Amiens

Au Moyen-Âge, les sculptures figurant les personnages bibliques, les saints apôtres, les démons, les anges, les archanges, etc. - rutilaient sous des teintes vives et réalistes. Au XVIIIe siècle, les couleurs passèrent de mode. Les prélats laissèrent les intempéries écailler les peintures. Les belles statues se ternirent sous l’accumulation de la poussière. Le nettoyage complet de la façade de la cathédrale d’Amiens, achevé fin 1999, a permis de redécouvrir des traces de couleurs vieilles de plusieurs siècles. «Et si l’on redonnait aux cathédrales leur aspect d’autrefois?», lancent aujourd’hui celles et ceux qui rêvent au retour des couleurs sur les statues. Amiens fut la première ville à passer du rêve aux actes en utilisant la technologie de la lumière.

Les codes de la couleur

Les pensées et les croyances des hommes du Moyen Age sont bien loin des nôtres et leur façon d'appréhender et d'utiliser les couleurs peut surprendre.
- Le bleu par exemple, était alors considéré comme une couleur chaude. L'Eglise a ainsi consigné les couleurs liturgiques au Concile de Nicée en 325.
- Le violet est défini comme la couleur de la prière (confirmation en 1215, au Concile de Latran IV).
- Le vert symbolise déjà la fertilité de la terre, la vie nouvelle et l'état de grâce.
- Le blanc, le baptême.
- Le rouge pourpre de l'Eglise byzantine désigne la passion du Christ et le supplice des martyrs. Il exprime également le feu et la foi. Lorsque se développe la dévotion envers Marie, celle-ci est ainsi habillée de bleu ciel et de rouge, parce qu'elle est reine du ciel et mère de Dieu.

Pourquoi la couleur ?

L'imaginaire des couleurs traduit sans aucun doute une symbolique. L'iconographie religieuse retient les nouvelles règles des couleurs. Le bleu devient l'attribut de la vierge au moment où la dévotion envers Marie se généralise. L'essor du bleu n'a pas été sans susciter de fortes réactions de la part des teinturiers du rouge et des marchands de garance : la concurrence fut si forte qu'en commandant des vitraux ils insistèrent parfois auprès des maîtres verriers pour qu'ils destinent le bleu au diable ou à l'enfer (signe de discrédit, mais pour nous, haut témoignage de la symbolique des couleurs au Moyen Age. Les gens du Moyen Age ont le goût des matières brillantes et des teintes éclatantes. Ils vénèrent la couleur, s'y réchauffent, s'y rassurent.
La question de la couleur s'associe à la théologie de la lumière qui s'épanouit parallèlement à la lente domestication de la lumière. Elle est donc divine. L'impact est d'autant plus grand que la lumière des lampes à huile est encore rare au Moyen Age et que le monde de la nuit est peuplé d'ombres menaçantes, de dangers, voire de créatures démoniaques. Face à ces peurs ancestrales et légitimes, mêlées de superstitions tenaces, les hommes se mettent en quête de la sécurité lumineuse et les architectes tentent alors de l'inscrire dans la pierre.

Voir aussi : La couleur dans l'art occidental

La façade occidentale illuminée

La polychromie des portails est restituée avec une proposition de recoloration

de la Galerie des Rois.

Le portail du Beau Dieu

Au centre de la façade occidentale, le portail du Beau Dieu présente, sur le trumeau

séparant les deux vantaux, une grande statue du Christ bénissant la foule, représentation

célèbre sous le nom de "Beau Dieu". Le portail était, à l'époque, coloré.

Le Beau Dieu

Le portail central est dédié au Sauveur. Le trumeau porte la célèbre statue du Christ

bénissant, dite du "Beau Dieu". Ses traits idéalisés reflètent une grande sérénité.

Le "Beau Dieu" regarde loin devant lui comme s'il voulait d'un seul coup d'oeil embrasser

toute la chrétienté.

Le prophète Jérémie

Dans le portail du "Beau Dieu", aux côtés des apôtres, se dressent de part et d'autre

du Christ les quatre grands prophètes. Le prophète Jérémie est à gauche du Christ,

à côté du prophète Isaïe.

Marmouset

Portail du "Beau Dieu", cul-de-lampe sous l'apôtre Thomas, marmouset. La tradition y voit "le picard" (personnage armé d'une pique).

Élisabeth

Dans le portail de la Mère Dieu, se trouvent de part et d'autre de la Vierge des statues se rapportant à l'histoire de Marie, Mère de Dieu. Elisabeth représente la Visitation. Elisabeth se tourne sur sa droite, vers la Vierge.

Le roi Salomon

Situé dans le portail de la Mère Dieu, le roi Salomon conte l'histoire de la Vierge. La statue de Salomon contraste, par sa prestance, avec celle de la reine de Saba.

La reine de Saba

Située dans le portail de la Mère Dieu, la reine de Saba conte l'histoire de la Vierge.

Elle a ôté la couronne ornée de pierreries qu'elle tient dans la main droite,

en signe de déférence. Elle est tournée vers le personnage placé à sa gauche, Salomon.

La Vierge du Trumeau

Au trumeau se trouve la statue de la Vierge présentant l'Enfant Jésus dont la tête et la main droite sont des restaurations modernes. Elle est certainement l'oeuvre la plus populaire des portails de la cathédrale. La Vierge est vêtue d'une robe parcourue de nombreux plis verticaux qui s'écrasent sur ses pieds.

Les apôtres et les grands prophètes

Les apôtres et les grands prophètes sont situés dans le portail du "Beau Dieu"

de part et d'autre du Christ.

ST. Firmin et les saints du diocèse

Installée au trumeau central, la statue de Saint-Firmin accueille les visiteurs. De part et d'autre du premier évêque d'Amiens se dressent les saints dont les corps se trouvaient dans la cathédrale.

Saint Firmin

La statue de Saint-Firmin est installée au trumeau central. Saint-Firmin est le premier évêque d'Amiens. Le saint est représenté en évêque et porte tous les habits de sa fonction. Saint-Firmin lève le bras droit pour bénir de sa main gantée, dégageant ainsi les manches larges de la dalmatique.

Les saints picards

Les Saints picards sont situés dans le portail de Saint-Firmin.

Voir aussi:

Restitution virtuelle des sculptures et de leur polychromie médiévale

http://perso.wanadoo.fr/artgp/amiens/indexamiens.html