-bas. J'espérais y rester pour ne plus avoir à subir ça. Je voulais rejoindre les autres qui étaient morts sans raison, je voulais aller leur raconter qu'un soldat allemand avait trébuché et que j'avais rigolé. Je voulais leur dire que juste pour ça j'étais pendue par les bras à ce crochet en train de me faire torturer. Ces barbares me hurlaient dessus en allemand, je n'y comprenais rien alors ils me rouaient encore plus de coups. Ils auraient pu me tuer tout de suite mais ils ne l'ont pas fait. Ils m'ont laissé agoniser dans une cellule que je rendais malodorante. Après plusieurs jours, ils sont venus voir si j'étais morte. En effet, je l'étais. Mon esprit a vagabondé de part et d'autre de cette guerre. J'ai vu que Breendonk était sûrement l'endroit le plus horrible. Il y avait peu de monde donc personne n'était jamais tranquille. Les Allemands ne faisaient que boire, torturer et tuer.
Puis, les alliés sont arrivés, ils ont délivré notre pays et mis fin à la guerre. Un sentiment de mal être a pris possession de moi durant cette visite et depuis, il ne me quitte plus. Commémorons l'armistice en ce jour car des millions de personnes courageuses sont mortes pour notre liberté. On ne peut que leur rendre hommage...

MULLER A., 6D

Hommage de Zangas Emilien (5D) en 2006-07       haut

Les hommes sans ombre
Sur les marches des hommes sans ombre
Il ne pouvait paraître que des idées sombres
Il y en avait qui creusaient et mouraient
Et d’autres qui criaient et frappaient
Tous auraient pu s’arrêter, mais l’homme stupide
se croyait supérieur…
Ils ne pouvaient se résoudre à arrêter ce massacre car
de pierre étaient faits leurs cœurs…
Un jour un homme aurait tué pour pouvoir manger
Le lendemain malheureusement sa vie avait déjà filé
Tous dans le même endroit, confiné, à être torturés
Même pour l’un des leurs qui s’était rangé du mauvais
côté
Dans la cour au garde à vous comme des pantins
au désarroi
Les frères au cœur piqué par le froid se tenaient
la main en attendant le supplice des SS « bouffés »
par le vice

Je compris enfin ce que l’on me racontait
lorsque j’ouvris les yeux…

Hommage de Taquet Emilie (5TART) en 2006-07      haut

Breendonk, la véritable cruauté de l’être humain
Comment les hommes peuvent-ils être aussi cruels avec leurs semblables ? N’ont-ils donc que de la haine en eux pour s’infliger de telles tortures comme briser des jambes, des côtes, des reins, électrocuter, marquer au fer rouge, battre à mort, séquestrer et pousser l’homme à travailler jusqu’à la mort ?
Marcher dans ces couloirs en étant libre tout en pensant que d’autres personnes les ont traversés les mains liées, un sac sur la tête fait réfléchir ! Pourquoi l’homme, dans son désir de domination, transforme nos différences, qui nous rendent uniques, en raisons de nous détruire ? Nous sommes tous capables du pire comme du meilleur, mais qu’est-ce qui pousse l’homme à haïr, à humilier quelqu’un de simplement différent de lui ? Il y a tant de questions à se poser, auxquelles nous n’aurons jamais de réponse, juste des paroles et des images de souffrance, car l’homme n’est pas encore près d’assumer les différences.
L’air putride s’évapore petit à petit, le soleil se montre… Sortir de là nous rend libres, mais nous nous sommes mis dans leur peau l’espace de quelques minutes. Nous n’avons pas ressenti de souffrance physique mais notre esprit n’en est pas sorti indemne !
N’oublions donc jamais notre passé, il nous rappelle à quel point l’Homme est faible et influençable. Il nous faut être plus fort et avoir nos propres idées, y réfléchir et agir en tant que citoyens responsables. La responsabilité donne à l’homme toute son humanité…
Nous gardons toutes ces victimes dans nos mémoires. Faites que l’homme grandisse un jour sans devoir écraser les gens différents…

