La tenture de la Dame à la Licorne 

 

Elle constitue l'ensemble le plus prestigieux du Musée de Cluny, a été tissée en Flandre au XVème siècle, à partir de cartons réalisés à Paris.

 

Sur les six tentures, cinq expriment une apologie des sens, alors que la sixième montre la jeune femme déposer un collier dans un coffre, signe de renoncement aux plaisirs de ce monde. On remarquera l'absence de tout décor, la richesse et la beauté des tons verts et rouges, le foisonnement de la vie végétale et animale. Chaque tapisserie comporte une île bleu sombre qui contraste avec le fond rouge ou rose semé de fleurs. La dame qui prend place au milieu de cette île est entourée d'un lion et d'une licorne. Elle se livre à une occupation qui symbolise un sens.


Les tapisseries, dont la partie inférieure avait été détruite par l'humidité, entreront dans les collections du Musée en 1882. Le retissage du bas des pièces, réalisé avec du fil mal teint, laissera apparaître rapidement une différence de couleur avec la partie originale.

 

Prosper Mérimée découvrira ce chef-d'oeuvre au château de Boussac, dans la Creuse, en 1841. Georges Sand le rendra célèbre dans ses écrits.

 Les croissants de lune répétés dans la tenture n'ont aucun rapport avec l'Orient ou l'Islam. Ils appartiendraient aux armoiries de gueules à la bande d'azur de la famille Le Viste  d'origine lyonnaise.

La thèse de M. André Arnaud, exposée dans la Revue de l'Art n° 209 d’Octobre 1981, numéro spécial Magie de la tapisserie, soutient que la mystérieuse Dame de La Dame à la Licorne du musée de Cluny est Mary Tudor. Les tapisseries de La Dame à la Licorne ont été tissées pour Antoine Le Viste, peut-être à Bruxelles, Tournai ou Bruges. Elles peuvent être l’œuvre du peintre Jean Perréal, dit Jehan de Paris. La Suivante est Claude de France, épouse de François 1er. Les six tapisseries actuellement visibles au Musée du Moyen Age et des Thermes de Cluny à Paris, rescapées d’une série de huit tapisseries, racontent divers épisodes de la vie de Mary en France. Cette interprétation est développée sur le site http://perso.orange.fr/dame.licorne/

La tenture se compose de cinq pièces évoquant les cinq sens : la Vue, le Goût, l'Ouïe, le Toucher, l'Odorat; ainsi que d'une sixième, plus complexe par sa composition et sa signification. Celle-ci, dite pièce de La Dame à la tente, en raison du pavillon derrière elle, a été également nommée plus simplement "A mon seul désir", du nom de la devise inscrite au fronton dudit pavillon.
La taille imposante des pièces, environ 3,5x3,5m, rendent cet ensemble particulièrement imposant et fascinant. Ces tapisseries ont été tissées en fils de laine et de soie, avec plus de 5 fils de chaîne au cm.

La réputation de La Dame à la licorne lui vient aussi de l'harmonie de sa gamme colorée. Un nombre limité de tons suffise à créer l'enchantement poétique. L' " île " arrondie qui sert de sol à la scène, d'un bleu sombre, est plantée de touffes de fleurs vivaces, alors que le fond de couleur, rouge vermeil, est parsemé de branches fleuries arrachées à leur tronc. Ce parti était fréquent au Moyen Âge, si l'on en croit les textes, en l'absence des pièces, trop souvent disparues. Ce décor  met en valeur l'élégance de la jeune femme, qui apparaît dans des attitudes et des costumes différents. La splendeur du vêtement et la préciosité des bijoux ajoutent encore à la beauté de l'oeuvre.

 

 

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