Giuseppe VERDI

Le Roncole 1813 - Milan 1901

 

 

 

 Libiamo ne’lieti calici (Brindisi)

« Buvons dans les joyeux calices »

extrait de La Traviata

C' est le plus célèbre passage de l'opéra et un des airs les plus connus du compositeur. Ces lignes, constituent une invitation aux libations et une louange de l'amour, dans une perspective épicurienne.

Ce toast, qui se situe au cours du premier acte, lors de la fête donnée par Violetta Valéry dans sa demeure parisienne, est d'abord entonné par Alfredo Germont. Le chœur des invités s'y joint puis Violetta les accompagne.

Opéra en trois actes (joué parfois en quatre actes)

Livret de  Francesco Maria Piave
d'après le roman d'Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias.

 

Livret original

 

Alfredo :
Libiamo, libiamo ne'lieti calici
Che la belleza infiora.
E la fuggevol, fuggevol ora
S'inebrii a voluttà.
Libiamo ne'dolci fremiti
Che suscita l'amore,
Poiché quell'ochio
Al core omnipotente va.
Libiamo, amore, amore fra i calici
Più caldi baci avrà.

 

 

 

Coro :
Ah ! Libiamo, amore, amore fra i calici
Più caldi baci avrà


 

Violetta :
Tra voi tra voi saprò dividere
Il tempo mio giocondo;
Tutto è follia, follia nel mondo
Ciò che non è piacer.
Godiam, fugace e rapido
E il gaudio dell’amore,
E un fior che nasce e muore,
Ne più si può goder.
Godiamo, c'invita, c'invita
Un fervido accento lusighier.

 

Coro :
Godiamo, la tazza, la tazza e il cantico,
La notte abbella e il riso ;
In questo, in questo paradiso
Ne scopra il nuovo dì.

 

Violetta :
La vita è nel tripudio
 

Alfredo :
quando non s'ami ancora...
Violetta :
Nol dite a chi l'ignora.


Alfredo :
e' il mio destin così.

 

Tutti :
Godiamo, la tazza, la tazza e il cantico
La notte abbella e il riso ;
In questo, in questo paradiso
Ne scopra il nuovo dì.

Traduction en français

 

Alfredo :
Buvons, buvons dans ces joyeux calices,
Que la beauté fleurit ;
Et que l'heure fugitive
S'enivre de volupté.
Buvons dans les doux frissons
Que suscite l'amour,
Puisque ces yeux tout-puissants
Percent le cœur.
Buvons ! l'amour, l'amour entre les coupes
Aura des baisers plus ardents.

 

Le chœur :
Ah ! buvons ; l'amour, l'amour entre les coupes
Aura des baisers plus ardents.

 

Violetta :
Parmi vous je saurai partager
Mes heures les plus joyeuses ;
Tout ce qui n'est du plaisir
Est folie dans le monde.
Amusons-nous, rapide et fugace
Est le plaisir de l'amour.
C'est une fleur qui naît et meurt,
Et l'on ne peut plus en jouir.
Réjouissons-nous !
De fervents et flatteurs accents
Nous y invitent.

 

Le chœur :
Ah ! Réjouissons-nous !
Les verres, les chansons
Et les rires embellissent la nuit ;
Que dans ce paradis
Nous retrouve le jour nouveau.

 

Violetta :
La vie est allégresse.
 

Alfredo :
Quand on ne s'aime pas encore...
Violetta :
N'en parlez pas à qui l'ignore.
 

Alfredo :
C'est là mon destin.
 

Tous :
Ah ! Réjouissons-nous !
Les verres, les chansons
Et les rires embellissent la nuit ;
Que dans ce paradis
Nous retrouve le jour nouveau.

 

La Traviata est un de opéras les plus joués au monde. Verdi y réunit de façon subtile des éléments comiques et tragiques.
 

Le livret de La Traviata est signé Francesco Maria Piave qui s’est inspiré du roman  d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias (1848). L’auteur en fera lui-même l’adaptation pour le théâtre, en 1852, et Giuseppe Verdi, en compagnie de Giuseppina Strepponi, assistera à une représentation à Paris, au Théâtre du Vaudeville. Verdi, qui avait déclaré des années auparavant qu’il n’appréciait pas de voir des prostituées sur scène, est enthousiaste : « Je veux des thèmes nouveaux, grands, beaux, variés, osés. Osés à l’extrême, nouveaux dans la forme », écrit-il dans une lettre.

Et il était osé, à l’opéra, de mettre en scène le demi-monde parisien. Ne serait-ce que parce que l’histoire se fondait sur un fait réel : en 1842, la célèbre courtisane Rose Alphonsine Plessis, qui s’était elle-même rebaptisée Marie Duplessis, était morte à 23 ans. Alexandre Dumas, qui a élevé à sa mémoire un monument littéraire, avait été l’un de ses amants.

Verdi saisit l’atmosphère parisienne, la façon dont Violetta et ses amis abordent la vie : chansons à boire, à danser, musique tzigane forment un contraste avec le cheminement intérieur de la courtisane, désormais prête à se sacrifier et qui, dans des arias aux accents déchirants, finit par dire adieu au bonheur et à la vie.

 

Acte I

La courtisane Violetta Valéry, entretenue par le baron Douphol, se complait dans le luxe. Mais quand elle rencontre Alfredo, elle doit prendre une décision.

