AOÛT

Les Très Riches Heures du duc de Berry

 

L’image emblématique du mois d’août – le battage du blé est introduite dans une scène cynégétique sur les terres d’une propriété de Jean de Berry, le château d’Étampes,  détruit en 1411. Cette miniature illustre encore le prestige et la puissance du duc de Berry et les loisirs de différents groupes de la société.  La scène représente plusieurs tableaux inédits dans un livre d’heures.

Le premier plan – un départ de chasse – illustre un des privilèges de la noblesse du temps, la chasse au vol, à l'aide de rapaces et de faucons apprivoisés, qui chassaient des oiseaux tels que la grue, le cygne, le canard et les poules d'eau.

La chasse au vol, manifestait la puissance et la richesse des seigneurs. Véritable science, elle constituait une discipline majeure dans l’éducation courtoise . L’un des passe-temps favoris des membres de la société aristocratique qui passionnait aussi les dames. Devant le cortège, un fauconnier à pied se tourne vers le premier cavalier vêtu de bleu dont il attend les ordres. Le fauconnier, vêtu de gris (couleur des vêtements ordinaires, surtout portée par les gens de basse condition) tient sur son poing gauche, attachés par une laisse, deux faucons encore munis du chaperon – capuchon qui recouvrait la tête du faucon et que l’on enlevait dès que le gibier apparaissait et, de la main droite, une longue perche dont il battra arbres et buissons pour faire s'envoler le gibier. Il porte à la ceinture un leurre qui imitait la forme d'un oiseau avec deux ailes et qu'on garnissait de viande pour habituer le faucon à y revenir.

Assise en croupe, derrière le premier cavalier qui s’apprête à lancer son faucon, une femme en robe noire, à volant blanc et à manches rouges. Ils chevauchent un palefroi gris (cheval de parade).

Sur un cheval blanc, un cavalier seul , le duc de Berry , lâche son faucon. L’artiste donne de lui l’image du seigneur féodal tout-puissant. Il est en effet représenté tenant « en dextre » ( droite) son cheval et portant l’oiseau de proie sur le poing gauche, dans l’attitude typique que l’on retrouve très fréquemment dans l’iconographie chevaleresque médiévale. Ajoutons que le blanc, signe d'excellence, était la couleur des chevaux de Saint-Georges et de Saint-Michel, patrons de la chevalerie.

Sur un troisième cheval, un alezan (cheval dont la robe est de couleur fauve, brun rougeâtre), un couple converse. L'homme tient lui aussi un faucon sur le poing. Le faucon est un animal important dans la haute société médiévale. Sa hardiesse et sa beauté en font un symbole de vaillance et de concorde. Cet animal fascinait en raison de la difficulté du dressage. On offrait un faucon en gage d'amour ou d'amitié, ou comme prix d'un tournoi ou d'un pari. Autour du cortège, courent les chiens dont la fonction est de lever ou rapporter le gibier, une fois que le faucon l'aura abattu. Dès que l’oiseau n’est plus aveuglé par le chaperon, il s’élance dans les airs, repère la proie, s’abat sur elle et la capture puis un sifflement lui ordonnant de revenir au poing, il lâche le gibier qui est signalé ou rapporté par les chiens. Ces derniers ressemblent aux chiens déjà mis en scène dans les miniatures de janvier et de mai.

 

Au second plan, un moment des loisirs – rares - des gens d’un groupe social inférieur. Deux hommes se baignent dans la rivière et l’artiste a eu soin de représenter leur image déformée par l’eau qui les recouvre. Ils sont nus,  selon la coutume de l’époque. A leurs côtés, une femme se prépare à entrer dans l'eau. Plus loin, un quatrième sort de l'eau.

Contrairement aux idées reçues, la pratique du bain est courante au Moyen-Âge : les villageois et les pauvres se baignent nus à la rivière, tandis que les citadins se rendent aux « étuves ». Toutes les villes d'Europe possèdent des bains publics : Paris en compte 26 à la fin du XIIIème siècle.

Voir aussi: une baignade dans un traité de fauconnerie

 

Le savon de Marseille...

Au sommet de Sapo, colline romaine, les prêtres sacrifiaient des animaux en les faisant brûler. Les restes de ces sacrifices, un mélange de graisses animales et de cendres, étaient versés à la rivière où les lavandières travaillaient : elles avaient remarqué que l'eau moussante de cette rivière facilitait leur travail...

Le savon de Marseille est réputé pour son procédé de fabrication à base d'huile d'olive à laquelle on ajoute de la soude. Le tout est mélangé et cuit, c'est la saponification, puis débarrassé de la glycérine qui servira, elle, à la fabrication de bougies. Crescas Davin est le premier maître savonnier de Marseille à la fin du XIVème siècle. Le vrai savon de Marseille contient au moins 72 % d'huile d'olive.

Au troisième plan, de l'autre côté de l'eau, des paysans travaillent dans un champ. Les uns mettent la moisson en gerbes tandis que les autres les chargent sur une charrette tirée par deux chevaux.

 

 

A l'arrière plan, se dresse le château d'Étampes, que le duc de Berry avait acquis en 1400, en même temps que le comté. On distingue, derrière les remparts, les tours, la chapelle et les bâtiments couverts de tuiles, et, au milieu, le donjon quadrangulaire, la tour Guinette.

 

 

TABLE DES MATIèrES