Hommage de Chloé COLLETTE de 6A en 2006-07      haut

Ma chère « petite mamy »,

Je t’envoie cette lettre sous le coup de l’émotion. En effet je reviens de Breendonk et je sais que tu y as passé des jours atroces. Quelle horreur je n’en reviens toujours pas, comment as-tu pu vivre dans cette peur permanente, quelle force de caractère…
Quand j’étais petite, tu me parlais de cette vie dans les camps, des espoirs que tu as eus, de ton désir de revoir ton fils qui n’avait que 13 ans quand tu as été dénoncée. Tu as d’ailleurs exprimé cette envie dans ton petit carnet que tu nous as légué : « Assise sur un petit banc je le vois devant moi, je crois le tenir dans mes bras, le reverrai-je un jour ? ». Je me rappelle de tes descriptions de Ravensbrück, des femmes que tu n’as jamais revues.
A Breendonk je me suis vraiment rendue compte des souffrances que tu as dû endurer, de la brutalité des Allemands, de leur inhumanité. Je conçois mieux cette phrase qui m’a choquée à l’époque : « Si on m’avait donné un bébé Allemand dans les bras à la sortie des camps, je crois que je l’aurais tué ! » Voilà dans quel état d’esprit tu devais être, tu n’étais plus qu’un animal et tout ça à cause des nazis des « sales Bosch » comme tu le disais si bien.
Quand j’ai passé les grilles en métal du fort, je me suis imaginée à ta place, dans l’ignorance la plus complète, je ne savais pas où j’allais et ce qu’on allait me faire. J’avais l’impression qu’on me bousculait et qu’on me tabassait. Tu m’avais déjà expliqué que, sitôt passé le seuil de cette porte, vous n’étiez plus rien, un simple numéro, un troupeau de bétail qui arrivait à l’abattoir. Le guide nous à alors expliqué la bestialité des Allemands et en l’écoutant parler j’avais l’impression que c’était toi qui me racontais une dernière fois ton histoire, j’aurais tellement aimé que tu sois là…
On nous a également montré des portraits de résistants qui ont été torturés avant d’être pendus et là, je me suis vraiment sentie chavirer car ça aurait très bien pu être ton sort !
J’ai reparlé de tout ceci avec papy et il m’a raconté une fois encore ton histoire si sordide. De quelle lucidité d’esprit tu as fait preuve le jour où les Allemands sont venus te chercher en disant à papy de s’enfuir pour ne pas qu’on le capture lui aussi, tu l’as probablement sauvé ! Comme tu avais eu beaucoup de travail au salon de coiffure ce jour-là, tu avais caché les lettres à un autre endroit que d’habitude. Ils ont fouillé, tout retourné, mais ils n’ont rien trouvé.

Tu n’as donc pas été fusillée sur le coup mais on t’a envoyée à St Léonard puis à Breendonk. On t’a alors torturée et placée dans l’isoloir, ces 2 pièces je les ai vues.
Mon sang s’est glacé et, à peine arrivée dans la salle de torture, personne n’a plus prononcé un mot. Il y avait un silence lourd, comme si les horreurs qui s’étaient passées dans cet endroit se renouvelaient juste devant nos yeux. Tu ne nous as fait part que d’une partie de cette douloureuse épreuve, sans doute pour nous épargner et surtout pour que l’on ne te plaigne pas !
Les personnes qui entraient dans cette pièce en ressortaient rarement. Il faut dire qu’ils subissaient les sévices les plus abominables. Ils étaient suspendus à 3 mètres du sol par les poignets, liés derrière leur dos et au bout d’un certain temps leurs épaules se déboitaient. On les questionnait sans relâche jour et nuit jusqu’à leur dernier souffle pour avoir la moindre bribe d’information et s’ils avouaient on téléphonait directement aux supérieurs pour leur communiquer ce que vous aviez eu le malheur de dire. Il était presque impossible de ne pas révéler ce que vous saviez, vous dénonciez alors famille et amis en espérant que ce calvaire cesse, mais de toute façon, vous étiez condamnés à une mort atroce ! On ne peut pas leur en vouloir car ils ont trop souffert et rares sont ceux qui résistaient. D’ailleurs toi aussi tu as été dénoncée par une des coursières, mais tu ne lui en as jamais voulu car les nationalistes menaçaient de tuer son fils si elle ne parlait pas. Ses aveux ne l’ont pas épargnée, en effet, ils furent tous les deux abattus !
Mais dans cette salle on vous martyrisait également avec des fers rouges et des pinces pour vous broyer les doigts sans oublier la pince électrique…
Je ne sais pas pourquoi ils t’ont épargnée et comment tu es ressortie de cet interrogatoire mais j’ai vu où ils t’ont mise après ça. Dans des cages de 2m50 sur 1m50 environ avec un lit, enfin on va plutôt dire une planche en bois, mais où vous ne pouviez pas vous asseoir au risque d’être fusillés. Vous étiez la plupart du temps attachés à des chaines et parfois, on vous donnait de la nourriture mais on vous la plaçait hors d’atteinte.
Breendonk était d’ailleurs appelé « le camp de la faim et de la soif » car pour tout repas, vous aviez du pain moisi, de la soupe qui était en réalité de l’eau rarement chaude et un café infecte!

