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2004-2005

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N°3 novembre 2004  

 

 

Le 11 novembre 1918,

 

à 11 heures,  les cloches sonnent à la volée.  Au front, les clairons bondissent sur les parapets et sonnent le «Cessez-le-Feu».  Pour la première fois depuis quatre ans, alliés et Allemands peuvent se regarder sans s'entretuer.  Un armistice a été conclu le matin entre les Alliés et l'Allemagne, dernière des Puissances Centrales à rendre les armes.
L'armistice laisse derrière lui huit millions de morts et six millions de mutilés. Les survivants veulent croire que cette guerre qui s'achève restera la dernière de l'Histoire, la «der des der»... 

 Défaite inéluctable de l'Allemagne

Les Puissances Centrales se délitent

Un armistice mal accepté

Amertume des vaincus

Les séquelles de la Grande Guerre

La paix trahie

Le prix de la guerre

Grippe espagnole

Voir aussi: les peintres devant la Première Guerre mondiale

Quatre exemples

 

 

Défaite inéluctable de l'Allemagne

Dès l'échec de leur contre-offensive de juillet 1918, les Allemands ont compris qu'ils n'avaient plus aucun espoir d'arracher la victoire.
Les troupes étasuniennes, potentiellement fortes de quatre millions d'hommes, arrivent en renfort des Anglais et des Français.
La 1ère armée étasunienne du général John Pershing lance sa première offensive à Saint-Mihiel, près de Verdun, le 12 septembre 1918. Ce tardif engagement suffit à convaincre les Allemands de leur infériorité.
Les Alliés mettent aussi en ligne en nombre croissant des chars blindés («tanks») qui ont raison des barbelés qui protègent les tranchées allemandes.
Le 28 septembre 1918, le quartier-maître général Erich Ludendorff, chef des armées allemandes et véritable maître du pays, apprend que ses alliés bulgares s'apprêtent à signer un armistice.
Au quartier général allemand de Spa, en Belgique, Ludendorff, abattu, a un entretien dramatique avec l'empereur Guillaume II. Il lui révèle que la situation militaire est désespérée et que l'armistice est devenu inévitable.  Le 3 octobre, enfin convaincu de l'inéluctabilité de la défaite, l'empereur Guillaume II nomme chancelier le prince Max de Bade, un modéré dont il espère qu'il saura obtenir des conditions de paix modérées de la part des Alliés.
Le nouveau chef du gouvernement en appelle aussitôt au président étasunien Wilson. Mais celui-ci refuse toute négociation avec l'empereur comme avec les militaires. Il en appelle à l'avènement d'un régime démocratique à Berlin. Le 26 octobre, Guillaume II, ne sachant que faire, demande et obtient la démission de Ludendorff.

Les Puissances Centrales se délitent

L'Allemagne bascule dans l'anarchie et la guerre civile.
Le 3 novembre, dans le port de Kiel, les marins de la flotte de guerre refusent d'aller à nouveau au combat. Ils se mutinent et entraînent les ouvriers de la ville. La contagion révolutionnaire se répand à Hanovre, Cologne et Brunswick.
A Munich, le 7 novembre, un socialiste, Kurt Eisner, dépose le roi de Bavière et installe un Conseil ouvrier. La Bavière menace de faire sécession !
Entre-temps, l'un après l'autre, les alliés de l'Allemagne cessent les combats et signent des armistices (l'armistice est un arrêt des combats dans l'attente d'un traité de paix en bonne et due forme).
Les Bulgares, bousculés par l'armée du général Louis Franchet d'Esperey, signent un armistice dès le 29 septembre. Le 30 octobre, c'est le tour des Turcs. Ils signent à Moudros, sur l'île de Lemnos, en mer Egée, un armistice avec les Britanniques (ces derniers négligent d'associer les Français à la signature).
De l'Autriche-Hongrie se séparent les Tchécoslovaques le 28 octobre et les Hongrois le 1er novembre. L'empire croupion de Charles 1er signe le 3 novembre à Villa Giusti un armistice avec l'Italie après que celle-ci eut réussi une percée victorieuse à Vittorio-Veneto.
Le 9 novembre au matin, la contagion révolutionnaire gagne Berlin. Une émeute éclate à l'instigation des spartakistes, un groupe très actif de militants marxistes-léninistes conduit par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.
Le prince Max de Bade téléphone à l'empereur, à Spa. «Votre abdication est devenue nécessaire pour sauver l'Allemagne de la guerre civile», lui dit-il. Comme ses propres généraux plaident aussi en faveur de l'abdication, Guillaume II s'y résout enfin.
L'ancien empereur part en exil aux Pays-Bas. Ses six fils jurent de ne lui succéder en aucun cas.  A Berlin, le même jour, le prince Max de Bade cède la chancellerie au leader social-démocrate Friedrich Ebert tandis que, dans une atmosphère révolutionnaire, un autre chef social-démocrate, Philipp Scheidemann, proclame la République.

