Le livret de La Traviata est signé Francesco Maria Piave qui s’est inspiré du roman d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias (1848). L’auteur en fera lui-même l’adaptation pour le théâtre, en 1852, et Giuseppe Verdi, en compagnie de Giuseppina Strepponi, assistera à une représentation à Paris, au Théâtre du Vaudeville. Verdi, qui avait déclaré des années auparavant qu’il n’appréciait pas de voir des prostituées sur scène, est enthousiaste : « Je veux des thèmes nouveaux, grands, beaux, variés, osés. Osés à l’extrême, nouveaux dans la forme », écrit-il dans une lettre.
Et il était osé, à l’opéra, de mettre en scène le demi-monde parisien. Ne serait-ce que parce que l’histoire se fondait sur un fait réel : en 1842, la célèbre courtisane Rose Alphonsine Plessis, qui s’était elle-même rebaptisée Marie Duplessis, était morte à 23 ans. Alexandre Dumas, qui a élevé à sa mémoire un monument littéraire, avait été l’un de ses amants.
Verdi saisit l’atmosphère parisienne, la façon dont Violetta et ses amis abordent la vie : chansons à boire, à danser, musique tzigane forment un contraste avec le cheminement intérieur de la courtisane, désormais prête à se sacrifier et qui, dans des arias aux accents déchirants, finit par dire adieu au bonheur et à la vie.
La courtisane Violetta Valéry, entretenue par le baron Douphol, se complait dans le luxe. Mais quand elle rencontre Alfredo, elle doit prendre une décision.
La belle
courtisane Violetta Valéry, entretenue par le baron
Douphol, se complait dans le luxe. Elle se relève
d’une longue maladie qu’elle croit avoir vaincue et
donne une somptueuse soirée. Gaston, vicomte de
Létorières, lui présente son ami Alfredo Germont et
lui confie que le jeune homme, depuis déjà plus d’un
an, est l’un de ses fervents admirateurs.
Il prenait quotidiennement de ses nouvelles
lorsqu’elle était souffrante. Le baron remarque que la
franchise et la sincérité d’Alfredo impressionnent
Violetta et se montre irrité. En bonne maîtresse de
maison, Violetta veut mettre le timide nouveau venu à
l’aise et l’invite à porter un toast (« Libiamo,
libiamo ne' lieti calici »).
Tandis que tous s’apprêtent à danser et passent dans
l’autre salon, Violetta pâlit et reste en arrière.
Alfredo profite de cet instant de solitude pour lui
avouer sa flamme («Un dì, felice, eterea»). La
courtisane s’en amuse mais Alfredo finit par la
convaincre de la sincérité de ses sentiments : elle
lui offre un camélia qu’il aura le droit de lui rendre
quand il sera fané… demain ! Heureux, Alfredo sort.
Violetta est troublée.
Tous ont pris congé. Violetta repense aux émotions que
les paroles d’Alfredo ont éveillées en elle (« È
strano »), elle est déchirée entre l’envie des
plaisirs frivoles et le désir d’un véritable amour.
Elle tente de se
persuader d’avoir fait le bon choix (« Sempre libera
»). Lorsque lui parviennent, par le balcon, les
paroles d’Alfredo qui s’éloigne (« Amor è palpito
dell'universo intero »), elle réaffirme son credo mais
il sonne faux.
Acte II
Violetta et Alfredo vivent retirés dans une maison de campagne et filent le parfait amour. Alfredo part pour Paris et Violetta reçoit un visiteur inattendu.
Depuis
trois mois déjà, Violetta et Alfredo vivent retirés
dans une maison de campagne (« De' miei bollenti
spiriti ») et filent le parfait amour. C’est alors
qu’Alfredo apprend par Annina, la domestique et
confidente de Violetta, que celle-ci vend ses biens
pour couvrir les frais de leur ménage. Blessé dans son
amour-propre et ne voulant pas être entretenu par une
femme, il part pour Paris tout arranger (« Oh mio
rimorso! oh infamial »).
Pendant son absence, Violetta reçoit un visiteur
inattendu : le père d’Alfredo, Giorgio Germont, qui
lui reproche de dilapider la fortune familiale avec
son impudent de fils. Violetta s’en défend et montre à
Germont l’acte de vente de ses biens. Rassuré sur ce
point, il la prie néanmoins de renoncer à son fils
parce que sa réputation douteuse met en péril le
mariage de la sœur d’Alfredo (« Pura siccome un angelo
Iddio mi die una figlia »).Violetta finit par céder à
condition qu’Alfredo sache quel sacrifice elle fait
par amour.
Revenu de Paris, Alfredo ne s’explique pas le
changement de comportement de sa maîtresse. Il se
rassérène lorsqu’elle l’assure de son amour. Peu
après, un messager lui porte la lettre d’adieu de
Violetta. Son père console de son mieux le fils dont
il vient de détruire le bonheur, et tente de le faire
revenir dans le giron familial (« Di Provenza il mar,
il suol »). Sur ce, Alfredo trouve sur la table de
Violetta une lettre de Flora invitant son amie à une
fête. Il s’y précipite.
La fête bat son plein. Alfredo joue aux cartes.
Violetta arrive avec le baron Douphol qui lui interdit
tout aparté avec Alfredo. Celui-ci ne cesse de gagner
et devient sarcastique : « Malheureux en amour,
heureux au jeu… ». Le baron est irrité à tel point
qu’il défie Alfredo au jeu – et perd une grosse somme
d’argent. Avant que la situation ne dégénère, les
invités sont conviés à passer à table.
Violetta supplie Alfredo de quitter la fête mais
refuse de partir avec lui. Pour tenir la promesse
donnée à Giorgio Germont, elle lui laisse croire
qu’elle aime le baron. Ivre de jalousie, Alfredo prend
les invités à témoin et fait un scandale. Il jette une
bourse aux pieds de Violetta pour la « payer en retour
» de ses services amoureux. Son père tente de le
protéger de la réprobation générale en faisant
semblant de le condamner (« Disprezzo degno sè stessa
rende chi pur nell'ira la donna offende »). Sur ces
entrefaites, Douphol provoque en duel un Alfredo
complètement désemparé.
Acte III
Dans sa chambre, seule et démunie, Violetta est mourante. Or elle reçoit une lettre qui annonce qu'Alfredo va venir pour implorer son pardon.
Paris. Dehors, le
carnaval bat son plein. Dans sa chambre, seule et démunie,
Violetta est mourante. Elle n’a d’autres visites que celle du
docteur Grenvil, qui vient tous les jours. Elle retrouve
quelques forces grâce à une lettre du père d’Alfredo, qu’elle
lit et relit : à la suite du duel avec le baron, Alfredo a fui
à l’étranger. Germont lui dit aussi qu’il a révélé à son fils
le sacrifice qu’elle a fait et que bientôt, il va venir
implorer son pardon.
Alors qu’elle perd tout espoir (« Addio del passato »), celui
qu’elle attendait si ardemment paraît enfin. Le rêve d’une
nouvelle idylle est de courte durée (« Parigi, o cara, noi
lasceremo »). Germont arrive dans les pas de son fils et, lui
aussi, demande pardon. Violetta remet à Alfredo un médaillon
avec son portrait, pour qu’il lui rappelle les jours passés
quand il épousera, après sa mort, « une jeune fille pure ».
Après un ultime spasme « Ah, je me sens revivre ! », elle
expire.