Tu m’avais expliqué aussi qu’après la libération tu avais été gravement malade et que plusieurs de tes camarades étaient décédées à cause de votre changement d’alimentation. Il fut tellement radical qu’il devint mortel.
En effet, comme votre estomac n’avait plus l’habitude de recevoir autant de nourriture d’un coup, vous vous « vidiez » complètement…
Ce passage dans l’isoloir t’a vraiment marqué, car plusieurs années après et jusqu’à ce que ta maladie t’emporte, tu n’as jamais supporté rester dans le noir et dans un endroit clos.
La chose qui m’a le plus répugnée, ce sont vos « toilettes » enfin si on peut appeler ça ainsi… Ce manque d’hygiène et de respect de l’être humain, ça me dépasse ! Vous étiez tous les uns à côté des autres et vous deviez faire vos déjections en une minute à peine. Quand les Boches l’avaient décidé, les maladies se transmettaient aussi vite qu’une trainée de poudre.
Quant à vos dortoirs, ils étaient si petits qu’on savait à peine y circuler et ils étaient remplis de couchettes sur lesquelles vous étiez entassés les uns sur les autres sans oublier que, le soir, les fenêtres étaient ouvertes. Ainsi, en hiver, beaucoup mouraient de froid. Par contre, dans le baraquement des juifs, construit par après, tout était clos et ils mouraient asphyxiés.
En plus de tout ça, vos chefs de chambrée étaient impitoyables, si eux pouvaient sauver leur peau en vous vendant ou en vous tuant, ils le faisaient sans hésiter. Les appels, comme à Ravensbrück, étaient longs et pénibles. Vous deviez rester des heures debout aussi bien le jour que la nuit. Autant dire qu’il était tout à fait impossible de s’évader car ce n’était pas les seules mesures que les Allemands avaient prisent. En plus des appels, il y avait des vigies un peu partout, des barbelés et surtout des murs très solides car pendant la guerre 14-18, Breendonk nous a servi de fort de défense.
En dehors de toute cette maltraitance et de toutes ces atrocités, vous ne vous reposiez pas, non, vous « creviez » à la tâche, vous deviez déblayer des terres qui recouvraient les remparts et qui servaient à dissimuler le fort auparavant. C’était un travail exténuant avec un matériel non adapté. De plus, on vous rouait de coups la plupart du temps !
A la fin de la visite, nous avons vu la place d’exécution où les prisonniers étaient soit pendus, soit fusillés. Une plaque de commémoration avec une cinquantaine de noms est affichée, mais en réalité il y a eu six fois plus de morts selon les sources de notre guide. Pourquoi ne pas avoir mis tous les noms ? Parce qu’ils voulaient dissimuler toutes les preuves !
Comme pour les camps de concentration, ils ont voulu détruire tout ce qui aurait pu les compromettre.
C’est pour cela qu’un peu avant la fin de la guerre, les nazis ont détruit de nombreux papiers, bâtiments mais aussi beaucoup de personnes !
Au début de la guerre, ils devaient également remettre à la commune un certificat de décès pour les personnes qui étaient mortes à Breendonk. Evidement, ils n’allaient pas écrire comme cause de la mort : « abattu sauvagement ». Alors ils trouvaient de faux prétextes comme une pneumonie, un suicide ou d’autres maladies. Pour finir, ils ne prenaient même plus la peine de les rédiger car trop de personnes disparaissaient quotidiennement au fort !

Mais ce qui m’attriste le plus, c’est que l’on n’a pas tirer des leçons de ces atrocités ! Quand je vois la montée de l’extrême droite, je me demande vraiment si les personnes qui votent pour ce parti réfléchissent bien aux conséquences de leurs actes… Je n’en reviens toujours pas, quand on voit que le Vlaams Belang a 23 sièges au parlement, c’est inadmissible !!
J’aimerais que tu sois encore là pour leur expliquer à tous ce qu’Hitler et son régime t’ont fait !
Tout le monde doit savoir que : « Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre ! »

Je terminerais ma lettre avec ce chant des prisonnières que tu chantais autrefois :

Assassins – assassins – assassins
Aufsthen – Aufsthen
Triste réveil des prisonnières des camps de concentration
Figures bouffies, corps fatigués, fièvre latente
Pas d’eau, pas de café ce matin
Appel Raüs
Déjà 4 heures dans ce froid
Le jour se lève
En avant les prisonnières en route pour le travail forcé tant pis si vous crevez
Déjà le fascisme a détruit nos foyers
Tué mon père

Fusillé mon mari
Assassiné mon fils
Nos bourreaux nous obligent à trimer jours et nuits
Au moindre arrêt de nos corps éreintés
Coups de bâtons pleuvent sur nos dos
Chiens aux dents féroces sont lancés sur nous
Arbeït schnell arbeït schnell los los
Oh terre de détresse ou nous devons sans cesse piocher, piocher
Fils de fer barbelés de tous côtés
Les SS en uniformes nous guettent à tous les coins
Impossible de s’évader
Les poux, la vermine, la maladie dévorent nos corps amaigris
Famine, typhus, dysenterie, gaz crématoire
Les meilleurs des nôtres tombent victimes du régime assassin
Chaque jour, les cadavres s’amoncellent,
Assez de larmes, dormez en paix chères camarades
Jamais vous ne serez oubliées
Nous jurons de nous venger
Notre force c’est notre haine pour les nazis
Assassins – assassins
Vengeance – vengeance
Pour mettre fin au fascisme maudit
De tous les coins du monde, les peuples se sont rassemblés
Marchons au pas ardemment
Au-delà des fusillades
La liberté nous attend
Au-delà des fusillades
La liberté nous attend

Je t’envoie, là où tu es, mille baisers….

