Frédéric COPPIN, lauréat du concours, remporte un voyage au QUEBEC

Frédéric COPPIN, élève de 6ème G Scientifique, est lauréat d’un des plus grands concours d’écriture du monde francophone (organisé par l’AR de Montegnée). Son récit policier, intitulé La vengeance rancunière, fait partie des 10 meilleurs textes retenus par le jury parmi plus de 6000 manuscrits envoyés.

Grâce à cette performance remarquable, il a remporté une bourse de 675€ pour un voyage culturel au Québec pendant les vacances de Toussaint.

Texte écrit dans le cadre du cours de Français de 6ème Générale (Professeur : Mr Robin - AR Izel -2004)

 
 
    La vengeance rancunière (Le texte en format PDF)


Comme tous les ans, les habitants de Florenville, ville de Gaume surplombant la Semois, mettent à l’honneur le légume qui fait la renommée de cette commune : la pomme de terre. Comment mieux célébrer ce produit qu’en organisant « La fête de la pomme de terre » ? Durant cette festivité, qui se déroule au environ de la mi-octobre, on retrouve le samedi un concours culinaire : la réalisation de la meilleure Touffaye, plat typique de cette région gaumaise, réalisé à base de pommes de terre. Le dimanche, en plein cœur de la ville, sur la Place Albert Ier, il y a naturellement un marché de la pomme de terre réalisé par des producteurs de la commune, sans oublier la vente de produit du terroir (notamment la célèbre bière trappiste fabriquée à l’Abbaye d’Orval) ; le tout dans une ambiance de fête avec l’accompagnement de groupes folkloriques et fanfare de la région. Cette année, dixième anniversaire oblige, les organisateurs ont invité, hormis les autorités locales, le gouverneur de la province du Luxembourg et le ministre wallon de l’agriculture. Il y a également un grand nombre de journalistes présents pour couvrir l’événement.

Le dimanche après-midi, la grand place de Florenville est noire de monde : il y a évidemment des Florentins, des gens venus d’un peu partout, et aussi un grand nombre de Français, étant donné la courte distance qui sépare Florenville de la frontière française : une petite dizaine de kilomètres. On entend parler de tous côtés et même en patois :
- Y’m faudrait 25 kilos de crombires !
Ou bien :
- Vous m’mettrez 1 sac de patates !
Il y a des gens de tous les âges, des enfants, des adolescents, des adultes et aussi des personnes âgées. Une phrase que l’on entend beaucoup sortant de la bouche des personnes âgées lorsqu’elles payent leurs achats est cette plainte face à l’Euro :
- Qué saloperie cet Euro, surtout avec les p’tites pièces : on s’f’rait rouler qu’on n'y aurait rien vu !

Vers 15 heures, une grosse Mercedes noire, suivie d’une imposante BMW de la même teinte, font leur apparition. On voit s’approcher des deux voitures un groupe de personnes dont un homme bien portant vêtu d’un costume gris foncé et muni d’une écharpe mayorale : il s’agit du bourgmestre de Florenville, monsieur Bergat, accompagné de ses échevins ainsi que des organisateurs. Les voitures s’immobilisent et de la première sort un homme qui ouvre la porte où se trouve le gouverneur. Le gouverneur quitte son véhicule accompagné de sa femme et de deux gardes du corps. Même scénario pour la seconde voiture d’où apparaît le ministre lui aussi accompagné de ses gardes du corps. Au même moment, l’harmonie de Muno, village de la commune, fait retentir l’hymne national : la Brabançonne ; suivi par l’hymne wallon. Le bourgmestre salue le gouverneur et son épouse ainsi que le ministre de l’agriculture ; et les échevins et organisateurs font de même. Ensuite, tout ce groupe s’avance vers le pavillon du tourisme, qui se trouve au coin de la place, devant lequel ont été placés un pupitre et un micro pour les discours. Tout en s’avançant, le gouverneur et sa femme accompagnés du ministre wallon prennent un petit bain de foule et sont chaleureusement félicités. Arrivé devant la maison du Tourisme, le petit groupe prend place sur les chaises disposées à cet effet, tandis que le maïeur s’approche du micro avec une feuille dans les mains :
- Au nom de toute la commune, je tiens à remercier Monsieur le Gouverneur et son épouse, ainsi que monsieur le ministre wallon de l’Agriculture d’avoir répondus présents à cette manifestation. De plus, je tiens à féliciter les organisateurs qui depuis dix ans mettent à l’honneur ce produit qui fait la fierté de Florenville : la pomme de terre…
Puis, il laisse la parole au président de l’organisation, monsieur Lagrange, qui à son tour remercie ses hôtes ainsi que les membres du conseil communal, les commerçants et tous les gens qui se sont déplacés. Il retrace brièvement les 10 années précédentes, mais aussi les années futures.