 

La belle courtisane Violetta Valéry, entretenue par le baron Douphol, se complait dans le luxe. Elle se relève d’une longue maladie qu’elle croit avoir vaincue et donne une somptueuse soirée. Gaston, vicomte de Létorières, lui présente son ami Alfredo Germont et lui confie que le jeune homme, depuis déjà plus d’un an, est l’un de ses fervents admirateurs.

Il prenait quotidiennement de ses nouvelles lorsqu’elle était souffrante. Le baron remarque que la franchise et la sincérité d’Alfredo impressionnent Violetta et se montre irrité. En bonne maîtresse de maison, Violetta veut mettre le timide nouveau venu à l’aise et l’invite à porter un toast (« Libiamo, libiamo ne' lieti calici »).

Tandis que tous s’apprêtent à danser et passent dans l’autre salon, Violetta pâlit et reste en arrière. Alfredo profite de cet instant de solitude pour lui avouer sa flamme («Un dì, felice, eterea»). La courtisane s’en amuse mais Alfredo finit par la convaincre de la sincérité de ses sentiments : elle lui offre un camélia qu’il aura le droit de lui rendre quand il sera fané… demain ! Heureux, Alfredo sort.
Violetta est troublée.

Tous ont pris congé. Violetta repense aux émotions que les paroles d’Alfredo ont éveillées en elle (« È strano »), elle est déchirée entre l’envie des plaisirs frivoles et le désir d’un véritable amour. Elle tente de se
persuader d’avoir fait le bon choix (« Sempre libera »). Lorsque lui parviennent, par le balcon, les paroles d’Alfredo qui s’éloigne (« Amor è palpito dell'universo intero »), elle réaffirme son credo mais il sonne faux.

 

Acte II

Violetta et Alfredo vivent retirés dans une maison de campagne et filent le parfait amour. Alfredo part pour Paris et Violetta reçoit un visiteur inattendu.

 

Depuis trois mois déjà, Violetta et Alfredo vivent retirés dans une maison de campagne (« De' miei bollenti spiriti ») et filent le parfait amour. C’est alors qu’Alfredo apprend par Annina, la domestique et confidente de Violetta, que celle-ci vend ses biens pour couvrir les frais de leur ménage. Blessé dans son amour-propre et ne voulant pas être entretenu par une femme, il part pour Paris tout arranger (« Oh mio rimorso! oh infamial »).

Pendant son absence, Violetta reçoit un visiteur inattendu : le père d’Alfredo, Giorgio Germont, qui lui reproche de dilapider la fortune familiale avec son impudent de fils. Violetta s’en défend et montre à Germont l’acte de vente de ses biens. Rassuré sur ce point, il la prie néanmoins de renoncer à son fils parce que sa réputation douteuse met en péril le mariage de la sœur d’Alfredo (« Pura siccome un angelo Iddio mi die una figlia »).Violetta finit par céder à condition qu’Alfredo sache quel sacrifice elle fait par amour.

Revenu de Paris, Alfredo ne s’explique pas le changement de comportement de sa maîtresse. Il se rassérène lorsqu’elle l’assure de son amour. Peu après, un messager lui porte la lettre d’adieu de Violetta. Son père console de son mieux le fils dont il vient de détruire le bonheur, et tente de le faire revenir dans le giron familial (« Di Provenza il mar, il suol »). Sur ce, Alfredo trouve sur la table de Violetta une lettre de Flora invitant son amie à une fête. Il s’y précipite.

La fête bat son plein. Alfredo joue aux cartes. Violetta arrive avec le baron Douphol qui lui interdit tout aparté avec Alfredo. Celui-ci ne cesse de gagner et devient sarcastique : « Malheureux en amour, heureux au jeu… ». Le baron est irrité à tel point qu’il défie Alfredo au jeu – et perd une grosse somme d’argent. Avant que la situation ne dégénère, les invités sont conviés à passer à table.

Violetta supplie Alfredo de quitter la fête mais refuse de partir avec lui. Pour tenir la promesse donnée à Giorgio Germont, elle lui laisse croire qu’elle aime le baron. Ivre de jalousie, Alfredo prend les invités à témoin et fait un scandale. Il jette une bourse aux pieds de Violetta pour la « payer en retour » de ses services amoureux. Son père tente de le protéger de la réprobation générale en faisant semblant de le condamner (« Disprezzo degno sè stessa rende chi pur nell'ira la donna offende »). Sur ces entrefaites, Douphol provoque en duel un Alfredo complètement désemparé.

 

Acte III

Dans sa chambre, seule et démunie, Violetta est mourante. Or elle reçoit une lettre qui annonce qu'Alfredo va venir pour implorer son pardon.

 

Paris. Dehors, le carnaval bat son plein. Dans sa chambre, seule et démunie, Violetta est mourante. Elle n’a d’autres visites que celle du docteur Grenvil, qui vient tous les jours. Elle retrouve quelques forces grâce à une lettre du père d’Alfredo, qu’elle lit et relit : à la suite du duel avec le baron, Alfredo a fui à l’étranger. Germont lui dit aussi qu’il a révélé à son fils le sacrifice qu’elle a fait et que bientôt, il va venir implorer son pardon.

Alors qu’elle perd tout espoir (« Addio del passato »), celui qu’elle attendait si ardemment paraît enfin. Le rêve d’une nouvelle idylle est de courte durée (« Parigi, o cara, noi lasceremo »). Germont arrive dans les pas de son fils et, lui aussi, demande pardon. Violetta remet à Alfredo un médaillon avec son portrait, pour qu’il lui rappelle les jours passés quand il épousera, après sa mort, « une jeune fille pure ». Après un ultime spasme « Ah, je me sens revivre ! », elle expire.