" On voit bien encore aux tessons ce que fut le pot."  Le Jeu de la feuillée

ADAM de la HALLE

dit aussi Adam le Bossu

 

vers 1240 - vers 1285

 

Biographie  œuvres  extrait(s)

Biographie

Arras, vers 1240 / Naples (?), vers 1285.1288, d'après son neveu Jean Madot, dans une copie du Roman de Troie, et d'après le Jeu du Pèlerin. (Pour F. Gégou : 1306. Il aurait alors assisté à l'adoubement du prince Édouard d'Angleterre cette même année. Hypothèse décriée.

 

Autres appellations : Adam le Bossu, le Bossu d'Arras. Était-il véritablement bossu ? En tout cas il le nie lui-même : "On m'apele Bochu, mais je ne le suie mie...". La plupart des critiques pensent que Bochu est un surnom donné à Adam, d'autres que son père Henri s'appelait véritablement Le Bossu, et fut surnommé de La Halle ou simplement Maître Adam.

 

Fils d'un Maître Henri le Bossu, il est employé l'échevinage d'Arras. Il aurait étudié à l'abbaye cistercienne de Vauchelles. 

Il devient assez jeune un des trouvères les plus appréciés d'Arras et semble avoir été partenaire de Jehan Bretel († 1272) qui le tenait en haute estime.

En 1272, tournant définitivement le dos à une carrière ecclésiastique,  il épouse une nommée Marie et s'installe à Douai en raison de difficultés avec la trésorerie d'Arras.

En 1274 il est de retour à Arras et crée Le Jeu de la feuillée.

Désirant poursuivre ses études il obtient une bourse pour étudier à Paris

Après des études à l'université de Paris, où il obtint le titre de Maître ès arts, il rentre au service du comte Robert d'Artois (1271), qu'il suit bientôt dans ses voyages en Italie. Il y entre au service de Charles d'Anjou, roi de Sicile (1283) ; c'est à la cour de celui-ci que sera créée son oeuvre la plus célèbre, le Jeu de Robin et Marion, exemple unique, avec un autre drame, le Jeu de la feuillée (v. 1276), d'un théâtre lyrique profane, genre en fait plus proche du théâtre parlé, avec quelques intermèdes musicaux (basés sur la pastourelle à refrain), mais dont la nouveauté vient de ce que la musique fait partie intégrante de l'intrigue. 

Le Jeu de la feuillée  met en scène Adam, le poète, vêtu en clerc, sa famille, ses voisins, et trois fées. Adam veut prendre congé pour aller faire ses études à Paris, mais se laisse entraîner à la taverne. Adam de la Halle mêle dans cette pièce le motif merveilleux du repas de fées, invitées sous la feuillée par les chrétiens, et le thème du congé, qui est traité sur un ton grinçant, dans un style vif et familier. Ce jeu riche et polysémique (la feuillée est à la fois la loge de verdure de la statue de la Vierge au marché d'Arras, et la "folie", très présente) est un théâtre vivant, mêlant satire et merveilleux, burlesque et quotidien.

On parle souvent du Jeu de Robin et Marion, qui a fait la gloire du plus fameux des trouvères, comme du premier opéra comique français, à cause du réalisme des personnages mis en scène.

 

Sources:

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/politique-artistique_1031/

musique_11415/galerie-compositeurs_12379/adam-halle_25699.html

www.goldbergweb.com/fr/history/composers/11091.php

http://www.chez.com/littmedievale/Lm008.htm

Lyrique et chansons

puce

Drames lyriques (le Jeu de Robin et Marion, le Jeu de la feuillée). 

puce

35 chansons, 14 rondeaux à trois voix. 

puce

Plusieurs motets. 

EXTRAITS

Chansons et motets

in Chansons d'amour courtois du Nord de la France (1175-1300). Ensemble Sequentia.

Jeu de Robin et Marion

Guy Robert, Ensemble Perceval. CD Arion, réf. ARN 68162.

http://virga.org/robin/

Le Jeu de Robin et Marion

 

Considéré comme l’œuvre maîtresse d’Adam de la Halle et comme le premier témoignage de théâtre musical européen, le Jeu de Robin et Marion est créé à la cour de Naples vers 1285. Il nous présente une Marion au corps gent, humble bergère de son état, quoique assez finaude, et ses rustres compères dont Robin et Gautier. Aubert, un chevalier en mal de séduction et fier du prestige que lui confère sa condition sociale, fait ici contraste avec les sentiments discrets et refrénés des chantres de l’amour courtois.