Après une bonne demi-heure de discours, les invités officiels de Namur et d’Arlon accompagnés des autorités de Florenville, et des organisateurs, se dirigent vers les différents stands où ils procèdent à la dégustation de la célèbre pomme de terre de Florenville : « La Plate de Florenville », mais aussi d’autres produits du terroir de la région.

L’après-midi touchant à sa fin, il est temps pour le gouverneur et le ministre de retourner. Les trois invités sont ravis de leur visite et remercient tous les Florentins pour l’accueil chaleureux qu’ils ont reçu. Alors qu’ils regagnent, accompagnés de leurs gardes du corps, leurs voitures respectives, un des hommes chargés de la sécurité du gouverneur s’écroule sur les pavés de la place. Aucun coup de feu n'a retenti, mais les autres surveillants remarquent un impact de balle dans le cœur de leur collègue d’où jaillit du sang. Immédiatement, le gouverneur, sa femme et le ministre sont mis à l’abri et sous la surveillance de la police fédérale de Florenville. Aussitôt, la place est bouclée et tout le monde est tenu de ne pas quitter les lieux sous peine de poursuites judiciaires. Le corps de la victime est déposé dans l’ambulance, mais, il est trop tard : le garde du corps est mort sur le coup. Tout de suite, on pense à un attentat visant soit le gouverneur ou le ministre et ils sont donc amenés dans un endroit sûr et secret afin d’assurer leur sécurité.

Naturellement le grand nombre de journalistes présents pour couvrir la manifestation, des journalistes de la presse écrite mais aussi des journalistes de plusieurs chaînes de télévisions, se ruent tous vers le commissaire de la police d’Arlon qui vient d’arriver entre temps. Ce dernier décide donc de donner une conférence de presse :
- Il s’agit vraisemblablement d’un acte criminel visant le gouverneur ou le ministre ; mais qui a échoué et qui a malheureusement blessé mortellement monsieur Bernard Fortyn, un garde du corps du gouverneur luxembourgeois qui venait d’être engagé il y a environ un mois. Cet homme âgé de 35 ans résidait à Habay avec sa femme et ses deux enfants.
Les services de police d’Arlon et des alentours sont venus prêter main forte à la Police de Florenville et sont actuellement en train de passer le périmètre au peigne fin et fouillent les gens occupants la place.

Pendant ce temps, le parquet d’Arlon arrive sur le lieu de la tragédie. Après analyses et observations, le corps de la malheureuse victime est alors transporté vers l’Institut médico-légal pour y subir une autopsie. Après, le commissaire Vanbreugel de la police arlonnaise reçoit pour triste mission d’annoncer la sinistre nouvelle à la famille de la victime. Le commissaire, un grand homme aux cheveux bruns recouverts d’un chapeau noir et vêtu d’un costume bleu foncé, s’engouffre dans sa voiture, pose le gyrophare bleu sur le toit et se met en route vers Habay qui se situe à une cinquantaine de kilomètres de la ville gaumaise et à deux pas de l’autoroute E411.