Ton arrière petite fille Chloé .

Hommage de Benjamin Cerfontaine de 6B en 2004-05        haut

"Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre"

Dès l'arrivée devant l'entrée du fort, le temps s'arrête, se fige dans ce lieu de mort.

Morts sont ceux qui se battaient pour la liberté, morts sont ceux qui voulaient croire en leur dieu, morts sont ceux qui osaient contester.

Une fois la grille passée, la lumière s'estompe, le soleil disparaît. Au ciel bleu d'azur succèdent de noirs plafonds.

Ensuite, le prisonnier, qui pouvait encore espérer survivre, arrive dans l'antichambre de la grande faucheuse, la salle de séjour des SS. Le grand aigle y accueille les visiteurs, couvant de son regard cruel toute personne y pénétrant. Les SS, ces tueurs d'élite, arborant fièrement leurs insignes, regardent d'un œil avide, les détenus qui passent devant eux, leurs prochaines victimes. Ces détenus ne sont plus des hommes, mais des nombres, du bétail asservi, des gouttes au milieu d'un océan de sang.

De jour en jour, d'humiliation en humiliation, le temps passe. Les jours filent comme les kilos, perdus faute de nourriture suffisante. Une infâme soupe, composée en grande partie d'eau est l'unique menu. Sous les coups qui deviennent habituels, ils doivent se laver, passer aux latrines, et tout ça en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire.

Sous la férule de chefs de dortoirs ou de gardiens, cruels ou bons, la lutte pour la vie est un combat de tous les jours. La violence et la cruauté se lisent dans leurs yeux. Cette cruauté sans bornes est attisée par les litres de bière qu'ils ingurgitent. Elle fait chaque jour des victimes…

Pendaisons, supplices, les hommes s'affaiblissent au cours du temps. La torture est monnaie courante. Le sang d'une victime s'écoule en un ruisseau, celui-ci rejoint le fleuve versé par tous les prisonniers, et ce fleuve, n'est encore rien en comparaison avec l'océan né de la folie d'un teuton moustachu. La barbarie s'est modernisée, les outils deviennent de plus en plus performants. Quel paradoxe que le progrès amène à la régression.

Au fil du temps, comme érodées par la sueur des prisonniers, des tonnes de terre sont déblayées. Et pour certains, cette terre a servi de tombe… Pour d'autres, le camp n'est qu'une étape vers une autre destination, encore pire, Auschwitz, Dachau…

Beaucoup sont partis, peu sont revenus, mais tous se demandaient la même chose : pourquoi ?

Hommage de Matthias JOSKIN 6 D en 2004-05      haut

Chronique d'un témoin au XXI ème siècle
ou "Comment j'ai échappé à une vie d'esclavage"

