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Eduardo
MENDOZA |
Editions
du Seuil |
Points
n°46 |
Traduit
de l'espagnol par O. Rolin |
1988
(première publication : 1986)
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Résumé
Alors que Barcelone se prépare à accueillir sa première Exposition universelle, Onofre Bouvila, fraîchement descendu des versants de la sierra del Cadí, cette région "agreste, sombre et brutale", entame son expérience citadine en distribuant des brochures anarchistes. C'est le début d'une irrésistible ascension... L'intelligence du jeune homme, son sens des affaires hors du commun mais aussi sa conception originale de l'éthique - où fraudes fiscales, escroqueries immobilières, crimes commandités servent un enrichissement prodigieux - incarnent ironiquement la réussite économique de la
ville.
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Paysage
catalan, peint
par Joan Miró
"On
voyait, clairement délimités, les villages que la ville avait
dévorés ; puis venait l'Ensanche, avec ses arbres et ses
avenues et ses maisons fastueuses ; plus bas, la vieille ville, à
laquelle, après tant d'années, continuait à l'attacher un
sentiment d'identité. Enfin, il vit la mer"
p.
393
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Commentaire
Fidèle à son habitude, Eduardo Mendoza réutilise la matière narrative de plusieurs genres romanesques. A la fois présenté comme une épopée, un roman picaresque ou un roman historique,
La ville des prodiges n'est en réalité rien de tout cela, par la volonté de l'auteur de pervertir ces
"sous-genres" par l'usage presque constant du pastiche ainsi que par la combinaison insolite de ces mêmes genres.
Si on n'y prend pas garde, on lit la première page du roman comme
un simple résumé de l'Histoire de Barcelone de sa fondation à la
fin du 19ème siècle. Cependant,
en y regardant de plus près, on constate qu'il s'agit en réalité
d'un pastiche du récit d'Histoire parce qu'il regroupe, dans de
saisissants raccourcis, tous les dangers qui guettent l'historien
(interprétations fallacieuses des sources, anachronismes,
généralisations abusives, historicisme, subjectivisme, etc.).
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Eduardo
Mendoza réutilise également à sa manière un autre genre
romanesque plus spécifiquement espagnol, le roman picaresque. Apparu en 1554 avec
une oeuvre anonyme, Lazarillo de Tormes, il met en scène un antihéros qui, à l'instar d'Onofre Bouvila, est de basse extraction, voleur, vagabond et qui, comme lui, remet en cause l'ordre social établi par une réussite
fulgurante.
Le
cadre historique
La
vie et l'ascension sociale d'Onofre Bouvila correspondent au
développement prodigieux de la ville de Barcelone entre les deux
expositions universelles de 1888 et de 1929. Durant cette période,
la petite bourgade provinciale qu'elle était se développa de
manière telle qu'elle engloba les villages environnants pour
devenir la mégalopole que nous connaissons aujourd'hui.
Pour
en savoir plus...
1)
M. et M.-C. ZIMMERMANN, Histoire de la Catalogne, Paris, PUF,
1998, Que
sais-je ? n°2426
2)
P. TORRES GUARDIOLA, Barcelone, la passion de la liberté, Paris,
Gallimard, 1992, Découvertes n°142
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Aurélie
Thérer |
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