Arrivé au domicile de la victime, le commissaire sonne à la porte et une femme de taille moyenne, aux cheveux bouclés blonds vient lui ouvrir. Il lui présente sa carte de police et lui dit :
- Bonjour madame, je suis le commissaire Vanbreugel de la police d’Arlon. Je voudrais parler à Madame Fortyn, la femme de Bernard Fortyn.
La femme lui répond :
- Je suis Josiane Fortyn. Mais donnez-vous donc la peine d’entrer, nous allons prendre place dans le salon.
- Merci beaucoup, répond le commissaire.
Le commissaire suit madame Fortyn jusqu’au salon et prend place dans un fauteuil en cuir.
La femme de la victime lui demande :
- Que me vaut l’honneur de votre visite ?
Le commissaire lui préconise de s’asseoir et lui dit :
- J’ai une bien mauvaise nouvelle à vous annoncer.
Votre mari vient d’être tué d’une balle qui visait certainement le gouverneur ou le ministre lors de la fête de la pomme de terre à Florenville. Je vous présente mes sincères condoléances.
S’effondrant en larmes, madame Fortyn demande en sanglotant :
- Que dites-vous ? Ce n’est pas vrai, vous devez faire erreur !
- Malheureusement, non, madame.
- Comment cela s’est-il passé ?
- Alors que la journée se terminait, le gouverneur et sa femme regagnaient leur voiture suivis de votre mari et son collègue. Quand soudain, votre époux s’est écroulé sur le sol.
La veuve désemparée lui demande en pleurs :
- Vous avez retrouvez l’ordure qui a fait ça ?
- Pas encore, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour élucider ce drame.
- Pourrais-je voir mon mari ?
- Je suis navré, madame, vous ne pourrez le voir tout de suite, nous l’avons amené à l’Institut médico-légal pour y effectuer une autopsie.
- A quoi cela va-t-il servir ? Cela ne va pas me ramener mon mari !
- Nous devons retrouver la balle qui a tué votre mari pour découvrir l’arme du crime.
Mais je ne vais pas vous importuner plus longtemps dans l’état où vous êtes. Je reviendrai dans le courant de la semaine pour vous poser quelques questions et vous faire part de la progression de l’enquête.
Tout en séchant, elle lui dit :
- Je ne vous raccompagne pas, vous connaissez le chemin. Je vous remercie.
- Pas de problème, ne vous dérangez pas. Au revoir et bon courage.

Le commissaire quitte la maison de la famille Fortyn et monte de nouveau dans sa voiture. Il prend l’autoroute en direction d’Arlon et se rend au commissariat. Il pénètre dans son grand bureau aux murs blanc crème. Derrière son bureau noir, il y a une grande vitre recouverte par des stores. Sur les murs, on remarque la photographie du couple royal ainsi que divers posters de prévention contre les drogues, l’alcool, la vitesse, … Contre un mur, il y a également un grand tableau blanc, avec des marqueurs. De ce même côté, il y a une trentaine de chaises avec tablettes pour des réunions. Sur le coin gauche de son bureau, on retrouve un ordinateur, sur le côté droit, le bac à courrier et le téléphone. Il prend place dans son fauteuil de cuir, tel un P.D.G., et s’empare du téléphone. Il appelle le médecin légiste pour prendre nouvelle de l’avancement de l’autopsie, et lui demande un premier rapport pour le lendemain matin à 9 heures. Il se fait déjà tard, et le commissaire Vanbreugel décide de retourner chez lui.

Le lendemain matin, Robert Vanbreugel se lève vers 6 heures, prend son petit déjeuner et se met à lire les journaux dont les unes sont remplies de l’histoire du meurtre à Florenville. Il quitte son domicile vers 7h45 pour se rendre au commissariat. Arrivé au poste de Police d’Arlon, il convoque tous les inspecteurs dans son bureau à 9 heures. A l’heure convenue, les policiers arlonnais et florentins ainsi que le médecin légiste, prennent place dans le bureau du commissaire. Celui-ci lit le rapport et remarque le type d’arme utilisée et la remarque notée par le légiste. Il s’agit d’un fusil à lunettes très perfectionné qui réduit fortement le risque de rater la cible voulue. De plus, selon les témoignages, le garde du corps n’était pas collé au gouverneur, ce qui veut dire que ce n’est pas le gouverneur, ni le ministre qui ont été visés, mais bel et bien Bernard Fortyn. De plus, selon la trajectoire de la balle, il s’avère que celle-ci a été tirée depuis un poste en hauteur ; mais l’analyse minutieuse de la balle est en court. Le commissaire arlonnais fait donc part des événements nouveaux relatés par l’autopsie et donne la marche à suivre aux enquêteurs pour la suite de l’enquête. Pendant qu’il irait annoncer ces nouveaux éléments à la veuve et lui poser des questions, il charge une équipe d’une vingtaine d’enquêteurs pour aller fouiller les étages, les toits des immeubles entourant la Place Albert Ier. D’autres sont chargés de chercher des éléments sur la vie de Bernard Fortyn. Il se dépêche de partir car il a rendez-vous à 11 heures chez le Procureur du Roi pour lui faire part de l’avancement de l’enquête et il prend la route vers la demeure des Fortyn à Habay.