Un armistice mal accepté

Les militaires s'étant défaussés, c'est à un civil, Matthias Erzberger, que revient la pénible tâche de négocier l'armistice (cela lui vaudra d'être assassiné par les nationalistes allemands le 26 août 1921).
Les négociateurs n'ont pas attendu la démission de l'empereur pour négocier l'arrêt des combats. Partis de Spa le 7 novembre à midi, ils ont franchi les lignes ennemies avec un drapeau blanc et sont arrivés à La-Capelle-en-Thiérache (Aisne) le soir même.
En France, leur demande d'armistice fait débat. Le président de la République Raymon Poincaré et le général Philippe Pétain voudraient profiter de l'avantage militaire pour chasser les Allemands de Belgique, envahir l'Allemagne elle-même et signifier à celle-ci l'étendue de sa défaite.
Mais le généralissime des troupes alliées, Ferdinand Foch, et le chef du gouvernement, Georges Clemenceau, ne l'entendent pas de cette oreille.
Ils ne croient pas l'armée française capable de se battre encore longtemps et souhaitent en  finir au plus vite. Ils craignent aussi qu'à trop tarder, l'Allemagne ne devienne comme la Russie la proie des révolutionnaires bolcheviques.
L'armistice est signé dans le wagon spécial du généralissime Foch, au carrefour de Rethondes, au milieu de la forêt de Compiègne, le 11 novembre à 5h15 du matin.
La délégation allemande est conduite par Matthias Erzberger, le général von Winterfeldt et le capitaine de vaisseau Vanselow. Lui font face dans le wagon l'amiral Sir Rosslyn Wemyss, Premier Lord de l'Amirauté britannique, et le maréchal Ferdinand Foch. Le général Maxime Weygand assiste les deux plénipotentiaires alliés.  Au lieu des «propositions » qu'ils attendent, les Allemands, «à la merci des vainqueurs » selon Foch, se voient soumettre des «conditions ». Aucune marge de négociation ne leur est laissée !
Ils se voient imposer la livraison de 5000 canons, 25000 mitrailleuses, 1700 avions, de leurs sous-marins et de leur flotte de guerre (celle-ci se sabordera dans la rade britannique de Scapa Flow)...  L'armée allemande est sommée d'évacuer sous quinze jours les territoires envahis ainsi que l'Alsace-Lorraine, et sous 30 jours la rive gauche du Rhin et trois têtes de pont sur la rive droite, Coblence, Cologne et Mayence. L'armistice est conclu pour 36 jours mais sera régulièrement renouvelé jusqu'au traité de paix du 28 juin 1919.

Amertume des vaincus

Pour les alliés, l’anniversaire de l'armistice  ne tarde pas à devenir une commémoration essentielle de la vie nationale, avec dépôt de gerbes devant les monuments aux morts de chaque village et sur la tombe du Soldat inconnu, au pied de la Colonne du Congrès, à Bruxelles.  Rien de tel en Allemagne où les citoyens notent avec consternation que leur pays n'a pas été envahi et que leurs armées ne se sont pas effondrées.
La demande d'armistice étant venue des représentants civils et non militaires de l'Allemagne, ces derniers échappent à l'infamie de la défaite. À Berlin, les représentants de la jeune République accueillent les combattants en ces termes : «Soldats qui revenez invaincus,…»  Dans les mois qui suivent l'armistice, Ludendorff et Hindenburg attribuent avec aplomb la défaite militaire à un «coup de poignard dans le dos» de la part des politiciens et des bourgeois cosmopolites.  L'expression est reprise avec ferveur par les Allemands meurtris et humiliés. Elle va faire le lit des partis ultra nationalistes, dont le parti nazi.

 Les séquelles de la Grande Guerre

La Grande Guerre a hélas mérité son nom. Elle a ruiné l'Europe. 

 

