Delphine WAVREILLE, Troisième prix du concours de l'Athénée de Virton

Troisième prix catégorie Contes/Nouvelles 2ème degré du concours d'écriture de l'Athénée Royal de Virton
3ème Générale - AR Izel

 
 
     Le tableau (Le texte en format PDF)

Tout débuta par une soirée orageuse de février 1929. Seule, assise dans mon fauteuil de style ancien, placé près du feu de bois, j'étais plongée dans un passionnant roman, hérité de ma mère. Mon esprit était reposé, calmé par la lueur de la bougie, la délicieuse odeur de bois, le crépitement du feu et par le murmure de l'eau sur le toit. Une atmosphère sereine régnait dans la maison.

Soudainement, quelqu'un frappa à la porte. Je me pressai d'aller ouvrir, mais à ma grande surprise, il n'y avait personne, je ne pouvais distinguer que les éclairs de l'orage luisant au loin. J'allais refermer la porte, convaincue d'avoir rêver, quand j'aperçus, adossée contre le mur, une grande peinture. C'était un magnifique tableau, la représentation d'une chouette perchée sur le bord de la fenêtre d'une cuisine. Enchantée par ce présent anonyme, je décidai, dès le lendemain matin de le faire expertisé. L'analyse du chef-d'œuvre révéla qu'il datait de l a fin du moyen-âge et était donc d'une grande valeur. Son auteur était inconnu, mais ce qui frappa l'expert, c'était un mystérieux symbole sur le coin supérieur droit de la toile. C'était une sorte de cercle, divisé en trois parties égales. Dans la partie supérieure, était représenté un livre, dans la partie droite, un fer à cheval et dans la dernière, un morceau de pain. Après une certaine réflexion, je décidai de faire don de la toile au musée de la ville, dont j'étais à l 'époque la conservatrice. La peinture fut exposée dans la première salle du musée et en devint la fierté. J'étais véritablement émerveillée par ce tableau et ne cessais de la contempler au fil de mes journées. Au bout de quelque temps, je commençai à me trouver mal à l'aise face à cette toile, je me sentais comme envoûtée, habitée par la chouette, qui semblait me regarder. Cela me rendit plus anxieuse encore. Plus encore, car j'étais déjà apeurée. Durant ce début d'année, il y avait eu dans la région, une série de meurtres. L'assassinat de la boulangère du village, de la bibliothécaire et celui du maréchal ferrant d'un village voisin. Les trois massacres avaient été perpétrés d'une façon identique tous avaient eu la tête tranchée.

La région tout entière était en deuil, les gens étaient terrifiés par l'idée d'être peut-être la prochaine victime d'un meurtrier en série, sans doute et de fait, ils n'osaient plus sortir seuls ni en soirée. Moi-même, je prenais toujours le soin de fermer ma porte à double tour, une fois de retour à la maison. Pendant la période qui suivit les funérailles des victimes, je commençai à avoir des visions. Des images de quelques secondes me brouillaient la vue. C'était des images d'un homme, assez fort, d'une trentaine d'années. Au bout de plusieurs visions, je décidai d'esquisser un portrait et je commençai à faire quelques recherches sur l'éventuelle identité de cet inconnu. Il s'averra que l'homme existait bel et bien. Il habitait un petit chalet, isolé dans les bois de J. au sud du village. Poussée par la curiosité de mes visions , je décidai de me rendre au domicile de M. T. Il n'existait, pour se rendre au chalet, qu'un petit chemin boueux. Après un quart d'heure de route, j'arrivai enfin. Je me présentai à la porte et frappai, mais personne ne vint. Je fis vainement un second essai. Je tentai alors d'entrer et c'est dans un horrible grincement que la porte s'ouvrit, à mon grand étonnement Après réflexion, je décidai de m'y introduire, pour vérifier qu'il n'y avait effectivement personne. Je pénétrai tout d'abord dans le hall puis me dirigeai vers le salon. Etrangement, tout était vide et le plancher était recouvert d'une épaisse couche de poussière. Je me rendis au fond de la pièce où il y avait une autre porte, certainement celle de la cuisine, elle était entrebaîllée. Je la poussai doucement et découvris avec horreur, posé sur une grande table, un poignard dont la lame était couverte de sang séché. Je faillis m'évanouir, mais après avoir repris mes esprits, je m'approchai lentement de l'arme. C'est alors que je pus remarquer, gravé sur le manche, le même symbole que celui de la peinture. La raison me dit que j'étais peut-être en danger. Je décidai d'aller raconter ma découverte à la police. De retour avec l'équipe policière, la maison fut fouillée de fond en comble. Le poignard fut envoyé pour diverses analyses et il en ressorti que le sang correspondait à celui des trois victimes. Le meurtrier avait quitté les lieux et à ce jour, restait introuvable. Trois mois jour pour jour à daté du dernier meurtre, un incendie se déclara dans le musée. Etrangement, le feu ne prit qu'au pied du tableau de la chouette et ne détruisit que cette toile qui fut réduite en cendres.
Depuis ce jour, il y a quinze ans aujourd'hui, je ma sens libérée et sans angoisse dans mon musée. Cependant, est-ce un hasard ? Chaque soir, sur le rebord de la fenêtre de ma cuisine, vient se percher une chouette, identique à celle de la peinture


 
 
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