Arrivé à l’habitation de la victime, il est de nouveau reçu par madame Fortyn qui le fait entrer. Le commissaire lui fait prendre connaissance des nouveaux éléments de l’enquête ce qui la fait fondre en larmes. Robert Vanbreugel, tout en essayant de la réconforter, lui pose diverses questions dont celle-ci :
- Connaissez-vous des ennemis à votre mari ?
- Je ne vois pas. Ici, Bernard était apprécié de tous, il faisait partie de nombreuses associations et était toujours là quand il s’agissait de donner un coup de main. Non, franchement je ne vois pas.
En parlant d’une voix calme et douce, il lui demande de bien réfléchir :
- Vous en êtes sûre ? Il exerçait son dernier métier depuis un mois ; tout se passait bien ?
- Oui, il était content de cette place et il s’y plaisait bien, ses collègues étaient très sympathiques et il disait que le gouverneur était un homme très aimable qui parlait avec eux et qui leur racontait même des blagues lors des déplacements en voiture.
Puis, elle reste muette un instant et semble réfléchir… Après une courte minute de réflexion, elle reprend la parole :
- Je ne sais pas s’il y a un rapport avec le meurtre de mon mari, mais il y a environ un mois et demi, à la suite de son entretien d’embauche au gouvernement provincial à Arlon, il était accompagné d’une dizaine de candidats à ce poste et seules quatre personnes sur les dix allaient être embauchées. Alors que les trois premiers avaient été désignés, il ne restait plus qu’une place et c’est mon mari qui l’a obtenue. Sur ce un des six candidats non choisis quitta amèrement le palais provincial. Une bonne heure plus tard, après avoir rempli les papiers nécessaires, alors que mon époux sortit du gouvernement provincial avec ses trois nouveaux collègues, l’homme qui avait quitté précipitamment le palais réapparut, devant les quatre hommes, complètement ivre. Puis, il s’était adressé à mon mari en lui disant : « J’ai 4 gosses et une femme, ça fait presque un an que je suis au chômage et c’est moi qui devais avoir le poste ! Tu vas me l’payer ! ! ! »
Robert Vanbreugel l’interrompt :
- Vous pensez que c’est cet homme qui aurait pu se venger sur votre mari ?
- Je ne sais pas. Il avait proféré ses menaces sous l’influence de l’alcool et on n’avait plus entendu parler de cet individu.
- Connaissez-vous l’identité de cette personne ?
- Je sais juste qu’il s’appelle Jérôme Blanchard ou Blancard : je ne sais plus trop bien.
- Je pense qu’on saura se débrouiller avec ça. Sinon, vous ne voyez personne d’autre qui en aurait voulu à votre mari ?
- Je ne vois vraiment pas.
- Ce n’est rien. Vous m’avez déjà été d’une grande aide. Merci beaucoup. Au fait, voici ma carte de visite, vous y trouverez mon numéro au commissariat et mon numéro personnel : n’hésitez pas à m’appeler à n’importe quelle heure si vous vous souvenez de quoi que ce soit ; ou que quelque chose ou quelqu’un se manifeste.
- Merci commissaire, je vous suis très reconnaissante de tout ce que vous faites pour moi.
- C’est tout à fait naturel, je fais mon métier. Au revoir et encore bon courage.
- Au revoir et bonne chance.

Robert Vanbreugel entre dans sa voiture : il est 10h45, il se dépêche pour ne pas arriver en retard au Palais de Justice. Tout en roulant, il appelle le commissariat et demande à un inspecteur de faire des recherches au niveau du gouvernement provincial à propos d’un candidat au poste de garde du corps s’étant manifesté il y a environ un mois et demi lors de la candidature et donne les deux noms possibles que Josiane Fortyn lui a révélés. Il arrive dans les temps à Arlon et entre dans le bureau du Procureur du Roi, il prend place sur un siège face au bureau du magistrat et expose à ce dernier les événements nouveaux de l’enquête. Le Procureur Durock approuve l’exposé de Vanbreugel et le félicite de l’avancée de l’enquête. Sur ce, les deux hommes se quittent.