La paix trahie

Le traité de paix signé le 28 juin 1919 avec les plénipotentiaires allemands dans la Galerie des Glaces du château de Versailles prend acte de la fin des monarchies en Allemagne et de l'établissement d'un régime républicain décentralisé.
Il impose à Berlin une réduction de son armée à 100.000 hommes seulement et des réparations financières colossales que le vaincu est bien incapable de fournir.
L'Alsace et la Lorraine du nord font retour à la France. La Pologne est reconstituée sur le dos de l'Allemagne et de la Russie communiste, de même que d'autres petits États : Finlande, Lituanie, Lettonie, Estonie.
L'Autriche-Hongrie laisse place à une petite république autrichienne germanophone, à laquelle il est expressément interdit de s'unir à l'Allemagne, ainsi qu'à une Hongrie indépendante et à une Tchécoslovaquie enclavée en Allemagne.
La Serbie s'agrandit de provinces autrichiennes et devient Yougoslavie... L'Italie, amère, reproche aux Alliés de ne pas avoir récompensé son entrée dans la guerre (au demeurant peu efficace) par des concessions territoriales aussi étendues que prévue.  L'empire ottoman, qui ne possédait plus en Europe que sa capitale, Istanbul, et son arrière-pays, perd ses possessions arabophones : Syrie, Irak, Liban et Palestine. La Turquie proprement dite, peuplée majoritairement de Turcs, est sauvée de la disparition grâce à la poigne d'un général, Moustafa Kémal.
Au total, pas moins de quatre empires sont rayés de la carte : Allemagne, Autriche-Hongrie, Russie et Turquie. Les petits États qui prennent leur place apparaissent aussi chétifs que vindicatifs.

Aussi de nouveaux conflits sont-ils en germe dans les traités de paix ainsi que l'a fort bien montré l'historien Jacques Bainville, dès 1920, dans Les conséquences politiques de la paix.

Le prix de la guerre
Avec la Grande Guerre, pour la première fois dans l'Histoire de l'humanité, des peuples entiers ont été entraînés au combat par des généraux peu soucieux du sang versé.
Le conflit a connu les excès habituels à toutes les guerres : viols et assassinats de civils. Mais il s'est signalé aussi par la disparition du code de l'honneur habituel aux guerres européennes. C'est ainsi que l'on n'a pas hésité à bombarder des ambulances et achever des blessés. Il n'a plus été question de trêves comme par le passé pour ramasser les blessés.
52 mois de guerre totale se soldent par un bilan humain catastrophique pour l'Europe.
La Grande Guerre aura mobilisé un total de 65 millions d'hommes et fait plus de 8 millions de morts au combat, dont :
- 1,8 millions Allemands,
- 1,7 millions Russes,
- 1,4 millions Français (dont 100.000 «poilus des colonies»),
- 1,2 million Austro-Hongrois,
- 908.000 Britanniques,
- 650.000 Italiens,
- 335.000 Roumains,
- 325.000 Turcs,
- 117.000 Étasuniens,
- 88.000 Bulgares,
- 45.000 Serbes,...
À ces morts au combat s'ajoutent 6,6 millions de victimes civiles et plus de 20 millions de blessés.
La France du nord et de l'Est, où se sont déroulées les principales batailles, est ravagée et se remet difficilement de ses ruines. Beaucoup de villages, dans toutes les régions du pays, ne vont quant à eux jamais se remettre de la mort au combat de nombre de leurs garçons et de la condamnation au célibat de nombreuses jeunes filles (les «veuves blanches»).
À noter les progrès de l'armement avec l'apparition des chars blindés et de l'aviation de guerre, ainsi que les progrès de la chirurgie réparatrice, mise au défi de soulager les «gueules cassées» (les mutilés du visage, au nombre de 15.000 rien qu’en France).  L'incorporation des hommes valides a amené beaucoup de femmes à occuper les postes vacants dans les usines, favorisant de ce fait leur émancipation (dès l'époque de la guerre, on voit apparaître dans les quartiers bourgeois une nouvelle figure féminine : la «garçonne»).

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Grippe espagnole

 

Les réjouissances consécutives à l'arrêt des combats sont contrariées par une épidémie surprenante et très mortelle.
Pendant deux ans, en 1918 et 1919, un virus mystérieux se répand en Asie d'abord puis dans le reste du monde. Des familles entières sont décimées...
L'épidémie provoque au total pas moins de... 21 millions de morts, soit deux fois plus que la Grande Guerre; les trois quarts des victimes se situant en Asie. Appelé «influenza» par les Anglo-Saxons et «grippe espagnole» par les Français, le virus n'a été identifié qu'à la fin du XXe siècle comme étant une variante particulièrement agressive du virus de la grippe.  La grippe espagnole s'est soldée par une addition de drames individuels sans répercussions notables sur la vie politique et sociale.
L'une des victimes les plus célèbres en fut le poète Guillaume Apollinaire, mort le 9 novembre 1918, à 38 ans. Deux ans plus tôt, dans les tranchées, il avait été gravement blessé à la tempe.

Sources : 

http://www.herodote.net

http://www.historial.org/fr/home.htm

Photographies :

http://bac.d.free.fr/guerre_14_18/album_1.htm

Ce site présente un ensemble de photographies de la première guerre mondiale. Les clichés sont réalisés pour la plupart sur les zones de conflits, principalement dans les départements de la Marne et de la Somme.

Peintures :

La couleur des larmes. Les peintres devant la Première Guerre mondiale

http://www.art-ww1.com/fr/visite.html