L'histoire n'est pas mon sujet de prédilection, loin de là oserais-je même dire. Il y a pourtant quelques faits plus ou moins récents qui me touchent.
Je dois quand même avouer que le jour où j'ai appris que l'Europe, et peut être le monde entier avait échappé à une germanisation certaine, je n'ai pu m'empêcher de ressentir un léger frisson.
Depuis ce jour, l'entreprise gargantuesque et obnubilée de la nation germanique m'impressionne et me fascine. L'idée d'un homme, formant un parti, prenant le pouvoir, bâtissant une armée dans le but de devenir le maître du monde… Un mot me traverse l'esprit… Ah oui !!! Ambition !!! Jusque là, c'était respectable.
Après tout, aucune loi n'interdit de s'assimiler à un demi-dieu… et c'est là que je tombai de haut ! Lorsque j'appris les méthodes mises en œuvre par cet homme et son administration pour parvenir à leurs fins. Certes, ils devaient se faire respecter par des peuples entiers s'ils espéraient les diriger… Alors comment faire ??? Très simple, imposer une loi qui vit le jour à la nuit des temps, elle existe depuis toujours et on la retrouve sous diverses formes aux quatre coins du monde. Qui elle est ? La loi du plus fort ! Et oui, tout simplement. En imposant un climat de terreur à très grande échelle, ils pourraient faire n'importe quoi. Une machine infernale mais non moins géniale fût lancée.
En Allemagne, en Pologne, en Autriche, en République Tchèque, en France, en Belgique, … des camps de concentration virent le jour. Ils furent classifiés en deux catégories : les camps de travail et les camps d'extermination (ou camps de la mort).
Dans les camps de travail, on vous tuait à la tâche, les conditions de vie étaient insupportables, l'hygiène inexistante et la nourriture rationnée au possible. Des SS vicieux jouaient avec votre vie ou vous abattaient selon leur gré, vous travailliez entre douze et quinze heures par jour et pour peu que vous fussiez ennemi au parti, vous étiez torturé durant la nuit.
Pour ce qui des camps de la mort, c'était nettement plus radical. En fait, ça marchait comme des usines. Avec délais, productions et efficacité. Et ça tournait… du moins, au début. Car à la longue, le bras vengeur de l'Allemagne ne cessant d'attraper ses victimes au collet, les camps furent vite dépassés. On exterminait par centaines, par milliers, mais cela n'était pas encore assez rapide. Alors on décida des les entreposer… d'autres camps virent le jour, et ceux-là fonctionnaient comme des camps de concentration, où les détenus attendaient l'heure du dernier voyage. Celui des douches à gaz, de la potence ou du poteau d'exécution. On estime à dix millions le nombre de personnes qui furent exterminées dans ces camps à travers l'Europe. On trouvait toutes sortes de peuples.
"Diviser pour Régner". Il y avait un peuple en particulier, mais aussi une multitude d'autres personnes de couleurs, de races, de cultures ou de religions différentes, entassées dans des baraquements de bois, été comme hiver, et par tous les climats. Ces peuples, qui jamais n'avaient représenté la moindre menace pour ces dirigeants furent affamés, humiliés, martyrisés, battus, torturés, gazés, pendus, fusillés, assassinés, exterminés,… sans que jamais aucune raison ne fût avancée pour justifier ces actes.
Jamais aucun témoin de ces camps ne m'a raconté l'horreur qui y régnait, jamais je ne pourrai ressentir l'état d'esprit qui hantait les têtes vidées par la fatigue et la famine. Et pourtant, je réalise aujourd'hui, que comme des millions d'autres, j'ai échappé à une vie d'horreur et d'esclavage… et revoilà ce frisson qui me parcourt…

Hommage de Frédérique GUDELJ 6 C en 2004-2005        haut

Les camps de concentration

Je monte dans le wagon. Je sens monter une odeur nauséabonde. Ça sent la merde, la pisse et la mort. Je vomis.

- Mais tire-toi de là ! Avance ! Tu veux tous nous faire tuer ? C'est Henri qui crie. D'habitude, mon frère est plus calme, il n'aime pas la violence. Mon esprit est si embrouillé, je ne comprends plus ce qui se passe. Je ne sais d'ailleurs pas si je comprendrai un jour.

J'observe mon frère, il est très grand et se tient toujours le dos courbé, comme gêné par sa propre taille. Il porte de grosses lunettes noires et une mèche de cheveux châtains retombe sur son front. Ses yeux verts sont si tristes qu'ils me semblent presque gris. Mon frère est résistant et aussi homosexuel, il sait qu'il est ici pour tout cela à la fois.

Et moi, moi je ne sais pas. Je ne sais plus. Ils sont venus nous chercher chez nous hier soir et puis… Tout est allé si vite… Je ne voulais pas qu'on me prenne Henri, je ne voulais pas qu'on me l'arrache. Nous sommes tous partis. Mais c'est trop. Je vomis encore. C'est presque de l'eau. Une autre fille est avec moi, elle s'appelle Béatrice, je crois. Elle est très maigre et a l'air malade. On échange un regard. Elle me prend la main et m'aide à avancer. J'entends au loin un coup de sifflet, des bottes qui claquent… Les portes se referment sur nous. Le train démarre. Il fait noir. Dans le compartiment, nous sommes une bonne vingtaine. Serrée contre le mur, je prends sans cesse des coups. J'ai froid, chaud, puis froid. J'attends le moment de sortir, je voudrais vomir encore, respirer, boire, rentrer chez moi. Mais où c'est chez moi ? Henri est tout à coup près de moi, il me touche la joue. Il murmure :

- Souvent quand les yeux en ont trop vu, ils pleurent et effacent la douleur de leurs larmes. Un jour, ils ne peuvent même plus.

De toutes ces heures de voyage, je ne me souviens distinctement que de cette faiblesse qui m'envahit à ces mots. Henri déteste cette guerre. Je crois que les hommes le dégoûtent.

Soudain le train s'arrête, nous descendons. Je tiens toujours dans ma main celle de Béatrice… Nous descendons ensemble. Seules quelques femmes descendent. Les autres continuent. Je ne reverrai plus jamais mon frère. Si vous saviez comme il me manque !