Le commissaire retourne à son bureau, il se fait apporter deux pistolets et un café pour dîner dans son bureau. Tout en mordant dans ses sandwiches, il écrit sur son tableau blanc des faits, des témoignages, des idées et essaye de les rassembler pour découvrir l’énigme. Alors qu’il est occupé à se triturer les méninges, l’inspecteur qu’il avait appelé entre : il lui apporte les informations sur Jérôme Blanchard. Robert Vanbreugel parcourt brièvement la fiche et trouve l’adresse. Il avale en quelques gorgées son café fumant, embarque avec lui son second pistolet et demande à l’inspecteur de l’accompagner chez Blanchard. Lucien Fourchal, l’inspecteur prend le volant et accompagne son patron chez le suspect qui réside à Stockem.

Arrivé à Stockem, Robert frappe à la porte de chez l’intéressé et c’est un jeune homme qui ouvre, il s’agit du fils aîné des Blanchard âgé de 16 ans. Le commissaire se présente et lui demande :
- Tu ne sais pas où je pourrais trouver ton père ?
- Si, il est certainement encore occupé à picoler «Chez Ginette », c’est un petit café à la sortie du village en direction de Steinfort.
- Pourquoi dis-tu encore ?
- Il n’arrête pas depuis qu’il ne trouve pas de métier, c’est insupportable.
- Est-il violent quand il a bu ?
Le jeune homme répond en hésitant :
- Euh… ça dépend.
- Cela dépend quoi ?
- S’il a vraiment trop bu, il dort ; sinon, ça lui arrive d’être violent.
Puis, Vanbreugel lui demande :
- Tu ne sais pas où ton père était dimanche après-midi ?
- Je n’en ai aucune idée, j’étais au foot avec des potes !
- Merci de ton aide. Allez, bonne journée.
Puis la voiture du commissaire prend la direction de Steinfort et s’arrête devant le café «Chez Ginette ». Le commissaire suivi de son inspecteur pénètrent dans ce lieu et demandent si quelqu’un se nomme Jérôme Blanchard.
- Qu’est ce que vous lui voulez à Jérôme ? réplique un type baraqué qui se tient de l'autre côté du comptoir.
Le commissaire voyant que cet homme veut jouer au plus fort, réplique ironiquement :
- Excusez-moi, on n’a pas fait connaissance : Je suis le commissaire Robert Vanbreugel de la Police fédérale d’Arlon et voici mon copain l’inspecteur Lucien Fourchal.
Directement, l’homme derrière le comptoir se calme et désigne du doigt un type qui dormait par terre. Comme le fils l’avait bien dit, il est ivre et il avait tellement bu qu’il dormait. Sans hésiter, Robert dit :
- Lucien, embarque-moi ça, on va l’emmener au poste !
Puis, les deux hommes quittent l’établissement avec Jérôme Blanchard. Au poste, il le mette un quelque temps en cellule, le temps qu’il dessaoule. La journée touchant à sa fin, le commissaire et toute son équipe sont exténués et Robert décide de rentrer chez lui et convoque à nouveau toute son équipe le lendemain matin pour les résultats de la journée.

Robert Vanbreugel rentre chez lui, se repose sur le canapé en regardant les informations ; évidemment, les journalistes s’en donnent à cœur joie pour imaginer un tas de scène. Il soupe avec son épouse, puis va prendre un bain qui le relaxe et il décide d’aller dormir tôt.