 La pièce est une adaptation théâtrale d’un genre lyrique alors très populaire, la pastourelle. Elle met en scène des personnages calqués sur la réalité et sur des situations vécues au quotidien, comme celle des paysans et des bergères sans défense, subissant les abus des soldats et des nobles. En opposant les discours pompeux et démodés du chevalier à la prose naïve et colorée des paysans, Adam de la Halle exploite avec humour ce sujet pourtant cruel : il n’en fallait pas plus pour en assurer le succès.

Le Jeu de la feuillée

Avant de quitter son pays, l'auteur donne libre cours à son ressentiment contre son père, sa femme et de nombreux citoyens d'Arras, en présence de trois belles fées assises sous une feuillée (tonnelle).

 

Théâtre : plongée dans le Moyen Age, au temps des fées, des fous et du premier théâtre profane

LE MONDE | 10.12.03

...Quand Adam de la Halle fait représenter en sa bonne ville d'Arras Li Jus de la fuellie, le 3 juin 1276, il a une petite trentaine d'années et il est un poète et un musicien reconnu, auteur de nombreuses pièces courtes (chansons, rondets, motets, rondeaux) et d'une œuvre théâtrale qui marque le passage, en douceur, du sacré au profane. Avec lui, finis les miracles et les mystères, purement religieux : c'est le "jeu" qui fait son apparition, un genre hybride, encore inspiré par la liturgie qui se gonfle d'éléments réalistes à caractère comique. Plus tard, cela donnera la sottie , la farce, et de celui de la moralité. mais on n'en est pas encore tout à fait là, en cette fin de XIIIe siècle.

 

LOGE DE VERDURE

 

Voilà pour le "jeu". Quant à la "feuillée", son sens est un peu touffu : elle est à la fois la branche de feuillage, l'enseigne de la taverne, qui implique tout un univers paillard mais symbolise plus profondément l'univers déchu de la fraude et de la dispute. Elle est aussi une loge de verdure, celle qui accueillait la statue de la Vierge au marché d'Arras, celle qui, dans l'imaginaire de ce temps-là, abritait les fées venues du paganisme, ou encore logeait la reine de Mai, célébrante de l'amour.
La feuillée, c'est aussi la folie (que l'on pouvait écrire fuellie), folie des hommes et des esprits, des pères et des femmes, des puissants et des clercs, et folie des fous eux-mêmes, c'est-à-dire des poètes, dans une vision pré - shakespearienne absolument réjouissante. Enfin, la feuillée, ce sont aussi les "feuillets" du livre - poème - pièce autobiographique qu'Adam de la Halle écrit pour ainsi dire sous nos yeux, dans l'espace de la représentation.

Plus concrètement, Le Jeu de la feuillée met en scène Adam lui-même, Adam qui part pour Paris, Adam qui ne part pas, et sa famille, ses voisins, trois fées. Et Arras, bien sûr, ville marchande, ville de bourgeoisie naissante, Arras dont Adam se sent prisonnier et dont il ne parvient pas à s'échapper. La pièce, très riche, subtile, ambiguë, mêle la satire et le merveilleux, le burlesque et le quotidien...

Fabienne Darge

 

Au XIIIe siècle, Arras était une ville très importante tant sur le plan économique que culturel, en particulier dans la seconde moitié du siècle. Elle tire sa prospérité du commerce du drap et de l'argent, malgré les condamnations de l'Église. Arras produisait des étoffes et des tapisseries célèbres dans toute l'Europe.

Le pouvoir est entre les mains d'une riche oligarchie marchande qui se réduit à quelques familles. Certains noms de ces familles figurent dans le Jeu de la Feuillée : Les Pouchins, les Wagon, les Lion sont de grands négociants qui règnent sur la ville. Beaucoup d'entre eux étaient « clercs », c'est-à-dire qu'ils appartenaient à l'Église, même à des ordres mineurs. Adam veut être clerc, mais au sens étroit de ce terme : clerc d'école, instruit, étudiant. Il y a dans la pièce un jeu sur mot : les bourgeois d'Arras étaient clercs, mais sans la moindre préoccupation intellectuelle ! Être clercs leur procurait des privilèges, mais cela pouvaient être gênant pour certaines activités considérées comme incompatibles avec la clergie. Ainsi par exemple, on ne pouvait pas être clercs et tavernier ; un clerc veuf n'avait pas le droit de se remarier ; un clerc célibataire ne pouvait pas épouser une veuve. Un veuf se remariant était considéré comme bigame. Cette question agitait beaucoup Arras au XIIIème siècle. Les Papes fulminaient contre les clercs bigames.

 

VOIR AUSSI : 

Contemporain(s)  :

 

Chronologie du Haut Moyen âge

 

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