Ancienne
bourgade gauloise, Issoire fut le théâtre - au IIIème siècle
- du martyre
du
premier apôtre et évêque d'Auvergne auquel est dédiée l'église
Saint-Austremoine.
L'abbatiale, édifiée au XIIème siècle, appartenait à un
monastère bénédictin.
C'est
la plus vaste et la plus richement décorée extérieurement des
cinq églises majeures
auvergnates.
Les formes du style roman auvergnat sont ici épanouies.
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Plus
franchement que dans les autres églises auvergnates, on retrouve
partout des formes
géométriques
pures :
- cylindre (chapelles),
- demi-cercles (fenêtres et arcatures),
- rectangle (niches à colonnettes),
- triangle (frontons),
- tronc de cône (toitures).
Le soin apporté à la décoration du chevet apporte une note délicate
à cette rigueur
géométrique
de l'ordonnance. Le fronton du choeur est décoré par une frise
de rosaces surmontée d'un quintuple cordon de triangles, ces décorations
étant obtenues par alternance de pierres claires (arkose blonde
de Montpeyroux) et sombres (lave de Volvic).
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Un
cordon de billettes court tout au long des fenêtres des
absidioles, à l'étage inférieur.
Des modillons à copeaux supportent toutes les toitures.
Élément ornemental spécifique de Saint-Austremoine, les douze
signes du zodiaque - symbole de l'ordre et de la complexité de
l'univers - sont déployés en couronne tout autour des chapelles
rayonnantes.
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Détail
du chevet |
L'intérieur
de l'édifice:
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La
particularité de l'église Saint-Austremoine réside dans la
polychromie intérieure, restituée lors des restaurations du siècle
dernier: toute une palette chaude de rouge sourd, d'ocre et d'or qui
semble empruntée à l'Orient.
Ces peintures surprenantes, voire même contestables, reflètent
cependant fidèlement l'époque romane pendant laquelle les églises étaient
peintes.
La nef est la plus large de toutes les nefs romanes d'Auvergne.
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Elle
est composée de sept travées dont les arcades du rez-de-chaussée
sont relativement
étroites,
mais très hautes.
A l'étage, les tribunes sont soulignées par des baies triples -
parfois jumelées - percées
dans
les murs même de la nef.
Particularité unique dans les édifices romans auvergnats, le
berceau central n'est pas
constitué
d'un arc en plein cintre, mais d'un arc légèrement brisé.
Les bas-côtés sont d'une très grande beauté, très larges,
haut d'environ dix mètres et
abondamment
éclairées par les fenêtres des murs latéraux.
Le choeur est constitué d'une travée droite voûtée et d'un hémicycle
entouré de huit
colonnes
dont quatre sont surmontées de chapiteaux historiés, les quatre
autres de chapiteaux à feuillages.
Cinq chapelles rayonnantes s'ouvrent sur le déambulatoire de
magnifique ampleur.
La
chapelle se trouvant dans l'axe de l'église est de plan carré.
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Chapiteau
(La Cène)
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Les
quatre chapiteaux historiés du choeur retracent le cycle
liturgique de Paques, du Jeudi Saint au Dimanche de la Résurrection
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celui
du Nord - le plus remarquable du programme - est entièrement dédié à
la représentation de la Cène,
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celui
du Sud retrace deux épisodes de la Passion : la Flagellation et
le Port de la croix,
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les
deux autres, au centre, racontent les événements du jour de
Paques : la visite des Saintes Femmes au tombeau du Christ et
diverses apparitions du Christ ressuscité.
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Chapiteau
(Temple de Jerusalem) |
Deux
escaliers, de part et d'autre de la croisée
du transept permettent d'accéder à
une crypte de toute beauté.
Huit piliers trapus supportent les colonnes de l'hémicycle; autour
d'eux circule un déambulatoire. Quatre piliers supplémentaires,
disposés en carré au centre, supportent le pavé du sanctuaire.
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Châsse
de Saint-Austremoine |
Entre
les escaliers, trois niches rectangulaires constituent le "martyrium"
destiné à recevoir les reliques possédées par l'église. Dans
l'une de ces niches a été placée une petite châsse, en émaux champlevés
de Limoges, contenant des reliques de Saint-Austremoine, patron de l'église.
Sur cette châsse, d'excellente facture, on remarque la représentation
de :
- la visite des Saintes Femmes au tombeau
du Christ,
- l'apparition du Christ à Marie-Madeleine.
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