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Cette miniature
qui rappelle un dessin de
Giovannino dei Grassi
conservé à la
bibliothèque de Bergame. De plus, l’artiste a donné à la scène le même
cadre que
Jean Fouquet pour la miniature représentant Job dans
les
Heures d'Etienne Chevalier.
Elle est sans
doute l'œuvre de l'artiste inconnu des années 1438-1442.
Derrière la forêt épaisse dont les arbres ont conservé leurs
feuilles et
qui était un des séjours favoris des rois de France (Saint Louis s'y
rendait la justice sous un chêne) se dressent les tours carrées et le
donjon du Bois de Vincennes, achevés par le roi Charles V. Celui-ci y
entreposa une partie de son trésor. Il avait compris que le prestige de
la couronne se mesurait à la splendeur des bâtiments où s'exerçait la
fonction royale.
Le donjon est ressenti comme le cœur du château : y conduire un hôte,
c'était lui témoigner confiance et amitié autant que démontrer sa propre
puissance. C'est là qu'on enferma les armes des Parisiens quand on les
leur confisqua. Si le donjon perd alors de son efficacité militaire, il
conserve sa valeur symbolique. Au XIVème siècle, il y eut une rivalité
entre les constructeurs de châteaux. La hauteur des murs et la forme du
donjon traduisaient la puissance du seigneur, au même titre que les
trésors qui y étaient entreposés.
L'artiste a
représenté le terme d'une chasse à courre : l'hallali par terre du
sanglier que finit de sonner de son cor un veneur. Comme la quête du
sanglier était moins subtile que celle du cerf, on s'attardait surtout
sur la mise à mort. C'est une chasse d'hiver. On se servait de l'épieu
ou de l'épée pour tuer l'animal. Par rapport à la fauconnerie, la
vénerie offrait un plaisir plus sportif, plus violent et plus dangereux.
C'était pour l'aristocratie une manifestation de sa force guerrière. Le veneur devait soigner les chiens, entretenir les chenis, tresser des filets, relever les traces et débusquer le cerf, crier et sonner. Sans son Livre de la chasse, Gaston Phébus s'attarde sur l'éducation du veneur. Un maître, dès l'âge de sept ans, doit lui apprendre à aimer et à soigner les chiens par tous les moyens, y compris le châtiment corporel. L'enfant deviendra successivement valet de chien, puis vers vingt ans, aide ; enfin, il sera veneur, portant cor, couteau, et souvent estortoire, pour écarter les branches. C'est l'homme-clef de la chasse à courre, et son existence est dévouée à son métier.
Gaston Phébus, dans le Livre de la chasse (1387-1391), distingue cinq races de chiens de chasse : l'alant, le lévrier, le courant, le chien d'oiseau et le mâtin. Hormis le lévrier, ce sont des chiens lourds et lents. On choisissait les chiens les plus forts et les plus sauvages pour chasser l'ours, le loup et le sanglier. Le prince place en tête le lévrier pour ses qualités esthétiques et sa sociabilité, et ensuite les chiens courants qui sont la base des meutes. |