Nous sommes à Cracovie, dans un petit camp pour femmes. La suite, chacun la connaît déjà… La nudité qu'on nous impose à l'arrivée. Les cheveux qui tombent sous les coups de rasoir. Les lourdes portes qu'on tire. Le mur que j'ai regardé maintes et maintes fois. Les mortes qui tombent sur le sol et celles qui partent sans qu'on ne les revoie plus. Les heures passées debout. Les coups de feu qui retentissent. Notre vie qui bascule selon l'humeur d'un capot, d'un SS. La faim, le froid, les coups… Je ne puis expliquer mieux que cela. Nous ne savions rien de l'extérieur, nous ne ressentions plus rien. Nous étions anesthésiées…

Lorsque Béatrice est morte, je n'ai pu que continuer à avancer. L'invraisemblable se produit dans une guerre. Dans celle-ci, l'inhumain nous est apparu. Dans le camp, régnait cette terrible hiérarchie. Celles d'entre nous qui montaient de grade, devaient à leur tour donner des coups… Et dans ce désespoir et cette fureur de vivre, avaient-elles vraiment le choix ? Bien sûr. Ont-elles eu le courage de se dresser contre ceux qui avaient le pouvoir de tout donner mais aussi de tout reprendre ? Pour la plupart, non.

Dans cet endroit de mort conçu pour prendre à l'être ce qui lui reste de lui-même, les lois ne sont plus les mêmes. Ces camps n'ont fait que prendre… Prendre nos rêves, notre dignité, notre beauté, nos envies, nos silences… Là-bas, mes larmes ont lavé mes douleurs un temps, mais à présent je ne pleure plus.

Hommage de Valérie WINKIN de 6A en 2003-2004    haut

C’est à toi que j’écris. Toi qui es mort là-bas. Si je te dis TU, ne crois pas que je ne respecte pas, c’est parce que je ne te connais pas. Tu es mort pour que je vive, alors tu fais partie de moi. Hier, j’ai vu où tu as été emmené et, comme toi, je n’ai pas compris. Quand tu es arrivé là-bas, tu t’es posé bien des questions. « Où suis-je ? » a dû être la première. Contrairement à toi, je le savais. Tu étais à Breendonk. Je le réalise maintenant, ce nom ne t’aurait rien appris. Où tu étais, tu le savais finalement : tu étais en enfer. Tout de suite, tu l’as compris, lorsqu’une voix que tu ne comprenais pas t’a ordonné de te placer contre ce mur. Bien sûr, tu ne l’as pas fait, comment aurais-tu compris, toi qui ne parles pas l’allemand ? C’est alors qu’ils se sont déchaînés sur toi. Il a plu des coups sur ton corps comme il pleut sur mon cœur. Ils t’ont frappé toi, toi qui ne savais pas la raison de ta présence. Je me suis tenue contre ce mur où tu as saigné, j’ai posé mes mains sur la pierre et je t’ai vu. Toi, dans ton uniforme trop grand. Toi seul, perdu. Perdue, je l’étais aussi. Je me suis dit : ces hommes se sont tenus ici et t’ont battu sans raison, par pur plaisir. Pourquoi ? Tu n’avais rien fait. Oh si, j’oubliais, tu portais l’étoile. J’ai suivi le même chemin que toi, arpenté les mêmes couloirs. Plus j’avançais, plus je me sentais oppressée par des souvenirs, souvenirs que portait chaque pierre, souvenirs que je savais aussi être les tiens. Comment me sont-ils venus ? Je l’ignore. Je me tenais là, seule au milieu de ce long souterrain, et je les ai vus. Je les ai vus, ces Allemands, rire, se saouler, et venir te chercher et t’humilier, te rabaisser. Tu as essayé de résister, en vain. Ils étaient trop forts pour toi. J’ai vu où tu dormais, j’ai posé les mains sur le bois de ces lits, entassés dans une chambre trop petite, trop froide. Sur ce bois a coulé ton sang, ta sueur, ta douleur. Quand tu te réveillais le matin, tu pensais, en mangeant ta tartine quand il y en avait pour toi, en buvant ce jus infâme qu’ils appelaient café, à ta famille, à tes amis, à ceux qui se battaient encore. C’est là que tu trouvais la force de mettre un pied devant l’autre , de soulever les charges énormes qu’ils te mettaient sur les épaules. En plus, tu étais juif : pour toi, pas d’outils.
Là-bas, au milieu de la cour, je me sentais si petite, si seule.
Lorsque j’ai vu, dans cette même cour, les endroits où les Allemands se tenaient, vous menaçant de leurs fusils, j’ai eu envie de hurler, mais le pire restait à voir. On nous emmené dans la chambre de torture, cette pièce d’où, toutes les nuits, venaient des cris atroces, et où tu priais ne jamais mettre les pieds. J’étais tendue, et je n’osais regarder le crochet qui pendait au milieu de la pièce. J’ai alors regardé le sol et j’ai vu cette rigole, aménagée pour évacuer le sang des prisonniers ! Ton sang ! Notre guide, tu sais, a dit une petite plaisanterie et certains ont ri. Ce son, pour moi si étrange et déplacé dans un tel lieu, m’a fait frissonner. Avant de quitter la salle, je me suis arrêtée et j’ai pensé à toi. Je dois te remercier, toi et tous ceux qui ont lutté.
La torture n’était pas seulement physique. Toi qui n’en connaissait aucune, c’est là que tu as appris.. Tu as appris à souffrir, tu as appris à avoir peur. Tu as eu peur de la mort, bien sûr, mais, je l’ai ressenti, ce n’était pas la plus grande. Tu avais peur de ne pas revoir ta famille, tu avais peur que d’autres subissent cela. Tu as eu peur quand tu as vu ce jeune de 19 ans tomber, et ne pas réussir à se relever assez vite. Tu as voulu l’aider. Moi aussi, j’ai voulu. J’étais là et je ne bougeais pas. Tu as essayé. Ce simple acte de bonté, tu l’as payé. C’est toi qui as dû amener ce pauvre gosse jusqu’à la potence. J’ai suivi vos ombres jusqu’à elle, elle qui se dresse toujours, grande et noire.
C’est là que je t’ai vu pour la dernière fois. J’ai cherché ton nom parmi ceux qui étaient inscrits. C’est là que j’ai réalisé que je ne le connaissais pas, mais après tout, peu importe. Qu’est-ce qu’un nom ? Tu avais d’ailleurs oublié le tien. Eux t’avaient donné un numéro et t’ont oublié. Moi, je ne connais pas ton nom et je ne le connaîtrai sans doute pas, mais je ne t’oublierai jamais.

