L’image habituelle illustrant le mois de mars - la taille de la vigne – est intégrée dans une composition plus vaste figurant les premiers travaux des champs de l’année : labour, semailles et taille de la vigne. Cette scène paysanne, dominée par la puissante forteresse de Lusignan, verrou stratégique du royaume en Poitou, que le duc de Berry avait fait transformer et moderniser, sert parfaitement l’intention encomiastique( très élogieux, en parlant d'un certain type d'écrit ) des Très Riches Heures (L’encomiaste est celui qui compose, qui écrit, ou qui prononce l'éloge de quelqu'un). Elle symbolise le pouvoir politique et économique du prince en montrant le château et ses dépendances, des terres cultivées par des serfs domestiques et des paysans corvéables. Après une tenure( terre concédée par un seigneur qui en gardait toutefois la propriété ), l’artiste nous présente la réserve, le domaine directement exploité par le seigneur.
Devant le château, au premier plan, on assiste à une scène de labour : un paysan à la barbe blanche, très concentré sur son travail, guide deux boeufs qui tirent une charrue. Il porte une cotte bleue et un surcot – un genre de tunique – grise. Un mouchoir rouge, retenu par son chapeau couvre sa nuque ; un autre sort de sa ceinture. Ses vêtements semblent plus misérables que ceux des paysans de février. Il tient de la main droite l'aiguillon pour diriger les boeufs, et de la gauche, le mancheron de la charrue. La charrue est en bois, le soc et le versoir en fer. A remarquer : les ombres portées des jambes du laboureur et de la charrue.
Le château : L’enlumineur a non seulement placé le château en position dominante sur la miniature mais il a également tenu à en souligner la puissance par la précision de son architecture : de gauche à droite, on distingue la double enceinte, la barbacane – fortification avancée, la Tour de l'Horloge et la Tour Poitevine d'où s'échappe la fée Mélusine, figurée en dragon ailé. L ’allusion à la fée Mélusine participe aussi à la célébration de la puissance du duc.. En 1392, Jean d'Arras composa pour Jean de Berry un roman de Mélusine, la fée fondatrice du lignage et du château de Lusignan. l’ouvrage "La noble histoire de Lusignan" rappela que par sa mère, le prince descendait de la fée. Selon la légende, cette fée avait pris l'apparence d’une très belle femme et avait épousé un mortel nommé Raymondin auquel elle apportait la richesse et le bonheur tant qu’il respecterait un interdit. Mais un jour, Raymondin viola le pacte et découvrit le secret de la fée qui se métamorphosait en serpente le samedi. La fée disparut alors, et il perdit le bonheur qu'elle lui avait apporté.
Dévasté lors du siège de 1574–1575 mené par le Duc de Montpensier pendant les guerres de religion, il fut définitivement rasé par Richelieu au XVIIème siècle. Son emplacement fut aménagé, au XVIIIème siècle, en jardin à la française par le Comte de Blossac, Intendant du Poitou. "La légende Mélusine" document PDF réalisé par l'association "Les Lusignan et Mélusine" et la mairie de Lusignan Lusignan, chef-lieu d’un important canton rural,est une commune de 3880 hectares,située au seuil du Poitou,à 25 km au Sud-Ouest de Poitiers. |