Un livre d'heures est le type le plus courant d'ouvrage médiéval enluminé. Chaque livre d'heures est unique, mais tous contiennent une collection de textes, de prières et de psaumes avec les illustrations correspondantes et constituant un recueil de base pour la pratique de la religion catholique. Dans sa forme initiale, un livre d'heures ne rassemblait que des textes appropriés aux heures liturgiques. Avec le temps, leur texte s'enrichit de données plus profanes telle qu'un calendrier avec les prières et les messes pour certains jours saints. Comme de nombreux livres d'heures sont enluminés ils constituent une importante documentation sur la vie aux XVe et XVIe siècles et source une iconographique sur la chrétienté médiévale. Vers la fin du XVe siècle, des tirages imprimés furent réalisés selon le principe de la xylographie. Le plus célèbre livre d'heures est Les Très Riches Heures du duc de Berry réalisées par les frères de Limbourg entre 1412 et 1416 pour le duc Jean Ier de Berry - qui commanda également Les Petites Heures de Jean de Berry, Les belles heures du Duc de Berry et Les Riches heures du Duc de Berry. Très fréquemment, au XVIe siècle, le livre d'heures est le premier livre acheté (et bien souvent le seul). |
Dans l’occident médiéval, le laïc n’a pas la même perception du temps que nous, hommes du XXIe siècle. Au XVe siècle, la société française demeure très rurale et, malgré le développement de l’urbanisation et l’apparition de la bourgeoisie marchande, les activités humaines sont structurées par le cycle des saisons et des fêtes religieuses. La journée s’organise autour de la sonnerie des cloches de l’église ou du monastère : matines à minuit, laudes vers 3 h, prime vers 6 h, tierce vers 9 h, sixte à midi, none vers 15 h, vêpres vers 18 h, complies vers 21 h. Ces heures canoniales règlent la vie monastique et ecclésiastique. Les offices, divisés en sept parties, sont récités tout au long de la journée. Les calculs précis restent l’apanage d’un petit nombre de clercs et l’homme du Moyen Age n’a pas une vision linéaire du temps, rythmée par l’écoulement des heures, des minutes et des secondes. Sa perception est beaucoup plus cyclique, fondée sur la permanence et sur un recommencement troublé seulement par la sensation d’un lent vieillissement.
Pour l’immense majorité de la
population, ce calendrier de la vie rustique est inscrit dans la pierre
des portails des cathédrales (Amiens, Chartre, Paris, Reims, Saint-Denis
ou Senlis) ; les aristocrates et les riches bourgeois possèdent chez eux
l’outil indispensable aux exercices de piété privée : le livre d’heures.
Les manuscrits plus étoffés
peuvent contenir également les Heures de la Croix qui incitent à méditer
sur les étapes de la Passion du Christ ; les Heures du Saint-Esprit pour
commémorer la Pentecôte et le Baptême du Christ. A ces offices s’ajoutent
habituellement des extraits des Évangiles, l’office des morts, quelques
prières et les suffrages des saints. Entre 1350 et 1500, ce type d’ouvrage est produit en très grand nombre. Les princes s’offrent ces précieux livres les uns aux autres, favorisant ainsi les échanges artistiques, stimulant l’invention et la création. Les membres de la grande bourgeoisie ne sont pas en reste : au XVe siècle, le livre d’Heures est – comme le portrait au temps des Clouet – un signe de reconnaissance sociale.
Les enfants princiers
apprenaient à lire dans les livres d’heures. Ce fut le cas de Jean le Bon,
père du duc de Berry, du duc lui-même et de ses frères. Réalisation d’un livre d’Heures : c’est un véritable chantier qui peut s’étaler sur un grand nombre d’années. Sa réalisation s’organise en cinq étapes :
1) réalisation de la maquette qui fixe les emplacements réservés aux
miniatures.
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