La semaine des cultures oubliées

Zoos humains

“Défense de donner à manger aux indigènes"

 

 

Autour de 1900, nos grands-parents et arrière-grands-parents se sont précipités pour voir d’authentiques “sauvages” montrés comme des bêtes de foire.

Dès la fin du XIXe siècle, Nubiens, Lapons, Peaux-Rouges et nains (présentés comme des Lilliputiens) sont exhibés en cage lors des expositions universelles ou coloniales d’Europe ou des États-Unis, dans de prétendues reconstitutions de villages indigènes. Ces mises en scène racistes, vues par des millions d’Occidentaux avides de sensations fortes et de corps féminins dénudés, ont un succès phénoménal. Hommes d’affaires, anthropologues, représentants du lobby colonial, trouvent leur compte dans cette présentation dégradante du “sauvage” monstrueux et barbare. Véhicules de la propagande colonialiste, ces zoos humains servent aussi à construire une identité collective en opposition au référent négatif de l’étranger primitif…

 

http://www.arte.tv/fr/connaissance-decouverte/Peuplespremiers/1099456.html

 

L’exposition des êtres humains débuta vraisemblablement en 1869 aux USA à l’initiative de T. Barnum. Il exposa dans tous les États-unis la vieille Joice Heth, d’origine africaine, qu’il disait être âgée de 160 ans et avoir été la nourrice de... Georges Washington.

Devenu célèbre, Barnum installe à New York,au coin de Ann Street et de Broadway, le "Barnum's Museum” où il exhibe des “indigènes”, des “bons sauvages” et des “primitifs” à la curiosité des millions de visiteurs enchantés.

 

 

 Vue extérieure du Barnum Museum, "Entrée Broadway"
 

Dès 1874, c’est le tour de l’Allemagne avec Carl Hagenbeck revendeur d’animaux sauvages et futur promoteur des plus grands zoos européens. En 1876, il fit venir du Soudan des “animaux et des Nubiens” qu’il exposa dans toute l’Europe et notamment à Berlin, à Londres et à Paris. Son succès est vraisemblablement à l'origine de la construction d’un “village nègre” animé par 400 figurants “indigènes” lors des expositions universelles de Paris en 1878 et 1889.

Suivra celle de 1900 à Paris avec... cinquante millions de visiteurs ! Il y a eu Marseille en 1906 et 1922 puis à nouveau Paris en 1907 et 1931 avec trente trois millions cinq cent mille visiteurs.

Il y eu en 1899 le Royaume Uni et l’exhibition, entre autres, du “Kaffir kraal” où des noirs mélangés aux tortues géantes furent livrés à la curiosité des sujets de la couronne. On peut signaler les cas de l’Italie, de l’Espagne, du Portugal, du Japon et de la Belgique où l’exposition universelle de 1897 et 1958 montra des “bons sauvages congolais” (voir ci-dessous).

 

Bruxelles 1897

 

À l’occasion de l’Exposition universelle de 1897, Léopold II  fit construire dans le domaine royal de Tervuren le "Palais des colonies" conçu par l'architecte belge Georges Hobé dans le style art nouveau de l’époque. Il était à l’origine destiné à éveiller l’intérêt et la curiosité du peuple belge pour ce qui était à l’époque l'« État indépendant du Congo » (1884 à 1908). L’exposition temporaire qui y fut aménagée faisait la part belle à côté des "curiosités" du Congo, animaux empaillés et objets d’intérêt ethnographique, aux produits d’exportation : le café, le cacao, le tabac et les essences forestières. Dans le parc parmi d’autres "attractions" plusieurs dizaines de Congolais logés dans des villages africains reconstitués étaient offerts aux regards des visiteurs. Sept d’entre eux y moururent de maladies ou de froid.

 

Bruxelles 1958

 

Le « Village Congolais »,, reconstitué au pied de l'Atomium, montrait derrière une palissade,  des natifs d’Afrique, avec huttes, animaux de brousse empaillés, chansons sous la houlette de missionnaires, Il ne suscita la polémique qu'au bout de quelques semaines, lorsque certains s'émurent de voir que l'on jetait des cacahuètes et des bananes aux familles indigènes qui y vivaient.

 

Voir aussi :

http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/BANCEL/14145

http://fr.wikipedia.org/wiki/Zoos_humains