Arnaud FARINELLE, lauréat du concours de la Maison de la Francité

Arnaud FARINELLE est lauréat du concours de textes 2007, intitulé « Mon histoire romaine », organisé par la Maison de la Francité dans la catégorie « Junior » (15-18 ans). En prolongement de la lecture du roman d'Alexis Curvers, Tempo di Roma, les participants étaient invités à écrire un texte avec Rome pour cadre principal.

Ce concours, richement doté, est parrainé par des institutions prestigieuses comme le Parlement de la Communauté française, l'Ambassade de Suisse ou le Consulat d’Italie...

Ecrit dans le cadre du cours de français, la fiction historique écrite par Arnaud vous est proposée ci-dessous.

 
 
    Roma caput mundi (Le texte en format PDF)

Enfin, nous allons y arriver, Rome n’est plus qu’à trois jours de marche. Nous nous préparons à ce qui sera sûrement notre dernière bataille avant un petit temps et encore, si Honorius n’est pas bête, il ne devrait même pas y avoir d’affrontement.
Mais on ne sait jamais ! De toute façon, étant donné le nombre de Romains qui sont déjà morts en face de nous, je ne vois pas comment ils pourraient trouver assez de soldats pour nous vaincre. Nous, les Wisigoths, allons marquer l’histoire : une des plus grandes civilisations de tous les temps tombera à nos pieds d’ici peu.

J’ai quitté mes soldats pour suivre Alaric. Nous allons négocier avec l’empereur. Comme chaque fois, le roi m’emmène avec lui, car il pense que quelqu’un d’instruit peut peser lourd lors d’une négociation.
Certes, nous ne sommes pas certains qu’ Honorius acceptera de discuter.
« Il y a des chances que nous fassions le voyage pour rien » m’a signalé Alaric. De mon côté, j’ai trouvé au moins un avantage à ce déplacement : j’aurai pénétré une fois dans Rome avant la fin de son histoire.

Je crois sincèrement qu’Honorius représente bien l’état de la civilisation romaine actuelle : la décadence. Il est bien loin de l’intelligence, du sens de la guerre des dirigeants d’il y a quatre cents ans. Il n’a plus d’armée, mais malgré cela, il refuse de négocier.
Bref, son peuple, sa ville, ses amis vont payer pour ses erreurs et celles de Valens qui a laissé mourir une partie de notre peuple il y a trente ans. Ils n’auront que ce qu’ils méritent.

Ça y est, nous sommes à Rome. Malheureusement, le pillage a commencé. Alaric m’a permis de me promener demain. J’espère qu’il ne sera pas trop tard. J’espère que tous les grands monuments seront encore debout. Si seulement le pillage avait commencé un jour plus tard… Mais, bon, ce qui est fait est fait. En plus, je ne vois pas comment il serait possible de garder au calme une armée juste après une victoire.
Mais, j’ai quand même une sensation bizarre. Je me demande si nous ne devrions pas laisser cette ville telle quelle. Cette cité fut le centre d’une civilisation extraordinaire, elle mérite un certain respect. Enfin, je crois.

Que cette ville peut être belle ! Je suis arrivé à temps, les soldats n’ont pas encore pillé les bâtiments qui donnent la magie à cette ville : le Colisée, le grand cirque, les thermes, les colonnes, les fontaines… Les monuments des jeux sont aussi impressionnants par leur taille que les thermes le sont par leur splendeur. Les colonnes (comme celles de Trajane) et les fontaines représentent, quant à elles, la finesse des artisans romains. Les aqueducs sont le symbole de leur génie architectural.
Je crois que je suis tombé sous le charme de Rome. Bien entendu, je ne l’ai pas dit à Alaric. J’ai juste essayé de faire cesser ce saccage. Je lui ai dit que cette ville nous ferait une magnifique capitale si on la laissait comme ça. Je lui ai dit qu’on ne pouvait pas détruire le travail de tant d’artisans innocents. Mais rien n’y a fait. D’après lui, mon instruction me fait réfléchir trop et, suite à ma fatigue, je ne sais plus discerner le bon du mauvais. Il a peut-être raison, après tout, c’est notre roi, c’est lui le meilleur d’entre nous. Mais je ne sais pas, je pense qu’il se trompe.

Alaric me cherche. Je ne me suis pas présenté près de lui aujourd’hui : il fallait que je retourne dans Rome. Elle me fascine tellement que j’ai commis l’irréparable pour elle : j’ai tué, j’ai assassiné deux de mes soldats. Ils voulaient piller les thermes de Caracalla. Les plus grands, les plus somptueux de tous les thermes. Quelle honte ! Alaric pourra arrêter de me chercher d’ici peu : c’est moi qui vais aller à lui. Je ne tiens plus, il faut stopper ces déprédations même si je dois, pour cela, payer le prix fort !

Alaric a exigé la fin de cette dévastation. Je ne sais pas si c’est grâce à moi et je ne le saurai jamais : dans quelques minutes, je serai mort. Je n’ai pas su lui cacher ma fascination pour Rome et il m’a accusé de trahison. Je le connais depuis longtemps et il m’a donc accordé un petit délai avant mon exécution. Je vais en profiter pour retourner dans la cité m’enivrer de ses joyaux. Une dernière fois avant mon sacrifice pour elle !

Léovigild

Wisigoth fier. Sacrifié pour l’honneur de la beauté.


 
 
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