Le premier plan – un départ de chasse – illustre un des privilèges de la noblesse du temps,
la chasse au vol, à l'aide de rapaces et de faucons apprivoisés, qui
chassaient des oiseaux tels que la grue, le cygne, le canard et les poules d'eau.
La
chasse au vol, manifestait la puissance et la richesse des seigneurs.
Véritable science, elle constituait une discipline majeure dans
l’éducation courtoise . L’un des passe-temps favoris des membres de la
société aristocratique qui passionnait aussi les dames. Devant le
cortège, un
fauconnier à pied se
tourne vers le premier cavalier
vêtu de bleu dont il attend les ordres. Le fauconnier, vêtu de gris
(couleur des vêtements ordinaires, surtout portée par les gens de basse
condition) tient sur son poing gauche, attachés par une laisse, deux
faucons encore munis du chaperon – capuchon qui recouvrait la tête du
faucon et que l’on enlevait dès que le gibier apparaissait et, de la
main droite, une longue perche dont il battra arbres et buissons pour
faire s'envoler le gibier. Il porte à la ceinture un leurre qui imitait
la forme d'un oiseau avec deux ailes et qu'on garnissait de viande pour
habituer le faucon à y revenir.
Assise
en croupe, derrière le premier cavalier qui s’apprête à lancer son
faucon, une femme en robe noire, à volant blanc et à manches rouges.
Ils chevauchent un palefroi gris (cheval de parade).
Sur un cheval blanc, un cavalier seul ,
le duc de Berry , lâche son faucon. L’artiste donne de lui l’image du
seigneur féodal tout-puissant. Il est en effet représenté tenant « en
dextre » ( droite) son cheval et portant l’oiseau de proie sur le poing
gauche, dans l’attitude typique que l’on retrouve très fréquemment dans
l’iconographie chevaleresque médiévale. Ajoutons que le blanc, signe
d'excellence, était la couleur des chevaux de Saint-Georges et de
Saint-Michel, patrons de la chevalerie.
Sur un troisième cheval,
un alezan (cheval dont la robe est de couleur fauve, brun rougeâtre),
un couple converse. L'homme tient lui aussi un faucon sur le poing. Le
faucon est un animal important dans la haute société médiévale. Sa
hardiesse et sa beauté en font un symbole de vaillance et de concorde.
Cet animal fascinait en raison de la difficulté du dressage. On offrait
un faucon en gage d'amour ou d'amitié, ou comme prix d'un tournoi ou
d'un pari. Autour du cortège, courent les chiens dont la fonction est
de lever ou rapporter le gibier, une fois que le faucon l'aura abattu.
Dès que l’oiseau n’est plus aveuglé par le chaperon, il s’élance dans
les airs, repère la proie, s’abat sur elle et la capture puis un
sifflement lui ordonnant de revenir au poing, il lâche le gibier qui
est signalé ou rapporté par les chiens. Ces derniers ressemblent aux
chiens déjà mis en scène dans les miniatures de janvier et de
mai. |