C'est l'histoire d'un
jeune garçon pour qui la vie a réservé de drôles
de surprises. En fait, c'est mon histoire, l'histoire qui m'est arrivée,
à moi, X. X est le nom que je me donne pour des raisons de principe.
J'ai commencé mon histoire dans la rue à Bruxelles, après
m'être disputé avec mes parents. Surtout mon père
après qu'il ait trouvé un mégot dans ma poche, pas
de chance pour moi, c'était la seule fois que j'ai fumé
de ma vie. Mais malheureusement j'avais le père le plus têtu
du monde et après une grosse engueulade, il m'a dit d'aller me
faire voir ailleurs. Tel père, tel fils, je suis parti devant les
sanglots de ma pauvre mère sans me retourner.J'ai passé
mes premières nuits dehors. Rapidement je fis la connaissance de
jeunes voyous pour qui les vols et rackets étaient le seul moyen
de survie. Mais pour moi qui venais de la campagne, les vols ce n'était
pas pour moi. Alors j'ai essayé de me faire engager n'importe où,
mais ma minorité m'en empêchait...
Un beau matin, je me fis réveiller par cinq jeunes qui bizarrement
s'impatientèrent directement avec moi. Sans que j'eus le temps
de dire mon nom, ils m'invitèrent dans une vieille chapelle, tout
lugubre, pour passer la nuit sous un toit. Nous fîmes connaissance
et sympathisâmes très vite.Le lendemain, l'un d'eux, Jérémy
m'invita à passer quelques jours chez lui. Jérémy
était le chef de ce groupe, il était grand, avait de longs
cheveux noirs, une balafre sur la joue droite et travaillait dans un magasin
qui lui appartenait. Il vendait des vêtements d'un style noir, lugubre,
se rapportant souvent à des dessins sataniques. Sa copine, Katy,
était une jolie blonde, avec de longs cheveux et un tatouage sur
l'épaule. Elle était encore à l'école et étudiait
la science animale (disséquer un animal ne la dérangeait
pas!). Dans la bande, il y avait aussi Cédric et Eric, des frères
jumeaux parfaitement identiques. Le dernier, c'était Nicolas, un
garçon grand et fin, d'une gaieté alarmante, comparable
à une boule de nerfs.
Jérémy me proposa un travail dans son magasin et j'acceptai.
La veille de mon premier jour de travail, une fête me fut consacrée
dans son appartement. Il était composé de quatre pièces,
peintes en noir. Dans la pièce commune se trouvait toute une série
de bougies et des photos démoniaques. Une grande nappe à
l'effigie de Satan était accrochée au mur dominant la pièce.
La chaîne stéréo délabrée diffusait
de la musique à plein tube.
Nous étions six à ce repas. Au milieu de la soirée,
après quelques verres, je remarquai Nicolas et Jérémy
dans la cuisine...Ils s'amusaient sans boire. Avant toute nouvelle incitation,
je décidai de mettre fin à la soirée et d'aller me
coucher. Après quelques heures de sommeil, un bruit me fit sauter
du lit. Je me précipitai dans le salon quand je vis qu'ils s'adonnaient
à un drôle de rituel.........
Seul Jérémy au centre brandissait une coupole en parlant
une langue m'étant inconnue. Au même moment, il prit un poignard
de la main droite et coinça un chat entre ses genoux pour lui couper
la tête et vida le sang dans sa coupole. Après avoir jeté
le chat par terre, il partagea le verre avec tout le monde en récitant
des incantations. Décidant de ne pas en voir plus, je partis me
réfugier dans ma chambre. Le matin, il fallut quand même
partir à la boutique et Jérémy me mit en garde contre
la venue d'un contrôleur d'impôts. Après l'ouverture
du magasin, un homme demanda Jérémy et me fit comprendre
que son absence était déplorable, qu'il repasserait plus
tard. La journée finie, je laissai un mot à Jérémy
concernant la visite de l'homme. Je pris mon manteau pour aller à
la recherche d'un emploi quelconque. A mon retour à l'appartement,
je ne trouvai que Nicolas, concentré sur la télé.
J'ai profité que nous étions seuls pour le questionner sur
la cérémonie. La seule question à laquelle il répondit
était que ces séances venaient d'un livre épais comme
un dictionnaire parlant de la magie et de la sorcellerie. Il commença
à m'expliquer des choses qui lui étaient arrivées
grâce à ce bouquin sur les sortilèges. A l'écouter,
ça avait vraiment l'air fantastique mais cela entraînait
parfois des risques mortels si l'on ne savait pas l'utiliser correctement.
Il m'expliqua que la cérémonie de cette nuit servait à
pouvoir ramener une vie dans un corps, mais que cela n'avait pas marché.
Pourtant nous avions tout fait dans l'ordre. En fin de journée
Jérémy rentra furieux en nous disant que l'inspecteur le
faisait chier, qu'il lui devait de l'argent et jura qu'il le tuerait de
n'importe quelle façon et que ce serait le pire de tout. Le lendemain
matin, c'était au tour de Jérémy d'ouvrir la boutique
et à moi de faire la grasse matinée. Au retour de mon "ami",
je vis qu'il était blanc comme un mort, les mains tachées
de sang. Il m'a regardé, stressé, et m'a dit qu'il avait
tué l'inspecteur à coups de couteau. Paniqué, il
me supplia de l'aider. Nous avons appelé les quatre autres. Nous
nous sommes rejoint au magasin. Nous nous y sommes enfermés et
nous avons essayé la formule pratiquée la nuit précédente.
Sans le vouloir, je m'étais fait entraîner. D'ailleurs, c'était
ça ou la prison pour complicité, alors pas le choix! Nous
nous sommes tous placés en "étoile" autour du
corps allongé par terre. Jérémy prit des cierges
et les alluma aux quatre coins de la pièce. Une coupole récolta
le sang du mort, puis tourna pour que chacun puisse y boire une gorgée.
Il se mit alors à parler dans la fameuse langue étrangère.
Soudain une tornade se mit à souffler dans la pièce, éteignant
les bougies et nous plongeant dans le noir, effrayés. Nous ne parlions
plus jusqu'au moment où les cierges se rallumèrent, seuls.
Au retour de la lumière, à ma grande surprise, le corps
avait disparu. Affolé, je leur demandai une sérieuse explication
sur ce délire. Chacun donna la même version: ils m'avaient
recueilli par hasard, c'était un esprit qui m'avait choisi et qui
les avait guidé à ma rencontre, ce pour former la figure
qui permet toute sorcellerie possible et imaginable. selon eux, c'était
grâce à mon énergie spirituelle et à la leur
que tout fonctionnait. Je leur posai encore la question de savoir où
le corps avait disparu. Ils me répondirent qu'il était parti
rejoindre Satan dans les flammes de l'enfer et qu'il n'y avait aucun risque
qu'il revienne.Quelques jours plus tard, nous avons eu droit à
la visite de la police qui nous interrogea sur la visite de l'inspecteur.
Malheureusement pour eux, nous avions eu le temps de nettoyer correctement
les lieux pour qu'aucun indice ne leur permette de nous embarquer. Ils
nous laissèrent tranquilles.Quelques mois plus tard, je trouvai
un nouveau job et un bel appartement rien que pour moi. J'ai quand même
essayé de garder des contacts, avec ma mère entre autres.
Et de temps en temps, je vais chez Jérémy avec les cinq
autres. Nous faisons des petites soirées magiques...mais jamais
rien de méchant...
Mikaël Maréchal
et Benoît Eicher
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