Hommage de Roseline GEURDE de 6 C en 2003-2004       haut

Blessures d'un rescapé de Breendonk

Je m'en souviendrai toute ma vie. A Malines, début décembre, alors que j'étais en compagnie de ma jeune épouse dans un café bien au chaud, nous entendîmes le bruit des marches nazies. Quatre officiers, armés chacun d'un fusil ainsi que d'une matraque nous toisaient du regard comme si nous étions de dangereux criminels. De leur grosse voix, ils nous hurlaient de se mettre en rang, les mains en l'air. Comme Madeleine était francophone et que je ne comprenais pas bien l'allemand, nous imitions les autres. Pendant le temps où, tels que des statues, les bras levés, surveillés par deux des nazis, nous n'avions le droit que de nous taire, les deux autres allèrent dans l'arrière-boutique. Quelques instants plus tard, ils revinrent avec un homme plus une femme enceinte, juifs facilement identifiables par leur étoile jaune sur leur veste. Tous les clients (à peu près 20, nous y compris) ignoraient que les propriétaires de cette taverne enfreignaient les dures lois dictées par le gouvernement nazi. De plus, ces quatre cerbères nous regardaient de leurs yeux méprisants. Le trajet jusqu'à Breendonk se fit dans une sorte de camion militaire appartenant aux SS. Dès notre arrivée, nous fûmes séparés en 2 groupes. Malgré la violence des coups, je fis mon possible pour rester avec Madeleine, ce qui fut peine perdue. J'entends encore le son de sa voix, dans le désespoir, dans la terreur, qui me dit "On se reverra, Jan. Dieu réunit toujours ceux qui s'aiment." Je ne compte plus le nombre d'heures que nous avons passé les mains levées, la tête face au mur sans oublier nos blessures dues à "leur" chicote. Dans le bureau d'administration, notre argent ainsi que nos papiers nous furent confisqués. Pour eux, nous n'étions guère que des numéros. Le responsable de ma chambrée m'a confié qu'il avait aperçu le corps étendu, inerte de Madeleine. Je ne voulais pas y croire: Madeleine ne pouvait pas partir sans moi. C'était horrible de penser que son doux visage n'éclairerait plus ma petite vie... De mes propres yeux, je vis le corps ensanglanté de celle qui était l'élue de mon cœur. La lueur d'espoir à laquelle je m'accrochais durant cet infernal quotidien s'était éteinte à tout jamais. Les jours suivants furent d'autant plus atroces pour moi que mon unique raison de vivre m'avait quitté sans me faire ses adieux. C'est pourquoi, celui qui était devenu mon ami, Johan, me conseilla d'aller voir le médecin. Chose que je fis, mais ce qu'il ignorait, c'est que lors de la visite du médecin, un des bourreaux avec sa tête d'assassin, nous surveillait. J'étais donc dans l'impossibilité de me confier ouvertement à lui. Diagnostic: malade à 60%. J'étais, donc, encore bon pour servir de cobaye, me jeter dans cette marée humaine de souffrance et de tristesse... Tous ces jours furent pénibles, sans âmes. . .
Je n'avais plus la notion du temps, tout me paraissait interminable... Les prisonniers n'osaient même plus se poser la question de savoir s'il fallait survivre ou mourir. Survivre pour qui et pour quoi? J'avais perdu ce qui m'était le plus cher au monde et je ne voyais pas le soleil au bout de ce tunnel si noir... Plus le temps passait, plus mon état se détériorait. Le soir, dans les cellules, il n'était pas rare d'entendre les hommes se lamenter. .. Des cris si affreux, qu'il m'arrive encore d'en rêver. . .
Nous devions construire des tranchées; ce qui devenait de plus en plus éreintant pour nos pauvres corps sans défense. Des hommes, des cadavres, la famine, la torture, la souffrance! Voilà ce qu’était notre quotidien.
Les soirs, les bourreaux nous ordonnaient de laisser les portes de nos chambrées ouvertes pour entendre les cris des prisonniers sélectionnés pour la torture. Des cris horribles comme des êtres perdus en enfer... Tandis que les SS s'amusaient d'eux ou dans leur casino.
