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L'année du déluge
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Sur Consuelo est une femme attirante,
intelligente, audacieuse, que certains comparent à une
sainte en raison de sa serviabilité et de son abnégation.
Autoritaire et patiente, elle porte une cornette qui encadre son
visage aux
traits réguliers, avenant et coloré. Elle paraît
moins jeune et moins sotte qu'elle ne le fait croire. (dessin
: Lauriane Peron) |
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Augusto Aixelà de Collbato est un homme
d'âge mûr, grand et sec. Son allure, en dépit
des années, conserve une grande part de la désinvolture
juvénile. Il a des cheveux noirs, des rides sur le front
dues à une attitude constante de perplexité et
porte des lunettes pour lire. Homme riche, séduisant,
sympathique,
élégant, galant, sérieux, il a tout pour plaire
et ne s'en prive pas. Véritable Dom Juan, il sait toujours
leur dire ce qu'elles veulent entendre; il n'agit pas par méchanceté,
les mots lui viennent spontanément. La principale activité
de ce séducteur est la chasse. En vieillissant, il devient
acariâtre, autoritaire, prétentieux et aime se plaindre.
(dessin : Vanessa Afonso) |
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Le brigand est un homme de cur, un rebelle
contre l'ordre franquiste, un anarchiste qui n'a de sentiments
que
pour sa vieille maman, un révolté contre "un
système qui récompense les hypocrites et condamne
les désespérés." Homme intelligent,
misérable
et mauvais, selon ses dires, il peut se montrer d'une incroyable
générosité envers les vieillards. Son pantalon
arraché laisse entrevoir un pansement ensanglanté
qui couvre sa cuisse gauche blessée. (dessin : ?) |
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Sur Consuelo,
supérieure d'un petit hôpital dans les montagnes de Catalogne,
est un personnage à fort caractère, enthousiaste et compétente
dans ses fonctions. Pleine d'idées imaginatives, elle décide
de transformer l'hôpital qu'elle dirige en maison de repos pour
personnes âgées. Elle n'hésite pas pour arriver à
son objectif à persuader un riche propriétaire de lui attribuer
les fonds nécessaires à cette réalisation.
C'est ainsi qu'elle rencontre Augusto
Aixela de Collbato, le riche propriétaire en question, un amateur
de femmes, un véritable Don Juan. Il lui promet monts et merveilles
et parvient à séduire cette femme inaccessible de par sa
fonction et donc fort intéressante pour enrichir sa "collection".
Prise de panique, la sur essaie de fuir. Mais c'est trop tard, elle
a succombé au charme. Submergée par ce nouvel amour violent,
elle quitte l'hôpital pendant la nuit pour rejoindre son amant.
A ce moment, un berger lui demande de venir soigner son cousin, un bandit
blessé au cours d'une échauffourée avec les représentants
de l'ordre. Suivant son grand cur, elle part avec lui dans les montagnes
où des évènements inattendus vont compliquer davantage
la situation.
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Résumé |
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Oubliez ce qu'on vous
a appris au couvent, poursuivit-il, et regardez autour de vous :
vous verrez l'ordre naturel des choses : le petit oiseau sans défense
est mangé par le faucon, mais personne ne mange le faucon
; la nature est lâche et sans pitié ; les hommes aussi.
Les lois sont faites par les riches pour tenir les pauvres à
distance et conserver leurs privilèges. Les riches se fichent
pas mal que la loi soit sévère, ils ont tout ce q'il
leur faut et n'ont pas de raison de la violer ; c'est facile d'être
millionnaire et de dire: cent ans de prison pour celui qui vole
quatre sous. (L'année du déluge, p.113) |
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Tout petit, continua-t-elle,
il avait déjà le diable au corps, et aujourd'hui il
a beau avoir grandi il n'a pas changé, et ce n'est ni bon
pour sa santé, ni pour son héritage, ni pour le salut
éternel de son âme, si vous voulez tout savoir ; on
sait bien que les garçons sont coureurs par nature, mais
le maître a causé bien des chagrins : celui qui sème
dans le jardin d'autrui récolte forcément la haine
et la violence. (L'année du déluge, p.66) |
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Je hais la société
et je hais les hommes. (...)Les hommes ne méritent ni paix
ni miséricorde, et Dieu non plus. (...) je ne crois pas à
l'enfer, et pas davantage au ciel; et s'ils existent, je m'en fiche
: je ne veux rien savoir d'un système qui récompense
les hypocrites et condamne les désespérés.
(L'année du déluge, p.124) |
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Commentaire |
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L'année
du déluge d'Eduardo Mendoza est un fabuleux roman qui nous
entraîne
dans les affres du passionnant mythe de Don
Juan. Le coupable : Augusto Aixela de Collbato, un
riche propriétaire. Sa victime : Sur Consuelo de San Ubalto.
L'inaccessible par excellence ! Mais ce n'est pas là que se situe
son originalité.
Ce personnage permet à l'auteur de dénoncer une Eglise
alliée au pouvoir, une noblesse attachée à ses privilèges,
un système élaboré par et pour les riches. Un thème
mythologique inspirateur pour maints auteurs mais abordé ici sous
un jour nouveau et enrichi de la parodie d'autres genres littéraires.
On pense bien sûr au roman picaresque ; le bandit de Mendoza
s'inscrit tout à fait dans la lignée des bandits catalans,
les rebondissements sont nombreux et le constat
terriblement négatif, heureusement relativisé par l'humour
de l'auteur. Le roman sentimental aussi dans la mesure où un malentendu
empêche les amoureux de se rendre au rendez-vous ultime et capital,
allant ainsi à leur perte. C'est donc avec une grande habileté
que Mendoza entraîne le lecteur sur des chemins connus mais ô combien
divergents. |
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Fanny
Lambert, Nicolas Kroëll-Clausse, Sébastien Lambeaux (5G)
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Eduardo MENDOZA trad. Maspero F., L'année
du déluge, Paris, Editions du Seuil, 1993 (Barcelona, 1992),
Points 38, 163 pages
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