Le lendemain, il commence la journée comme il l’avait décidé la veille, et débute donc par une réunion sur l’enquête de l’assassinat de Bernard Fortyn. Les enquêteurs relatent à leur supérieur les éléments, les témoignages qu’ils ont recueillis à Florenville : ils n’avaient pas découvert l’endroit d’où avait été tirée la balle. Le commissaire fait également part de ses découvertes à son équipe et envoie à nouveaux ses enquêteurs à la recherche d’indices. Alors que lui décide d’interroger Jérôme Blanchard. Le commissaire lui pose toutes les questions d’usage lors d’un interrogatoire :
- Que faisiez-vous dimanche en fin d’après-midi ?
Blanchard énervé, lui répond sèchement :
- Vous vous en doutez bien, j’étais au café «Chez Ginette » !
- Effectivement nous nous en doutions et nous avons demandé au tenancier de cet endroit de nous confirmer cette hypothèse, et pas de chance pour vous, le café était fermé exceptionnellement ce dimanche après-midi.
Complètement agacé, Jérôme crie :
- Qu’est-ce que j’en sais moi ! J’étais encore bourré comme d’habitude et j’ai sûrement dormi quelque part ; vous «m’emmerdez » avec vos questions ! ! !
Lucien lui fait comprendre de se calmer et de bien se rappeler de ce qu’il a fait ce dimanche après-midi, mais Blanchard n’en savait strictement rien.

Vanbreugel décide de garder Blanchard encore quelque temps «au frais ». Ensuite, il prend l’initiative de se rendre à Florenville pour aider son équipe. Alors qu’il se promène tout en réfléchissant, une vieille dame l’appelle de sa fenêtre :
- Monsieur le commissaire, j’ai quelque chose à vous dire.
- Je vous écoute, réplique Robert.
- Hier soir, alors que je regardais par la fenêtre, j'ai vu un homme grand qui sortait de l’église avec une grosse boîte à la main.
- Ce n’était pas un musicien qui avait participé à un office ou à une répétition ?
- Non, j’en suis sûre, il n’y avait pas de messe hier et la répétition de la chorale a lieu le jeudi à 20 heures. Hier, il n’y avait que le Belvédère qui était ouvert.
Le commissaire pose donc des questions à propos de l’homme à la grande caisse :
- A quoi ressemblait cette grosse boîte ?
- Elle ressemblait à un coffre où l’on range un violoncelle et l’individu qui la portait avait l’air de ne pas vouloir se faire remarquer.
- Par où est-il parti ?
- En direction de la maison communale puis j’ai entendu une voiture démarrée à vive allure.
- Je vous remercie madame, auriez-vous l’amabilité d’aller confirmer votre déposition à la Police de Florenville, un de mes hommes vous y accompagnera.

Robert Vanbreugel vient de quitter cette vieille dame, il se dirige vers l’église quand le voisin de cette dame l’appelle également.
- La vieille Germaine vous a causé de son histoire de l’homme à la grande caisse ?
- Savez-vous quelque chose à propos de cet homme ?
- Je veux juste vous dire qu’il ne faut pas prêter attention à tout ce qu’elle dit, elle devient gâteuse. Elle est toujours à sa f’nêtre et sais toujours ce qui s’passe et n’hésite pas à en rajouter pour faire mieux. J’vous dis, s’il y avait un journal des cancans à Florenville, elle en s’rait sûrement rédactrice en chef !
Le commissaire remercie l’homme pour ses précisions, mais se retrouve complètement perdu, il ne sait plus qui croire. Puis, il réfléchit à ce que la vieille dame lui avait dit : « un grand homme … » et se remémore la physionomie de Jérôme Blanchard : il est petit. Robert se dit que la vieille femme ne s’est peut-être pas trompée ; de plus si les faits révélés par la Florentine s’avèrent être vrais, Blanchard n’aurait pas su être à Florenville au Belvédère, alors qu’il était au poste. Sur ce, Vanbreugel interroge plusieurs voisins de l’église et certains se rappellent avoir entendu une auto démarrer rapidement en début de soirée mais n’y avaient pas prêté attention étant donné que des jeunes s’amusent fréquemment à faire vrombir leurs voitures.

Robert Vanbreugel est persuadé que la vieille dame ne ment pas et que Blanchard n’a pas commis le crime : il fait un coupable trop parfait qui a menacé la victime devant plusieurs personnes et qui plus est n’a pas d’alibi ! ! ! Il fait donc venir une équipe de chercheurs pour analyser le belvédère. A la suite d’une enquête minutieuse, on retrouve d’infimes poussières de poudre qui sont envoyées au laboratoire. Il est évident que le tireur a essayé d’effacer les traces et Blanchard est relâché avec interdiction de quitter le territoire belge ; mais par précaution, le commissaire le fait suivre par deux inspecteurs en civil.