L'hiver était rude, si rude que nous ne pouvions presque plus bouger les parties de notre corps qui étaient encore "intactes". Nous ne savions pas où cela allait nous mener, des centaines de questions nous trottaient dans la tête mais personne ne pouvait y répondre. Il ne fallait plus compter que sur sa bonne étoile, mais après tout, nous n'étions plus très sûrs d'en avoir une. Travailler, travailler, travailler encore, voilà ce que nous faisions de nos journées. .. Les prisonniers qui n'étaient pas de corvée du matin au soir allaient être déportés vers des camps plus grands. On murmurait, chuchotait que beaucoup de juifs (entre autres) avaient été déportés vers des soi-disant camps d'extermination. . .
Une fois, alors que je devais creuser la tranchée, un de mes compagnons de chambre sentait que ce jour était exceptionnel. Une certaine chaleur régnait dans le fragment de cœur qu'il nous restait, malgré un froid hivernal. Dès que la permission d'aller nous endormir fut enfin obtenue, de délicats flocons de neige se mirent tout doucement à tomber sur nos visages. C'est alors que j'ai vu la solidarité des victimes. Pour la première fois, depuis notre arrivée dans ce camp, j'ai vu des hommes blessés sourire intérieurement. . .
Je me souvins que ma Madeleine adorait la neige. Elle disait avec sa voix d'ange que les flocons étaient des âmes en peine qui descendaient sur la terre pour réconforter les plus misérables... Et une larme chaude coula le long de ma joue: je sentis la présence de ma Madeleine tout près de moi... C'est elle qui m'a donné la force de ne pas succomber, de résister à ce monde en guerre. Grâce à ma volonté de liberté, j'ai réussi à m'en sortir. A l'heure actuelle, j'ignore toujours les raisons de ma libération. . .
J'ai survécu à ces atrocités, néanmoins j'en garderai toujours des séquelles au plus profond de mon être.
J'ai essayé petit à petit de reconstruire ma vie. Hélas, chaque fois que je regardais ce numéro sur le bras, je m'effondrais.
J'ai rencontré une merveilleuse femme qui me rappelait ma regrettée Madeleine. Grâce à elle j'ai su redevenir un être vivant. Cependant, Madeleine gardera à jamais une place spéciale dans mon cœur. . .
J'ai trouvé la force de retourner à Breendonk en compagnie de ma petite famille...C'était comme une blessure qui s'est rouverte...Ce jour-là, il faisait sombre, nuageux. Lorsque nous sommes ressortis, le soleil nous éblouissait le cœur. J'ai vécu d'affreuses choses que je ne saurai point expliquer davantage...
Les rescapés ont tout perdu; leur famille, leur maison, leur religion, leur dignité ainsi que leur âme. Le moment que j'ai passé là-bas fut et sera certainement le plus long, le plus douloureux de mon existence. . .

"Respectez ces lieux, des hommes y ont souffert pour que vous soyez libres" . . . Cette phrase à l'entrée du camp restera gravée en moi tant elle est vraie...
(Jan Vandenappel)

Hommage de Caroline Sacré - 6D en 2003-2004     haut

J'ai vu la violence des arrivées, les tortures dès les entrées.
J'ai vu les dépouillements, les vols de tous les biens, des attaches familiales.
J'ai vu l'esclavage, le travail de forcené.
J'ai vu les pièces sombres, humides, où vous rencontriez Morphée, pour mieux se souvenir et tenir.
J'ai vu l'entassement humide et insalubre de vos paillasses.
J'ai respiré l'air moite et sur de vos chambrées.
J'ai goûté au jus de légumes trop rare, aux restes de repas S. S. ... ceux qui ne sont pas assez bons pour les porcs.
J'ai ressenti la maladie, le pu des blessures suintantes, le vomi des estomacs malmenés.
J'ai assisté à votre minute collective, celle de votre douche, où chaque giclée d'eau compte, où chaque seconde importe.
J'ai ressenti là douleur de la torture, des muscles déchirés et des flancs lacérés.
J'ai défilé devant vos camarades, des inconnus, des cousins morts assassinés, affichés comme des produits de masse.
Enfin, j'ai compris, j'ai compris la douleur, les cauchemars et les cris. j'ai compris les pleurs, les sanglots et les suicides.


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