|
Grâce à son mariage
avec Wendy Carpenter, une jeune et riche femme, Henry Winshaw
surmonte sa timidité. Son plus grand confident est son
journal intime qu'il ne manque pas de compléter quotidiennement.
Fidèle et honnête vis-à-vis de sa famille,
il est, par contre, lâche et hypocrite avec ses concitoyens.
Devenu député travailliste alors que ses convictions
et sa fortune personnelle auraient dû le conduire vers le
parti conservateur de Mrs Thatcher, il n'a de cesse de proposer
des lois favorables à sa famille et aux gens fortunés.
(Dessin : Antoine Maquet) |
|
Aparna est une jeune indienne âgée
d'un peu moins de trente ans. Elle a de longs cheveux noirs
ainsi
que deux grands yeux sombres et ardents qui peuvent facilement
faire passer l'hostilité. C'est une très belle
femme
à la silhouette fine et délicate. En immigrant
vers l'Angleterre, elle s'est heurtée au racisme, ce
qui a forgé
son caractère. Bien qu'elle puisse être d'une grande
douceur, les épreuves qu'elle a traversées au
cours de sa vie ont marqué son visage. Lorsque la colère
surgit en elle, un immense tourbillon de haine et de dégoût
l'envahit. (dessin : Vanessa Afonso) |
|
Robin est un bel homme de 25 ans, séduisant
bien qu'il néglige son apparence physique. Jamais rasé
de très près, il a le teint blême et des
yeux qui reflètent toujours une grande détresse.
Dépressif
depuis de nombreuses années, il a l'impression que rien
n'est important dans sa vie. Il a perdu l'ambition de devenir
écrivain parce que ses uvres sont incomprises. Il
a eu le cur brisé bien des années auparavant
par la seule femme qu'il a jamais aimé. Depuis, son
point de vue sur l'amour a pris une tournure étrange.
Désabusé,
c'est un solitaire endurci nourrissant même quelques pensées
paranoïaques. (dessin : Simon Delforteri) |
|
A 32 ans, Emma est avocate très séduisante
avec des longs cheveux blonds et des yeux bleus le plus souvent
perdus dans le vague. Très féminine, elle déteste
parfois son image de femme fatale. Elle est mariée avec
Mark depuis plusieurs années, mais leur mariage bat
de l'aile ; cette situation occupe beaucoup son esprit ; elle
manque
de cur à l'ouvrage pour défendre ses clients.
Son désir de maternité est de plus en plus brûlant,
mais la routine de sa vie de couple lui pèse davantage
encore. Elle est de celles qui pensent qu'il vaut mieux être
seule que mal accompagnée. (dessin : Elodie Thirion) |
Une touche d'amour
|
Formulez
votre avis en ligne sur
|
Etudiant
en littérature, Robin
Grant tente - en vain - de rédiger depuis quatre ans sa thèse
de fin d'études. Il vit reclus dans son petit appartement obscur
et crasseux et n'en sort que pour aller se saouler dans un bar douteux.
Profondément dépressif, il passe ses journées à
rédiger des récits - qu'il est seul à comprendre
réellement - et à critiquer la politique anglaise. La relation
complexe qu'il entretient avec Aparna,
une jeune immigrée indienne, semble perdue entre l'amour et l'amitié
sans qu'il s'agisse vraiment de l'un ou de l'autre. L'amour "véritable",
Robin ne l'a réellement connu qu'une seule fois. Une passion secrète
et douloureuse qui s'était mal terminée pour lui, confortant
encore son pessimisme naturel et déclenchant des accès de
paranoïa. C'est dans ces conditions de vie plus que médiocres
que l'existence sans relief de Robin bascule le jour où il est
soupçonné de s'être exhibé devant un petit
garçon. Accusé d'outrage à la pudeur, il fait alors
appel à Emma,
une avocate talentueuse et séduisante, persuadée, elle,
de l'innocence de son client. Perturbée par les tourments que connaît
son mariage, la jeune femme n'est guère concentrée sur ce
dossier épineux qui la passionne moins qu'elle l'aurait supposé.
Pour Robin, le poids de l'existence devient alors de jour en jour plus
lourd et plus douloureux
|
Résumé
|
|
A propos d'un tank...
|
J'étais en train de penser
à l'obscénité phallique de ces engins. Je
me dis parfois que la guerre n'est qu'une invention des hommes
pour exhiber leurs érections en public. (Une touche
d'amour , p.158)
|
|
Hugh n'est pas seul dans ce cas. Il y a des
tas de types comme lui à l'université. Des types qui
n'en font plus partie, mais qui l'aiment trop pour pouvoir la quitter.
Encore que "aimer" ne soit pas le mot qui convienne...
c'est trop positif... parce que, en réalité, quelqu'un
qui aime l'université à ce point déteste la
vie en général. (Une touche d'amour
, p.68) |
|
- Que veux-tu dire, "des gens comme moi" ?
- Je veux dire des petits bourgeois-intelligents, bien élevés,
hétérosexuels, et anglais. Des gens qui ont imposés
leurs règles depuis des centaines d'années et continueront
de le faire jusqu'à la fin des temps. (Une
touche d'amour , p.181)
|
|
|
Commentaire
|
|
|
Une touche d'amour
est un roman à l'humour
grinçant qui égratigne les préjugés
et amène à réfléchir sur nombre de sujets. L'ironie
semble, d'ailleurs, comme un amortisseur à la gravité des
thèmes et des phénomènes de société abordés
par l'auteur. Celui-ci nous emmène avec subtilité dans un
voyage à travers le milieu
universitaire en compagnie d'un héros dévoré
par l'introspection. Un personnage acariâtre, solitaire et égocentrique
mais que le lecteur finit par apprécier au fil des pages. Les héros
de Jonathan Coe dégagent en effet une sincérité et
un naturel désarmant qui les rend, malgré leurs caractères
revêches, aimables et infiniment humains.
L'auteur éveille doucement la polémique sur des sujets délicats,
tels le racisme, l'intolérance,
le thatchérisme ou bien encore la quête d'un inaccessible amour.
Une touche d'amour est empreint d'une philosophie plutôt pessimiste
mais sans doute assez proche de la réalité. Ce roman peut
être considéré comme le compte rendu honnête des
divers sentiments humains, le tout relevé d'un humour caustique et
de personnages attachants servi par l'écriture limpide, prenante
et agréable de Jonathan Coe. Il en ressort donc un grand sentiment
de tendresse, d'humanité et
d'amour. |
|
|
Sylvain
Louis (6G)
|
Jonathan COE trad. J. Pavans, Une touche d'amour,
Monaco, Editions du Rocher, 2002 (sl, 1989), 246 pages
|