Les jours passent, et l’enquête stagne, on a reçu les résultats de l’analyse des poussières de poudre trouvées au belvédère de l’église : il y a effectivement dans ces poussières de la poudre appartenant à la balle retrouvée dans le corps de Bernard Fortyn. L’analyse de la balle est également terminée et révèle le numéro de fabrication du fusil. Il s’avère que le propriétaire de l’arme est l’armée et plus précisément la caserne de Bastogne.

A cette annonce, le commissaire Vanbreugel fait les démarches nécessaires pour pénétrer dans l’enceinte de la caserne ardennaise et il reçoit le feu vert du juge. Robert Vanbreugel et son équipe se rendent donc à la caserne bastognarde. Le commissaire arlonnais est reçu par le colonel Alphonse Nutsberg. Le chef de la police d’Arlon n’y va pas par quatre chemins et demande à voir l’endroit où sont entreposées les armes. Sans hésiter, le colonel conduit l’équipe de police jusqu’à l’endroit demandé. A la stupéfaction de tous, l’arme du crime n’est pas à sa place et personne n’est censé s’en servir pour les entraînements du jour. Le colonel actionne la sirène de rassemblement et la quarantaine d’hommes présents à la caserne se retrouvent amassés dans la grande cour centrale. Avec sa voix forte et autoritaire, Alphonse Nutsberg informe ses hommes et leur fait comprendre que s’ils savent où est l’arme, qu’ils le fassent savoir immédiatement. Le colonel pratique alors à l’appel de ses hommes et un manque au rendez-vous : le soldat José Hatier. Par précaution, le colonel fait vérifier par le responsable des permissions si Hatier n’est pas en repos mais le fichier révèle qu’il devrait se trouver à la caserne. Le commissaire décide donc de rejoindre le chef-lieu de la province de Luxembourg : Arlon ; et par méfiance, il laisse deux inspecteurs en civil aux abords du domaine.

De retour dans son bureau, le commissaire consulte le fichier central. A sa grande surprise, le colonel Nutsberg ne lui avait pas tout dit : il y a une dizaine d’années, alors que José Hatier faisait son service militaire, il avait été surpris, par un jeune homme accomplissant également son service, en train d’organiser un trafic d’armes. L’histoire avait naturellement été traitée par l’armée et avait condamné Hatier à 20 ans de service militaire sans monter en grade. Le plus surprenant, c’est que le jeune homme qui avait dénoncé le trafic n’était autre que Bernard Fortyn. Immédiatement, un avis de recherche est lancé et Vanbreugel réunit ses hommes. Il forme des équipes qui fouilleront par secteurs et obtient rapidement le renfort des services de la Police fédérale de Bastogne et Libramont ainsi que trois hélicoptères de recherches.

Voilà deux jours que les fouilles sont en route et toujours rien. Quand soudain, Vanbreugel, réfléchissant dans son bureau, reçoit un appel téléphonique venant d’un garde forestier :
- Commissaire, je suis Luc Duchêne, garde forestier en chef à Bastogne.
- Je vous écoute, répond impatiemment Vanbreugel.
- Il me semble avoir reconnu votre homme dans la cabane des chasseurs dans la forêt du Mardasson.
Sans plus tarder, le commissaire fait envoyer un escadron d’intervention spéciale pour encercler la cabane et se rend également sur les lieux ; et c’est après une demi-journée de « siège » que José Hatier est enfin capturé.

Avec une extrême sécurité, le fuyard est amené au commissariat d’Arlon et à l’étonnement de tous, José Hatier « se met à table tout de suite » : il avoue tout et semble fier de son geste :
- Je savais bien que j’l’aurais un jour ce salopard, il n’aurait pas fourré son nez où il ne fallait pas, il serait encore là.
Le commissaire lui demande :
- C’est à cause de cette histoire de trafic que vous avez tué Bernard Fortyn ?
Avec un grand sourire, Hatier répond :
- Oui, à cause de cet enfoiré, voilà 10 ans que je me coltine l’armée sans monter en grades. J’n’en pouvais plus, il fallait que je me venge pour me délivrer…

 
 
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