novembre

Les Très Riches Heures du duc de Berry

 

 


Au premier plan, un troupeau de porcs paît dans un bois de chênes.
(la glandée). Le gardien au premier plan est en train de faire tomber de son bâton les glands dont les porcs vont se nourrir. Un gros chien surveille les bêtes. Le porc constituait une part importante de l'alimentation médiévale. Il servait de base à la nourriture dans toute l’Europe chrétienne. Chaque région avait ses modes de cuisson, de préparation, et de conservation. On pouvait saler le porc et on le conservait en grande partie dans des saloirs ; ou bien, on faisait du confit en cuisant les morceaux dans de la graisse. Le jambon était tantôt fumé dans la cheminée, tantôt séché à l’air. Il était conservé pendu aux poutres du plafond ou sous la cendre.

La glandée est une pratique qui permet d'envoyer ses porcs paître dans les forêts pour y consommer les glands des chênes et les faînes des hêtres.

A droite, dans les bois, on aperçoit d’autres paysans avec leurs bêtes. Faire paître les porcs au pied des chênes était une activité essentielle dans la vie des campagnes. Les forêts formaient d’immenses terrains de pâture pour les troupeaux seigneuriaux et villageois. Les chevaux, les boeufs et les vaches, les moutons et les chèvres venaient également y brouter l’herbe des sous-bois ou les feuilles des arbustes.

 

Cette scène évoquerait la parabole du fils prodigue* (Évangile de Luc)  http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%Evangile_selon_Luc  : suite à une vie de débauche, le jeune homme est réduit à garder les porcs avant de se décider à retourner chez son père.


Jean Colombe suit la convention iconographique relative au paysan : le paysan est laid et difforme, fruste et brutal.
Les perspectives linéaires et atmosphériques sont maîtrisées, les ombres portées se sont généralisées. Le feuillage des arbres déploie les couleurs changeantes de l’automne et les plis de la tunique rose du porcher sont rehaussés d’or.

 

Évangile selon saint Luc (XV)

1 - Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s'approchaient de Jésus pour l'entendre.
2 - Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux.
3 - Mais il leur dit cette parabole :
4 - Quel homme d'entre vous, s'il a cent brebis, et qu'il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la retrouve ?
5 - Lorsqu'il l'a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules,
6 - et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis qui était perdue.
7 - De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance.
8 - Ou quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu'elle en perde une, n'allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu'à ce qu'elle la retrouve ?
9 - Lorsqu'elle l'a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit : Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la drachme que j'avais perdue.
10 - De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.
11 - Il dit encore : Un homme avait deux fils.
12 - Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien.
13 - Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche.
14 - Lorsqu'il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.
15 - Il alla se mettre au service d'un des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les pourceaux.
16 - Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait.
17 - Etant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
18 - Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi,
19 - je ne suis plus digne d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes mercenaires.
20 - Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa.
21 - Le fils lui dit : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.
22 - Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds.
23 - Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous;
24 - car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.
25 - Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses.
26 - Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était.
27 - Ce serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et, parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras.
28 - Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d'entrer.
29 - Mais il répondit à son père : Voici, il y a tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis.
30 - Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c'est pour lui que tu as tué le veau gras !
31 - Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi;
32 - mais il fallait bien s'égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu'il est revenu à la vie, parce qu'il était perdu et qu'il est retrouvé.
*

 

C’est la seule des paraboles qui ait si souvent inspiré les artistes.

 

Le retour du fils prodigue , thème assez courant en peinture, est le nom de plusieurs tableaux, dont :

  • Hieronymus van Aken, dit Jérôme Bosch

  • Maître du Fils Prodigue. Peintre flamand (actif à Anvers dans le deuxième tiers du XVIes

  • Huybrecht Beuckeleer

  • Jan Sanders van Hemessen et Maître de Paul et Barnabé

  • David Teniers (le Jeune)

  • Frans Francken (le Jeune)

  • Rembrandt

  • Murillo a peint un ensemble de tableaux, actuellement au Musée de Dublin, retraçant les divers moments de l’histoire.

  • Pompeo Batoni

  • Puvis de Chavannes

  • Edouard Dubufe

  • Ivor Williams

     

C'est aussi une pièce de théâtre qui reprend l'argument de la parabole du Fils Prodigue, et qui exerça une influence profonde sur la dramaturgie au XVIe siècle de Willem van de Voldersgraft, Acolastus de filio prodigo, Anvers, 1529.

 

  Fils prodigue est la traduction de The Prodigal Son, titre anglais de :

C'est aussi un ballet sur une musique de Prokofiev, Le fils prodigue.

Ballet en 3 tableaux ; argument de Boris Kochno, inspiré par la parabole de l'Évangile ; chorégraphie de George Balanchine ; musique de Prokofiev ; décors et costumes de Georges Rouault.Création mondiale au théâtre Sarah Bernhardt, à Paris (1929), par les Ballets russes.

 

C'est aussi un film américain de 1955 de Richard Thorpe, avec Lana Turner, Edmund Purdom, Louis Calhern.

Le Fils prodigue.

 

 

TABLE DES MATIèRES