LE METRO DE LONDRES A 150 ANS


Le tout premier métro, bien avant Paris (1900), Berlin (1902) et New York (1904), est inauguré à Londres à 6 heures du matin le 10 janvier 1863. Durant cette première journée, le « London Metropolitan » transportera près de 30.000  passagers.
 
Imaginé par Charles Pearson, sa construction fut décidée par la municipalité Londonienne pour régler les problèmes importants de circulation que connaissait la métropole qui comptait alors 2,5 millions d’habitants sur 90 km².  Les travaux du chemin de fer métropolitain de Londres, le premier au monde, commencèrent en 1853. Dix ans plus tard, l'Inner Circle, dont les deux extrémités (Bishop's Gate et Mansion House) sont situées dans la City, était achevé.  La ligne longue de 4 miles (6,5 kilomètres) permet de rallier Farringdon street à Paddington.  Malgré les problèmes d'aération évidents, il fonctionne à la vapeur.
En 1890, pour palier aux problèmes d'aération, la première ligne électrique fut inaugurée. Toutes les lignes du métro de Londres furent électrifiées entre 1890 et 1900.
"Se déplacer en-dessous des cimetières".

1862 Voyage d'essai.
Le Daily News résume l'euphorie ambiante: "Pour la première fois dans l'histoire du monde, des hommes peuvent se déplacer dans des wagons agréables [...] en-dessous des cimetières." Le plafond des wagons est "si haut qu'un homme de 1,80 mètre peut rester debout avec son chapeau sur la tête", s'enthousiasme l'un des premiers passagers, William Hardman.
Cette première ligne de métro, destinée à décongestionner la plus grande capitale du monde de l'époque, encombrée de charrettes et de diligences, assure la liaison entre la gare ferroviaire de Paddington et Farringdon, le quartier des affaires. Distance totale: 4,8 km. Nombre de stations : 7.

"Le symbole de Londres"

Un siècle et demi plus tard, "le "tube" couvre 402 km, dessert 274 stations (dont certaines fermées dites fantômes) et transporte 1,1 milliard de passagers par an.
Reconnaissance suprême de son succès: "le symbole du "tube" - un cercle rouge traversé d'une barre horizontale bleue - est devenu le symbole de Londres. Tout comme le plan du métro... malgré sa représentation erronée de la réalité.
Le "tube" est à ce point incontournable que l'espion 007, pourtant plus friand des bolides que des transports en commun, l'emprunte dans Skyfall, le dernier James Bond !

Guerre et attentats

Le métro vit au rythme des grands moments de la capitale britannique. Pendant le Blitz, quelque 175 000 Londoniens trouvent refuge chaque nuit dans ses entrailles, parfois à plus de 50 mètres de profondeur. Des infirmeries sont installées dans les stations, et pour éviter le chaos, des lignes blanches sont peintes sur les quais pour délimiter l'espace alloué aux passagers et celui réservé aux personnes venues se mettre à l'abri.
Cinquante ans plus tard, le 7 juillet 2005, le "tube" est le théâtre d'attentats sanglants: à l'heure de pointe, des bombes explosent sur trois lignes de métro et un bus, faisant 56 morts.

Relation d'amour-haine avec le métro

Mais de ses débuts à nos jours, la popularité du métro ne s'est pas démentie. Il y a une relation amour-haine entre les Londoniens et le tube.
Tous se plaignent du métro à cause de ses pannes, retards et prix exorbitants (144€ le coupon mensuel pour le centre de Londres), mais tous en ont besoin.
Faute d'un manque criant d'investissements pendant des décennies, le métro, ce "monstre sclérosé", comme l'appelle le Daily Telegraph, peine à répondre à la croissance exponentielle du trafic.

Le "tube" en travaux jusqu'en 2020

Un incendie monstre, qui fait 31 morts en 1987 à la station King's Cross, a cependant servi de sonnette d'alarme.
À partir des années 1990, le gouvernement a réinvesti progressivement dans le métro.  Un  programme colossal de rénovation a été entamé en 2003. Il doit se poursuivre jusqu'en 2020 pour la bagatelle d'1,4 milliard de livres par an (1,7 milliard d'euros).
Revers de la médaille, des lignes sont fermées le week-end pour travaux, et se déplacer tourne alors au casse-tête.

Le "tube" en chiffres

- Le métro compte 274 stations.
- Le trajet le plus court est de 300 mètres, entre Leicester Square et Covent Garden.
- Le billet coûte 5,50€ (2013).  Un prix au kilomètre plus élevé que sur l'Orient Express.
- Le trajet le plus long sans changer de ligne est de 54,9 km, entre West Ruislip et Epping, sur la Central Line (rouge).
- Le réseau du métro couvre 402 km et transporte quelque 1,1 milliard de passagers par an.
- La station Angel détient le record de l'escalator le plus profond d'Europe de l'Ouest: il s'enfonce à 60 mètres sous terre.
- Le métro de Londres effectue l'équivalent de 90 allers-retours de la Terre à la Lune chaque année.
- Quelque 175 000 Londoniens dorment dans le métro chaque nuit au début de la Seconde Guerre mondiale pour se protéger des bombardements, en plein Blitz.
- Le plan du métro londonien dessiné par Harry Beck et devenu un symbole incontournable de Londres est imprimé pour la première fois en 1933.
- Le métro a été utilisé pour transporter le cercueil du Premier ministre William Ewart Gladstone en 1898.
- En 1969, la reine Elizabeth II, en manteau de vison et coiffe assortie, a emprunté le métro pour la première fois de son règne, à l'occasion de l'inau)guration de la ligne... Victoria.
- On estime qu'un demi-million de souris y ont élu domicile.