Cette miniature, exécutée entre 1438 et 1442 par un peintre anonyme à la cour de Charles VII, est, au contraire de celle du mois de janvier, consacrée à la rudesse de la vie paysanne en hiver. L’artiste introduit dans cette miniature une innovation du point de vue de la composition : il intègre l’image habituelle – un personnage au coin du feu – à une scène de la vie paysanne. L’espace est étendu et les personnages multipliés. Représentation réaliste de la campagne sous la neige mais aussi scène idéalisée reflétant un monde pacifié à une époque où les campagnes comme les villes étaient victimes des pillards, des bandes de mercenaires et de la guerre civile . Au premier plan, la ferme entourée d’un enclos : le plessis, destiné à tenir écartées les bêtes sauvages. A gauche, l’artiste nous dévoile l'intérieur de l’humble demeure où trois personnages, détendus et tranquilles, se chauffent devant le feu tandis que sèche le linge. Ils sont vêtus bien plus simplement que les personnages figurant sur la miniature du mois de janvier. La palette des couleurs utilisées pour les vêtements souligne cette différence de condition sociale. La femme soulève légèrement sa longue robe bleue pour mieux se chauffer, tandis que l'homme et la femme assis à côté, courts vêtus, ne portent manifestement pas de caleçons. Un chat gambade près de la cheminée, ce qui accentue l’atmosphère de sérénité. Les murs nus, sans décoration, sont en bois, le toit de chaume est surmonté d’une cheminée en osier tressé. Dans le fond, on aperçoit les deux seules fenêtres que comporte le logis. Elles sont très étroites. En général, il n’y a qu’une seule porte que l’on ferme –comme les fenêtres – de l’intérieur, au moyen d’un volet de bois et d’une barre. La maison se compose d’une pièce unique avec un renfoncement pour les lits et une petite cuisine. Le plafond est bas, le sol en terre battue. Le paysan du Moyen-âge ne vit pas à l’intérieur de sa maison. Elle lui sert à manger, dormir, s’abriter l’hiver. C’est pourquoi, aussi riche soit-il, il est peu attaché à sa demeure et ne cherche pas à l’embellir ou à la rendre plus confortable.
Au centre et à droite de l’enclos, une bergerie avec un nombre assez important de moutons pour l’époque, derrière, la grange où sont entreposés le blé, la paille et le foin quatre ruches en paille
Un pigeonnier : plus que les autres possessions, signifie la position
sociale importante de cette famille de paysans, au sein du village.
A l'extérieur, au second plan,
une meule de foin et trois personnages saisis sur le vif. L’un
souffle
dans ses doigts et s'apprête à regagner la maison, tandis que l'autre abat
un arbre. Derrière lui, un troisième mène un âne chargé vers un village.
Les maisons du village sont bâties autour de l’église dont on aperçoit le
clocher au-dessus des bâtiments. Ces constructions n’ont pas besoin,
semble-t-il, de s’abriter derrière un rempart.
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